B I A X X X I V - juillet/décembre 2006 20VII - CONFÉRENCES & COLLOQUES En bref Le Conseil Suprême des Antiquités (CSA) participera au congrès international sur les Antiquités byzantines qui se tiendra à Salonique du 3 au 6 novembre 2006. Ce congrès discutera les études scientifiques les plus récentes ainsi que les problèmes posés par la restauration et la préservation des Antiquités byzantines sur le plan international. Le secrétaire général du CSA, Dr Zâhî Hawwâs, a chargé le directeur du Musée gréco-romain, Ahmad ’Abd al-Fattâh, de représenter l’Égypte lors de cette rencontre. Il présentera un papier portant sur les efforts déployés par le CSA pour la découverte, la restauration et la préservation des Antiquités byzantines. (Ragab Ramadân, « L’Égypte participe à un congrès sur les monuments byzantins en Grèce », al-Masrî al-Yawm du 28 octobre 2006). - - Pour fêter les cinq cents ans de la fondation de son musée, le Vatican a organisé un congrès auquel ont assisté les directeurs des plus grands musées internationaux. Le directeur général du Musée Égyptien, Dr Wafâ’ al-Siddîq, a participé à ce congrès en tant que représentante des musées égyptiens et africains. Elle a présenté une communication sur le rôle joué par le Musée Égyptien. Elle a souligné que le congrès a discuté la mission des musées au service du dialogue des civilisations et la confirmation de leur rôle culturel et humaniste. Ce congrès, organisé sous la houlette du Pape, a formulé un certain nombre de recommandations. La plus importante est de faire de la prochaine décennie la décennie des musées qui devront jouer un plus grand rôle pour favoriser le dialogue des civilisations, des cultures et des religions. (« Wafâ’ alSiddîq : le dialogue des civilisations commence dans les musées », al-Akhbâr du 18 décembre 2006). - Égypte A l e x a d r i e Bibliotheca Alexandrina : Le bain collectif en Égypte. Origine, évolution et actualité des pratiques Le bain collectif en Égypte. Origine, évolution et actualité des pratiques, tel était le thème du premier colloque international Balnéorient qui s’est déroulé en Alexandrie. Le but de cette initiative : produire une synthèse sur cet art de vivre au Proche-Orient. Cette manifestation internationale qui traitait de manière diachronique la question du bain collectif en Égypte, des installations antiques aux hammâm-s C O F É R E C E S & C O L L O Q U E S BIA XXXIII - janvier/juin 2006 20modernes, a surtout mis l’accent sur les bains d’Alexandrie. La rencontre, organisée sur quatre jours du 1er au 4 décembre 2006, a été ainsi abritée par la Bibliotheca Alexandrina. Une trentaine de spécialistes des bains de l’époque antique à l’époque contemporaine de différentes nationalités ont présenté leurs recherches. « Nous sommes plusieurs personnes à travailler sur des sites dans lesquels il y avait des bains. On travaille sur l’histoire des bains depuis l’Antiquité parce que les bains collectifs n’existaient pas en tradition égyptienne. Ce sont surtout les Grecs qui les ont introduits et puis la tradition va durer avec les Romains. Ensuite, toutes les sociétés vont les garder en les adaptant. Ce ne sont pas les mêmes sortes de bains, mais ça va être gardé », souligne Marie-Françoise BOUSSAC, professeur des Universités, HiSoMA - Maison de l’Orient et de la Méditerranée (CNRS-Lyon 2 Lumière), qui est également organisatrice et membre du comité scientifique de Balnéorient. Le groupe des chercheurs du projet Balnéorient se compose donc de spécialistes de l’époque gréco-romaine, de l’époque ottomane, de l’islam médiéval, etc. Ceux-ci ont fait le point sur les données archéologiques issues des fouilles les plus récentes effectuées dans de différents sites archéologiques égyptiens, mais aussi sur les données textuelles et iconographiques. Cette première rencontre est ainsi l’occasion de tester la constitution d’un index et la mise en place d’un corpus d’édifices concernant l’Égypte qui offre en fait un terrain privilégié pour l’étude de ces questions : de nombreuses recherches de terrain et études documentaires, souvent inédites, renouvellent les perspectives et permettent de faire un premier bilan. « L’Égypte est certainement la région qui permet le mieux d’analyser la pratique du bain collectif sur la durée, depuis son adoption à l’époque hellénistique jusqu’à sa désaffection actuelle, en soulignant les évolutions et en isolant les époques charnières », explique Marie-Françoise BOUSSAC. Centré sur l’Égypte, ce colloque se veut donc avant tout une approche diachronique de la pratique du bain collectif dans un cadre régional. Il se propose dans un premier temps de dresser un inventaire des bâtiments de bains attestés en Égypte. On s’apercevra ainsi de l’enrichissement considérable de la documentation, mais aussi du renouvellement des problématiques qu’entraîne le réexamen de bâtiments anciennement connus : bains à cuves plates de type grec de Taposiris, hammâm-s du Caire ou d’Alexandrie. Un second objectif est d’inscrire des analyses architecturales, des études archéologiques et des enquêtes textuelles, dans une perspective d’histoire des mentalités. Il s’agit d’éclaircir les aspects techniques, fonctionnels, mais aussi économiques, sociaux et culturels de la pratique du bain collectif, de définir la place et le rôle qu’il tient dans les sociétés égyptiennes, d’isoler, sinon un modèle égyptien, du moins des spécificités régionales. Cette première rencontre Balnéorient servira en fait d’introduction à un projet de recherche collective plus grand sur le bain en Méditerranée orientale : Balnéorient, origine et devenir du bain collectif en Méditerranée orientale. « L’objectif principal du projet Balnéorient, étendu sur trois ans, est d’écrire l’histoire du bain collectif d’Orient (Égypte/Proche-Orient) depuis son adoption à l’époque hellénistique jusqu’à sa disparition aujourd’hui observée, en insistant sur les charnières que sont l’époque omeyyade et le XXe siècle. Ce projet se caractérise en fait par l’ampleur du cadre chronologique et la variété des intervenants : historiens, archéologues, architectes, historiens de l’art, sociologues... », indique Thibaud FOURNET, architecte CNRS et membre du comité d’organisation du projet Balnéorient. C’est un projet qui est lancé du côté français et financé pour l’instant par le ministère français de la Recherche. Mais c’est un projet international auquel participent l’Égypte, la Syrie, le Liban, la Jordanie, Chypre, les États-Unis, l’Angleterre, l’Allemagne, la Pologne... Souvent évoqués pour la richesse de C O F É R E C E S & C O L L O Q U E S BIA XXXIII - janvier/juin 2006 20leurs monuments et pour la possibilité unique qu’ils offrent de suivre l’évolution du bain public sur plus de deux millénaires, le Proche-Orient et l’Égypte font paradoxalement figures de parents pauvres dans la très abondante bibliographie thermale. Ce constat est d’autant plus surprenant que les bâtiments sont souvent dans un état de conservation exceptionnel et que des textes complètent, à toutes les époques, la lecture des vestiges. S’appuyant sur une bibliographie ancienne qui ne reflète pas l’actualité des recherches, les ouvrages généraux qui abordent la question du bain en Égypte ou au Proche-Orient véhiculent les idées reçues sur la naissance du hammâm ou l’originalité du bain gréco-romain d’Égypte. Inversement, et malgré leurs qualités, les études réalisées sur les bains de la région n’ont pas d’ambition synthétique : elles se limitent à des sous-ensembles isolés ou liés à une époque déterminée, soit l’Antiquité soit la période musulmane. Une synthèse manque, qui envisagerait le phénomène sur la durée et réunirait approche archéologique et analyse architecturale dans une perspective d’histoire des mentalités. « Il n’y a pas de synthèses récentes sur le bain collectif en Orient. Il y a des monuments, il y a énormément de textes, mais les synthèses portent plutôt sur l’Occident, sur le Maroc, l’Afrique, la Grèce, mais pas sur l’Orient. C’est ainsi qu’il faudrait faire une étude depuis l’Antiquité (du IIIe siècle av. J.C.) jusqu’à maintenant, puisque maintenant la tradition disparaît. C’est différent selon le pays : en Syrie, et au Yémen, il y a encore des hammâm-s en fonction. Au Caire, les hammâm-s sont délaissés, en état d’abandon », indique Marie-Françoise BOUSSAC. Balnéorient comprend la mise en œuvre d’un corpus en ligne, à la fois textuel, archéologique, architectural et iconographique, associé à une bibliographie thématique et à un annuaire des chercheurs travaillant, de près ou de loin, sur le bain collectif en Égypte ou au Proche-Orient. Il propose aussi des formations aux chercheurs concernés et la réalisation d’un manuel multilingue sur le bain en Orient, préparé lors d’ateliers réunissant les spécialistes, associés aux colloques et écoles doctorales. Un deuxième colloque international Balnéorient est programmé à Damas ou Beyrouth début 2008. Il fera suite à celui d’Alexandrie, limité aux bains d’Égypte, et abordera l’ensemble des régions comprises par le programme (Égypte, Proche-Orient et Péninsule arabique). Une large place sera également laissée aux régions qui permettent d’éclairer les phénomènes observés en Orient (Maghreb, Occident, Iran et Asie centrale, etc.). Riche des résultats du premier colloque et des ateliers intermédiaires, ce deuxième rendez-vous s’organisera autour d’approches thématiques plutôt que chronologiques. La liste des thèmes abordés (évolution des techniques et des pratiques, bain et société, idéologies et pouvoirs, religion et hygiène, aspects économiques et juridiques etc.) sera finalisée en fonction des communications proposées. « Entre-temps, on fait aussi des rencontres, des séminaires, des réunions plus petites, beaucoup plus ciblées », annonce Thibaud FOURNET. Si vous désirez participer au groupe de recherche, à l’une des rencontres prévues ou simplement être tenu au courant du calendrier de leurs futures rencontres, remplissez une fiche d’inscription sur le site Internet : www.balneorient.mom.fr Site du groupe de recherche internationale sur l’origine et le devenir du bain collectif en Méditerranée orientale (Proche-Orient, Égypte et Péninsule arabique). Faire l’histoire du bain collectif en Égypte conduit à s’interroger sur les raisons et les étapes de son abandon. « On constate en effet en Égypte une désaffection radicale envers la pratique du hammâm : contrairement au Yémen ou à la Syrie oò ces établissements sont encore fréquentés. Même si leur nombre décroît, ces établissements sont délaissés ou en ruine au Caire et n’existent plus en Alexandrie. Ce changement est révélateur de l’adaptation des sociétés à la modernité, mais pose le problème de la sauvegarde et de la valorisation d’un patrimoine C O F É R E C E S & C O L L O Q U E S BIA XXXIII - janvier/juin 2006 20menacé », analyse Marie-Françoise BOUSSAC. (Amira SAMIR, « Mémoires de hammâm-s », Al-Ahram Hebdo du 20 décembre 2006). - - Alex-Med : Thinking the Mediterranean: the Ancient Mediterranean Il s’agit en fait de la troisième série d’interventions, organisée par AlexMed sur le thème de Penser la Méditerranée, qui a commencé en mai 2006 et qui se poursuivra jusqu’au mois de mai 2007. Ce cycle de conférences a pour objectif premier d’explorer les relations multiples qui ont lié ou opposé les cités antiques du Bassin méditerranéen. Ces conférences couvrent un certain nombre de questions essentielles comprenant : La Méditerranée, une question stratégique ; La Méditerranée parmi les cultures ; Les villes méditerranéennes ; et La Méditerranée, un espace religieux. Deux intervenants représentant deux pays de la Méditerranée, l’Égypte et la Tunisie, ont tenté, lors de la dernière conférence, de révéler l’histoire de cette mer très antique, à travers les objets fabriqués en mosaïque, découverts dans les deux pays. Les deux intervenants sont JeanYves EMPEREUR, directeur du Centre d’Études Alexandrines (CEAlex) et le Dr Aïcha BIN ABED, directrice des monuments et sites archéologiques à l’Institut national du patrimoine en Tunisie. « La mosaïque est une production de la Méditerranée, et qui, avec le temps, s’y est répandue partout. Tous les pays du pourtour de la Méditerranée ont fait de la mosaïque. On en trouve en Espagne, en Turquie, en Grèce et aussi au Maroc, il y en a partout, et en plus, il n’y a pas en dehors de la Méditerranée », explique Jean-Yves EMPEREUR. Chaque pays, à travers ses mosaïques, révèle cependant sa culture. Le Dr Aïcha BIN ABED, quant à elle, a dégagé lors de la conférence l’historique de la céramique de son pays. La Tunisie possède en fait l’une des plus riches collections, surtout qu’elle est en bon état de conservation. « La mosaïque tunisienne explore l’identité du pays entre les Ve et IIIe siècles av. J.-C. Elle forme des tableaux de toutes les couleurs avec des représentations d’hommes, de femmes, d’animaux et de fleurs. Elle forme une sorte de tapisserie très souvent couvrant surtout les cuisines », explique Aïcha BIN ABED. Les grands musées tunisiens renferment de magnifiques collections de différentes tailles. Les mosaïques de la Tunisie datent surtout de l’époque grécoromaine. Ce sont les Romains qui ont importé en Tunisie l’art de la mosaïque. De sa part, Jean-Yves EMPEREUR, le célèbre archéologue français qui fouille depuis plus de dix ans plusieurs sites archéologiques alexandrins, a présenté la mosaïque de la ville antique d’Alexandrie. Il a fait également une comparaison entre les mosaïques des deux pays de la Méditerranée : « La mosaïque d’Alexandrie est beaucoup plus ancienne que celle de la Tunisie. En Tunisie, les plus belles mosaïques sont du IIIe et surtout du IVe siècles après J.C., alors qu’en Alexandrie, on a des mosaïques qui remontent au IVe siècle av. J.C. », estime-t-il. Selon lui, cet art a paru au IVe siècle av. J.-C. et a disparu d’Alexandrie vers les VIIe-VIIIe siècles après J.-C. Les mosaïques alexandrines ont beaucoup de thèmes : nilotiques comme des crocodiles et des poissons, aussi des thèmes de chasse et des portraits. Un auteur du Ier siècle après J.-C. (mort en 79) a dit que la mosaïque est vraiment une spécialité d’Alexandrie et que les artistes alexandrins font avec cette mosaïque de véritables « peintures de pierre ». Disant que ces mosaïques sont plus belles que des tableaux peints, aussi riches, aussi variées et aussi vivantes. Le Musée gréco-romain d’Alexandrie possède une collection impressionnante de pièces représentant l’évolution technique de l’art de la mosaïque en Alexandrie qui a continué pendant toute la période grecque, celle des Ptolémées jusqu’à Cléopâtre et ensuite pendant toute la période C O F É R E C E S & C O L L O Q U E S BIA XXXIII - janvier/juin 2006 21romaine. « C’est-à-dire qu’en Alexandrie, on a presque 850 ans d’histoire de la mosaïque. Ces mosaïques sont d’une technique très fine, puisque les tesselles sont parfaitement bien collées l’une à l’autre, à tel point que pour la mosaïque qui représente un chien, on en compte 700 tesselles », explique Jean-Yves EMPEREUR. Il y a certaines de ces mosaïques qui sont même signées par les artistes, ce qui est très rare. Cela veut dire que ces artistes, ces mosaïstes et ces artisans alexandrins étaient très fiers de leurs travaux au point qu’ils étaient exportés partout dans le monde. On les a retrouvés à Cécile, à Rome et partout. C’est donc quelque chose de très fameux en Alexandrie. C’est un art très sophistiqué. À part la collection de mosaïques qui se trouve au Musée gréco-romain, il y en a d’autres au Musée national de la ville et au Musée archéologique, à la Bibliotheca Alexandrina. Ces mosaïques sont actuellement en cours de restauration par une équipe du Conseil Suprême des Antiquités (CSA) et une équipe du CEAlex. Une fois la restauration terminée, ces mosaïques seront exposées dans un nouveau musée, à savoir celui de Bâb Sharqî, à côté du petit temple romain de Râs alSuda. Il y a déjà dans cet endroit une place réservée à la fondation d’un musée qui sera consacré spécialement aux mosaïques. Un plan de ce musée a été exécuté par un architecte du CSA. « C’est un grand musée, parce que les mosaïques sont nombreuses et sont très grandes : certaines couvrent des pièces. Quand on fait généralement des fouilles en Alexandrie, on trouve de la mosaïque. On prépare actuellement la collection du musée. On a des centaines de mosaïques qui sont magnifiques et qui sont en très bon état, d’autres qui ont besoin de travaux de restauration. Ces travaux prennent trop de temps, ne sont pas du tout faciles et en plus, ils sont très coôteux », souligne EMPEREUR. En fait, le financement de la restauration de la mosaïque faite par les Égyptiens sera assuré par l’Égypte et les États-Unis, alors que la restauration menée par le CEAlex vient de la fondation française BNP-Paris-Bas. « On a fouillé le site du musée en 2003-2004. Depuis, le terrain est prêt et le musée pourrait être inauguré dans deux ou trois ans », reprend EMPEREUR. (Amira SAMIR & Samar ZARÉE, « Mosaïque Méditerranée », Al-Ahram Hebdo du 20 septembre 2006). - - L e C a i r e Université du Caire : IXe conférence de l’Association des archéologues arabes L’Iraq, la Palestine et dernièrement le Liban, des pays victimes d’agressions militaires qui n’ont pas manqué de mettre en danger leur héritage culturel. La guerre civile qui a duré au Liban une vingtaine d’années a, au départ, joué un rôle primordial dans la dégradation de ses monuments. Pour la Palestine, ses Antiquités sont en péril depuis l’occupation israélienne qui a eu lieu en 1948. Concernant le patrimoine de l’Iraq, il a été détruit et pillé lors de l’invasion américaine en 2003. Mais la récente attaque israélienne du Liban qui a eu lieu en juillet dernier, tout en mettant le patrimoine libanais en péril, a renouvelé et rouvert l’ancienne plaie dont souffrent les archéologues arabes depuis plus d’un demi-siècle. Mais il reste que le cas du Liban a été prioritaire lors de la réunion. Bien que l’agression israélienne contre le Liban et la destruction de presque toute son infrastructure n’aient duré qu’un mois, ses influences néfastes sur les Antiquités libanaises ont été considérables. « Les monuments de la ville de Bint Jbeil ont été détruits par les bombes à fragmentation ainsi que ceux de Beyrouth qui ont été attaqués par les roquettes », affirme l’archéologue Hasan Badawî, professeur associé à l’Université libanaise. Pour lui, il est difficile de compenser un tel patrimoine. « Le gouvernement libanais a tenté de présenter un rapport législatif pour être compensé de tels dégâts qui ont nui à C O F É R E C E S & C O L L O Q U E S BIA XXXIII - janvier/juin 2006 21son patrimoine afin de le restaurer », a affirmé Badawî. En même temps, à Baalbek, de nouvelles fissures sont apparues sur le temple de Jupiter, les linteaux risquent de s’effondrer. La nonstabilité des colonnes du temple de Jupiter fait qu’il risque de s’effondrer en cas de tremblement de terre. Du côté de la Palestine, « la récente offensive israélienne qui perdure a été une occasion pour l’État hébreu de continuer la série de destruction des monuments palestiniens à côté des libanais », affirme l’archéologue Faragallah Ahmad Yôsuf, ayant présenté son papier sur les violations des sites archéologiques saints en Palestine. Pendant ces agressions, le gouvernement israélien a annoncé que son Organisme des Antiquités surveille des travaux de fouilles sur la route qui côtoie la porte des Maghrébins, l’une des cinq anciennes portes de la mosquée alAqsa. Ces travaux visent à élargir le parc devant le mur du Burâq, auprès de cette porte, pour créer de petites chapelles consacrées à la prière des juifs. Dans la même période, beaucoup de fouilles et de tunnels ont été réalisés dans le complexe archéologique Aïn Solwan, à Jérusalem. « Ces travaux font partie de la politique de judaïsation de toute cette zone pour accomplir le projet israélien connu par la ville de David pour réaliser la légende temoïde et créer le troisième autel prétendu avec ses annexes », explique Faragallah. Pour lui, ces violations font partie d’une série d’infractions qui se sont renouvelées en avril dernier. Prenons, à titre d’exemple, la destruction de la mosquée antique d’al-Salâm à Naqab en avril dernier, suivie de la décision de démolition de la mosquée du village de Saïd. Une décision qui a été remise par le tribunal. Et ce, outre la disparition de toute trace archéologique arabe dans la ville de Ramla jusqu’à ce que les municipalités aient décidé de modifier le nom de la ville qui « ne représente rien aux habitants juifs », commente l’archéologue. Ces agressions continuent avec les derniers bombardements de la mosquée de Bayt Hannôn dont la date de construction remonte à deux cents ans. Agression et occupation israéliennes ont les mêmes influences néfastes sur les Antiquités que l’invasion des alliées sur celles de l’Iraq. C’est plutôt le patrimoine iraqien qui a été mis complètement en péril. Quelques sites archéologiques ont été complètement détruits comme Isin, à 200 Km au sudest de Bagdad, d’autres bâtiments et monuments historiques ont subi une grave détérioration dans le centre de Bassora, de Mossoul et d’Erbil. En même temps, la plupart des sites archéologiques ont été pillés. À leur tête, le Musée national et les bibliothèques de Bassora, lesquelles ont été pillées et brôlées. Toutes ces violations qui visent à effacer toute trace arabe de ces trois pays ont incité les archéologues arabes à discuter de cette question lors de leur IXe conférence dont les plus importantes recommandations étaient d’annoncer une campagne de communication internationale pour dévoiler les violations qui ont eu lieu sur le patrimoine de ces trois pays : Palestine, Liban et Iraq. Vient en deuxième lieu la demande faite aux gouvernements arabes de modifier les lois sur l’archéologie et d’aggraver les peines de violations et de vol. Et ce, tout en faisant des arpentages archéologiques avant d’établir le moindre projet. Il faut encore évoluer et modifier les programmes des institutions et des facultés d’Archéologie pour développer la science patrimoniale. Une fois ces recommandations prêtes, elles seront présentées à la Ligue Arabe pour leur donner une teinte d’engagement et d’exécution. (Doaa ELHAMI, « Violations tous azimuts », Al-Ahram Hebdo du 22 novembre 2006. Voir également Ashraf Mufîd, « Les archéologues arabes se réunissent au Caire », al-Ahrâm du 4 novembre ; Salâh Siyâm, « L’Université du Caire accueille le IXe congrès de l’Union des archéologues arabes », alWafd du 12 novembre ; « Protection du patrimoine culturel dans le monde arabe », al-Ahrâm du 19 novembre ; ’Alî al-Qammâsh, « L’Union des C O F É R E C E S & C O L L O Q U E S BIA XXXIII - janvier/juin 2006 21archéologues arabes dévoile les crimes des sionistes et de leurs suppôts », alAhrâr du 21 novembre). - - XIth International Conference of Nubian Studies Of more than 150 papers that researchers presented at the XIth International Conference of Nubian Studies, the largest group concerned recent studies with special emphasis on current rescue operations in the area of the Fourth Nile Cataract. Organisers made an effort to bring together papers that would present an overview of the most important archaeological sites under excavation in recent years, those where significant discoveries have recently been made. The conference provided an excellent opportunity to review the achievements made in Nubian studies over the 34 years since the IInd conference took place in Warsaw in 1972, and conference committee director W GODLEWSKI made particular mention of Nabta Playa, Kerma-Doukki Gel, Naga, Banganarti and Dongola. The programme was divided into plenary sessions held in the mornings and four parallel topical sessions presented in the afternoons. Panel discussions were held on selected topics including official and vernacular languages in the Nubian kingdoms, representations of rulers or religious ceremonies conducted inside sacral buildings and, as GODLEWSKI was quick to point out, "an evaluation of the international activities in the Fourth Cataract region constituted one of the hottest topics discussed at the conference." The Nubian Rescue Campaign, which operated from 1960 to 1967 under the auspices of UNESCO, was an international effort to rescue monuments of Egyptian and Sudanese Nubia between the First Cataract at Aswân and the so-called Dal Cataract, south of the Second Cataract. Once excavations were completed the National Museum in Warsaw, which had received a set of Nubian wall paintings from Faras, prepared an exhibition of the murals, which had in the meantime undergone comprehensive conservation in Warsaw. Das Wunder VON FARAS was shown first in East Berlin, then at the Villa Hugel in Essen. That second exhibition, which lasted from 14 May to 14 September 1969, also gave impetus to the first Nubiological conference organised by Carl HUNDHAUSEN and Erich DINKLER. The meeting was attended by 20 scholars from Great Britain, France, the Netherlands, Germany, Poland, the United States of America, Switzerland, Sweden and Italy, who summed up in discussion the results of Nubian studies carried out between 1960 and 1967. The key issues included the art and archaeology of Nubia, chiefly in the Meroitic and Christian periods, from the third century BC to the 14th century AD. The participants decided then to continue regular meetings in an effort to establish Nubiology as a new field of studies as distinct from Egyptology. In 1972 the National Museum in Warsaw opened a new permanent gallery
 
b i a x x x i v - juillet/decembre 2006 20vii - conferences & colloques en bref le conseil supreme des antiquites (csa) participera au congres international sur les antiquites byzantines qui se tiendra a salonique du 3 au 6 novembre 2006. ce congres discutera les etudes scientifiques les plus recentes ainsi que les problemes poses par la restauration et la preservation des antiquites byzantines sur le plan international. le secretaire general du csa, dr zahi hawwas, a charge le directeur du musee greco-romain, ahmad 'abd al-fattah, de representer l'egypte lors de cette rencontre. il presentera un papier portant sur les efforts deployes par le csa pour la decouverte, la restauration et la preservation des antiquites byzantines. (ragab ramadan, "l'egypte participe a un congres sur les monuments byzantins en grece", al-masri al-yawm du 28 octobre 2006). - - pour feter les cinq cents ans de la fondation de son musee, le vatican a organise un congres auquel ont assiste les directeurs des plus grands musees internationaux. le directeur general du musee egyptien, dr wafa' al-siddiq, a participe a ce congres en tant que representante des musees egyptiens et africains. elle a presente une communication sur le role joue par le musee egyptien. elle a souligne que le congres a discute la mission des musees au service du dialogue des civilisations et la confirmation de leur role culturel et humaniste. ce congres, organise sous la houlette du pape, a formule un certain nombre de recommandations. la plus importante est de faire de la prochaine decennie la decennie des musees qui devront jouer un plus grand role pour favoriser le dialogue des civilisations, des cultures et des religions. ("wafa' alsiddiq: le dialogue des civilisations commence dans les musees", al-akhbar du 18 decembre 2006). - egypte a l e x a d r i e bibliotheca alexandrina: le bain collectif en egypte. origine, evolution et actualite des pratiques le bain collectif en egypte. origine, evolution et actualite des pratiques, tel etait le theme du premier colloque international balneorient qui s'est deroule en alexandrie. le but de cette initiative: produire une synthese sur cet art de vivre au proche-orient. cette manifestation internationale qui traitait de maniere diachronique la question du bain collectif en egypte, des installations antiques aux hammam-s c o f e r e c e s & c o l l o q u e s bia xxxiii - janvier/juin 2006 20modernes, a surtout mis l'accent sur les bains d'alexandrie. la rencontre, organisee sur quatre jours du 1er au 4 decembre 2006, a ete ainsi abritee par la bibliotheca alexandrina. une trentaine de specialistes des bains de l'epoque antique a l'epoque contemporaine de differentes nationalites ont presente leurs recherches. "nous sommes plusieurs personnes a travailler sur des sites dans lesquels il y avait des bains. on travaille sur l'histoire des bains depuis l'antiquite parce que les bains collectifs n'existaient pas en tradition egyptienne. ce sont surtout les grecs qui les ont introduits et puis la tradition va durer avec les romains. ensuite, toutes les societes vont les garder en les adaptant. ce ne sont pas les memes sortes de bains, mais ca va etre garde", souligne marie-francoise boussac, professeur des universites, hisoma - maison de l'orient et de la mediterranee (cnrs-lyon 2 lumiere), qui est egalement organisatrice et membre du comite scientifique de balneorient. le groupe des chercheurs du projet balneorient se compose donc de specialistes de l'epoque greco-romaine, de l'epoque ottomane, de l'islam medieval, etc. ceux-ci ont fait le point sur les donnees archeologiques issues des fouilles les plus recentes effectuees dans de differents sites archeologiques egyptiens, mais aussi sur les donnees textuelles et iconographiques. cette premiere rencontre est ainsi l'occasion de tester la constitution d'un index et la mise en place d'un corpus d'edifices concernant l'egypte qui offre en fait un terrain privilegie pour l'etude de ces questions: de nombreuses recherches de terrain et etudes documentaires, souvent inedites, renouvellent les perspectives et permettent de faire un premier bilan. "l'egypte est certainement la region qui permet le mieux d'analyser la pratique du bain collectif sur la duree, depuis son adoption a l'epoque hellenistique jusqu'a sa desaffection actuelle, en soulignant les evolutions et en isolant les epoques charnieres", explique marie-francoise boussac. centre sur l'egypte, ce colloque se veut donc avant tout une approche diachronique de la pratique du bain collectif dans un cadre regional. il se propose dans un premier temps de dresser un inventaire des batiments de bains attestes en egypte. on s'apercevra ainsi de l'enrichissement considerable de la documentation, mais aussi du renouvellement des problematiques qu'entraine le reexamen de batiments anciennement connus: bains a cuves plates de type grec de taposiris, hammam-s du caire ou d'alexandrie. un second objectif est d'inscrire des analyses architecturales, des etudes archeologiques et des enquetes textuelles, dans une perspective d'histoire des mentalites. il s'agit d'eclaircir les aspects techniques, fonctionnels, mais aussi economiques, sociaux et culturels de la pratique du bain collectif, de definir la place et le role qu'il tient dans les societes egyptiennes, d'isoler, sinon un modele egyptien, du moins des specificites regionales. cette premiere rencontre balneorient servira en fait d'introduction a un projet de recherche collective plus grand sur le bain en mediterranee orientale: balneorient, origine et devenir du bain collectif en mediterranee orientale. "l'objectif principal du projet balneorient, etendu sur trois ans, est d'ecrire l'histoire du bain collectif d'orient (egypte/proche-orient) depuis son adoption a l'epoque hellenistique jusqu'a sa disparition aujourd'hui observee, en insistant sur les charnieres que sont l'epoque omeyyade et le xxe siecle. ce projet se caracterise en fait par l'ampleur du cadre chronologique et la variete des intervenants: historiens, archeologues, architectes, historiens de l'art, sociologues...", indique thibaud fournet, architecte cnrs et membre du comite d'organisation du projet balneorient. c'est un projet qui est lance du cote francais et finance pour l'instant par le ministere francais de la recherche. mais c'est un projet international auquel participent l'egypte, la syrie, le liban, la jordanie, chypre, les etats-unis, l'angleterre, l'allemagne, la pologne... souvent evoques pour la richesse de c o f e r e c e s & c o l l o q u e s bia xxxiii - janvier/juin 2006 20leurs monuments et pour la possibilite unique qu'ils offrent de suivre l'evolution du bain public sur plus de deux millenaires, le proche-orient et l'egypte font paradoxalement figures de parents pauvres dans la tres abondante bibliographie thermale. ce constat est d'autant plus surprenant que les batiments sont souvent dans un etat de conservation exceptionnel et que des textes completent, a toutes les epoques, la lecture des vestiges. s'appuyant sur une bibliographie ancienne qui ne reflete pas l'actualite des recherches, les ouvrages generaux qui abordent la question du bain en egypte ou au proche-orient vehiculent les idees recues sur la naissance du hammam ou l'originalite du bain greco-romain d'egypte. inversement, et malgre leurs qualites, les etudes realisees sur les bains de la region n'ont pas d'ambition synthetique: elles se limitent a des sous-ensembles isoles ou lies a une epoque determinee, soit l'antiquite soit la periode musulmane. une synthese manque, qui envisagerait le phenomene sur la duree et reunirait approche archeologique et analyse architecturale dans une perspective d'histoire des mentalites. "il n'y a pas de syntheses recentes sur le bain collectif en orient. il y a des monuments, il y a enormement de textes, mais les syntheses portent plutot sur l'occident, sur le maroc, l'afrique, la grece, mais pas sur l'orient. c'est ainsi qu'il faudrait faire une etude depuis l'antiquite (du iiie siecle av. j.c.) jusqu'a maintenant, puisque maintenant la tradition disparait. c'est different selon le pays: en syrie, et au yemen, il y a encore des hammam-s en fonction. au caire, les hammam-s sont delaisses, en etat d'abandon", indique marie-francoise boussac. balneorient comprend la mise en oeuvre d'un corpus en ligne, a la fois textuel, archeologique, architectural et iconographique, associe a une bibliographie thematique et a un annuaire des chercheurs travaillant, de pres ou de loin, sur le bain collectif en egypte ou au proche-orient. il propose aussi des formations aux chercheurs concernes et la realisation d'un manuel multilingue sur le bain en orient, prepare lors d'ateliers reunissant les specialistes, associes aux colloques et ecoles doctorales. un deuxieme colloque international balneorient est programme a damas ou beyrouth debut 2008. il fera suite a celui d'alexandrie, limite aux bains d'egypte, et abordera l'ensemble des regions comprises par le programme (egypte, proche-orient et peninsule arabique). une large place sera egalement laissee aux regions qui permettent d'eclairer les phenomenes observes en orient (maghreb, occident, iran et asie centrale, etc.). riche des resultats du premier colloque et des ateliers intermediaires, ce deuxieme rendez-vous s'organisera autour d'approches thematiques plutot que chronologiques. la liste des themes abordes (evolution des techniques et des pratiques, bain et societe, ideologies et pouvoirs, religion et hygiene, aspects economiques et juridiques etc.) sera finalisee en fonction des communications proposees. "entre-temps, on fait aussi des rencontres, des seminaires, des reunions plus petites, beaucoup plus ciblees", annonce thibaud fournet. si vous desirez participer au groupe de recherche, a l'une des rencontres prevues ou simplement etre tenu au courant du calendrier de leurs futures rencontres, remplissez une fiche d'inscription sur le site internet: www.balneorient.mom.fr site du groupe de recherche internationale sur l'origine et le devenir du bain collectif en mediterranee orientale (proche-orient, egypte et peninsule arabique). faire l'histoire du bain collectif en egypte conduit a s'interroger sur les raisons et les etapes de son abandon. "on constate en effet en egypte une desaffection radicale envers la pratique du hammam: contrairement au yemen ou a la syrie ou ces etablissements sont encore frequentes. meme si leur nombre decroit, ces etablissements sont delaisses ou en ruine au caire et n'existent plus en alexandrie. ce changement est revelateur de l'adaptation des societes a la modernite, mais pose le probleme de la sauvegarde et de la valorisation d'un patrimoine c o f e r e c e s & c o l l o q u e s bia xxxiii - janvier/juin 2006 20menace", analyse marie-francoise boussac. (amira samir, "memoires de hammam-s", al-ahram hebdo du 20 decembre 2006). - - alex-med: thinking the mediterranean: the ancient mediterranean il s'agit en fait de la troisieme serie d'interventions, organisee par alexmed sur le theme de penser la mediterranee, qui a commence en mai 2006 et qui se poursuivra jusqu'au mois de mai 2007. ce cycle de conferences a pour objectif premier d'explorer les relations multiples qui ont lie ou oppose les cites antiques du bassin mediterraneen. ces conferences couvrent un certain nombre de questions essentielles comprenant: la mediterranee, une question strategique; la mediterranee parmi les cultures; les villes mediterraneennes; et la mediterranee, un espace religieux. deux intervenants representant deux pays de la mediterranee, l'egypte et la tunisie, ont tente, lors de la derniere conference, de reveler l'histoire de cette mer tres antique, a travers les objets fabriques en mosaique, decouverts dans les deux pays. les deux intervenants sont jeanyves empereur, directeur du centre d'etudes alexandrines (cealex) et le dr aicha bin abed, directrice des monuments et sites archeologiques a l'institut national du patrimoine en tunisie. "la mosaique est une production de la mediterranee, et qui, avec le temps, s'y est repandue partout. tous les pays du pourtour de la mediterranee ont fait de la mosaique. on en trouve en espagne, en turquie, en grece et aussi au maroc, il y en a partout, et en plus, il n'y a pas en dehors de la mediterranee", explique jean-yves empereur. chaque pays, a travers ses mosaiques, revele cependant sa culture. le dr aicha bin abed, quant a elle, a degage lors de la conference l'historique de la ceramique de son pays. la tunisie possede en fait l'une des plus riches collections, surtout qu'elle est en bon etat de conservation. "la mosaique tunisienne explore l'identite du pays entre les ve et iiie siecles av. j.-c. elle forme des tableaux de toutes les couleurs avec des representations d'hommes, de femmes, d'animaux et de fleurs. elle forme une sorte de tapisserie tres souvent couvrant surtout les cuisines", explique aicha bin abed. les grands musees tunisiens renferment de magnifiques collections de differentes tailles. les mosaiques de la tunisie datent surtout de l'epoque grecoromaine. ce sont les romains qui ont importe en tunisie l'art de la mosaique. de sa part, jean-yves empereur, le celebre archeologue francais qui fouille depuis plus de dix ans plusieurs sites archeologiques alexandrins, a presente la mosaique de la ville antique d'alexandrie. il a fait egalement une comparaison entre les mosaiques des deux pays de la mediterranee: "la mosaique d'alexandrie est beaucoup plus ancienne que celle de la tunisie. en tunisie, les plus belles mosaiques sont du iiie et surtout du ive siecles apres j.c., alors qu'en alexandrie, on a des mosaiques qui remontent au ive siecle av. j.c.", estime-t-il. selon lui, cet art a paru au ive siecle av. j.-c. et a disparu d'alexandrie vers les viie-viiie siecles apres j.-c. les mosaiques alexandrines ont beaucoup de themes: nilotiques comme des crocodiles et des poissons, aussi des themes de chasse et des portraits. un auteur du ier siecle apres j.-c. (mort en 79) a dit que la mosaique est vraiment une specialite d'alexandrie et que les artistes alexandrins font avec cette mosaique de veritables "peintures de pierre". disant que ces mosaiques sont plus belles que des tableaux peints, aussi riches, aussi variees et aussi vivantes. le musee greco-romain d'alexandrie possede une collection impressionnante de pieces representant l'evolution technique de l'art de la mosaique en alexandrie qui a continue pendant toute la periode grecque, celle des ptolemees jusqu'a cleopatre et ensuite pendant toute la periode c o f e r e c e s & c o l l o q u e s bia xxxiii - janvier/juin 2006 21romaine. "c'est-a-dire qu'en alexandrie, on a presque 850 ans d'histoire de la mosaique. ces mosaiques sont d'une technique tres fine, puisque les tesselles sont parfaitement bien collees l'une a l'autre, a tel point que pour la mosaique qui represente un chien, on en compte 700 tesselles", explique jean-yves empereur. il y a certaines de ces mosaiques qui sont meme signees par les artistes, ce qui est tres rare. cela veut dire que ces artistes, ces mosaistes et ces artisans alexandrins etaient tres fiers de leurs travaux au point qu'ils etaient exportes partout dans le monde. on les a retrouves a cecile, a rome et partout. c'est donc quelque chose de tres fameux en alexandrie. c'est un art tres sophistique. a part la collection de mosaiques qui se trouve au musee greco-romain, il y en a d'autres au musee national de la ville et au musee archeologique, a la bibliotheca alexandrina. ces mosaiques sont actuellement en cours de restauration par une equipe du conseil supreme des antiquites (csa) et une equipe du cealex. une fois la restauration terminee, ces mosaiques seront exposees dans un nouveau musee, a savoir celui de bab sharqi, a cote du petit temple romain de ras alsuda. il y a deja dans cet endroit une place reservee a la fondation d'un musee qui sera consacre specialement aux mosaiques. un plan de ce musee a ete execute par un architecte du csa. "c'est un grand musee, parce que les mosaiques sont nombreuses et sont tres grandes: certaines couvrent des pieces. quand on fait generalement des fouilles en alexandrie, on trouve de la mosaique. on prepare actuellement la collection du musee. on a des centaines de mosaiques qui sont magnifiques et qui sont en tres bon etat, d'autres qui ont besoin de travaux de restauration. ces travaux prennent trop de temps, ne sont pas du tout faciles et en plus, ils sont tres couteux", souligne empereur. en fait, le financement de la restauration de la mosaique faite par les egyptiens sera assure par l'egypte et les etats-unis, alors que la restauration menee par le cealex vient de la fondation francaise bnp-paris-bas. "on a fouille le site du musee en 2003-2004. depuis, le terrain est pret et le musee pourrait etre inaugure dans deux ou trois ans", reprend empereur. (amira samir & samar zaree, "mosaique mediterranee", al-ahram hebdo du 20 septembre 2006). - - l e c a i r e universite du caire: ixe conference de l'association des archeologues arabes l'iraq, la palestine et dernierement le liban, des pays victimes d'agressions militaires qui n'ont pas manque de mettre en danger leur heritage culturel. la guerre civile qui a dure au liban une vingtaine d'annees a, au depart, joue un role primordial dans la degradation de ses monuments. pour la palestine, ses antiquites sont en peril depuis l'occupation israelienne qui a eu lieu en 1948. concernant le patrimoine de l'iraq, il a ete detruit et pille lors de l'invasion americaine en 2003. mais la recente attaque israelienne du liban qui a eu lieu en juillet dernier, tout en mettant le patrimoine libanais en peril, a renouvele et rouvert l'ancienne plaie dont souffrent les archeologues arabes depuis plus d'un demi-siecle. mais il reste que le cas du liban a ete prioritaire lors de la reunion. bien que l'agression israelienne contre le liban et la destruction de presque toute son infrastructure n'aient dure qu'un mois, ses influences nefastes sur les antiquites libanaises ont ete considerables. "les monuments de la ville de bint jbeil ont ete detruits par les bombes a fragmentation ainsi que ceux de beyrouth qui ont ete attaques par les roquettes", affirme l'archeologue hasan badawi, professeur associe a l'universite libanaise. pour lui, il est difficile de compenser un tel patrimoine. "le gouvernement libanais a tente de presenter un rapport legislatif pour etre compense de tels degats qui ont nui a c o f e r e c e s & c o l l o q u e s bia xxxiii - janvier/juin 2006 21son patrimoine afin de le restaurer", a affirme badawi. en meme temps, a baalbek, de nouvelles fissures sont apparues sur le temple de jupiter, les linteaux risquent de s'effondrer. la nonstabilite des colonnes du temple de jupiter fait qu'il risque de s'effondrer en cas de tremblement de terre. du cote de la palestine, "la recente offensive israelienne qui perdure a ete une occasion pour l'etat hebreu de continuer la serie de destruction des monuments palestiniens a cote des libanais", affirme l'archeologue faragallah ahmad yusuf, ayant presente son papier sur les violations des sites archeologiques saints en palestine. pendant ces agressions, le gouvernement israelien a annonce que son organisme des antiquites surveille des travaux de fouilles sur la route qui cotoie la porte des maghrebins, l'une des cinq anciennes portes de la mosquee alaqsa. ces travaux visent a elargir le parc devant le mur du buraq, aupres de cette porte, pour creer de petites chapelles consacrees a la priere des juifs. dans la meme periode, beaucoup de fouilles et de tunnels ont ete realises dans le complexe archeologique ain solwan, a jerusalem. "ces travaux font partie de la politique de judaisation de toute cette zone pour accomplir le projet israelien connu par la ville de david pour realiser la legende temoide et creer le troisieme autel pretendu avec ses annexes", explique faragallah. pour lui, ces violations font partie d'une serie d'infractions qui se sont renouvelees en avril dernier. prenons, a titre d'exemple, la destruction de la mosquee antique d'al-salam a naqab en avril dernier, suivie de la decision de demolition de la mosquee du village de said. une decision qui a ete remise par le tribunal. et ce, outre la disparition de toute trace archeologique arabe dans la ville de ramla jusqu'a ce que les municipalites aient decide de modifier le nom de la ville qui "ne represente rien aux habitants juifs", commente l'archeologue. ces agressions continuent avec les derniers bombardements de la mosquee de bayt hannun dont la date de construction remonte a deux cents ans. agression et occupation israeliennes ont les memes influences nefastes sur les antiquites que l'invasion des alliees sur celles de l'iraq. c'est plutot le patrimoine iraqien qui a ete mis completement en peril. quelques sites archeologiques ont ete completement detruits comme isin, a 200 km au sudest de bagdad, d'autres batiments et monuments historiques ont subi une grave deterioration dans le centre de bassora, de mossoul et d'erbil. en meme temps, la plupart des sites archeologiques ont ete pilles. a leur tete, le musee national et les bibliotheques de bassora, lesquelles ont ete pillees et brulees. toutes ces violations qui visent a effacer toute trace arabe de ces trois pays ont incite les archeologues arabes a discuter de cette question lors de leur ixe conference dont les plus importantes recommandations etaient d'annoncer une campagne de communication internationale pour devoiler les violations qui ont eu lieu sur le patrimoine de ces trois pays: palestine, liban et iraq. vient en deuxieme lieu la demande faite aux gouvernements arabes de modifier les lois sur l'archeologie et d'aggraver les peines de violations et de vol. et ce, tout en faisant des arpentages archeologiques avant d'etablir le moindre projet. il faut encore evoluer et modifier les programmes des institutions et des facultes d'archeologie pour developper la science patrimoniale. une fois ces recommandations pretes, elles seront presentees a la ligue arabe pour leur donner une teinte d'engagement et d'execution. (doaa elhami, "violations tous azimuts", al-ahram hebdo du 22 novembre 2006. voir egalement ashraf mufid, "les archeologues arabes se reunissent au caire", al-ahram du 4 novembre; salah siyam, "l'universite du caire accueille le ixe congres de l'union des archeologues arabes", alwafd du 12 novembre; "protection du patrimoine culturel dans le monde arabe", al-ahram du 19 novembre; 'ali al-qammash, "l'union des c o f e r e c e s & c o l l o q u e s bia xxxiii - janvier/juin 2006 21archeologues arabes devoile les crimes des sionistes et de leurs suppots", alahrar du 21 novembre). - - xith international conference of nubian studies of more than 150 papers that researchers presented at the xith international conference of nubian studies, the largest group concerned recent studies with special emphasis on current rescue operations in the area of the fourth nile cataract. organisers made an effort to bring together papers that would present an overview of the most important archaeological sites under excavation in recent years, those where significant discoveries have recently been made. the conference provided an excellent opportunity to review the achievements made in nubian studies over the 34 years since the iind conference took place in warsaw in 1972, and conference committee director w godlewski made particular mention of nabta playa, kerma-doukki gel, naga, banganarti and dongola. the programme was divided into plenary sessions held in the mornings and four parallel topical sessions presented in the afternoons. panel discussions were held on selected topics including official and vernacular languages in the nubian kingdoms, representations of rulers or religious ceremonies conducted inside sacral buildings and, as godlewski was quick to point out, "an evaluation of the international activities in the fourth cataract region constituted one of the hottest topics discussed at the conference." the nubian rescue campaign, which operated from 1960 to 1967 under the auspices of unesco, was an international effort to rescue monuments of egyptian and sudanese nubia between the first cataract at aswan and the so-called dal cataract, south of the second cataract. once excavations were completed the national museum in warsaw, which had received a set of nubian wall paintings from faras, prepared an exhibition of the murals, which had in the meantime undergone comprehensive conservation in warsaw. das wunder von faras was shown first in east berlin, then at the villa hugel in essen. that second exhibition, which lasted from 14 may to 14 september 1969, also gave impetus to the first nubiological conference organised by carl hundhausen and erich dinkler. the meeting was attended by 20 scholars from great britain, france, the netherlands, germany, poland, the united states of america, switzerland, sweden and italy, who summed up in discussion the results of nubian studies carried out between 1960 and 1967. the key issues included the art and archaeology of nubia, chiefly in the meroitic and christian periods, from the third century bc to the 14th century ad. the participants decided then to continue regular meetings in an effort to establish nubiology as a new field of studies as distinct from egyptology. in 1972 the national museum in warsaw opened a new permanent gallery presenting the wall paintings and architectural elements of decoration from faras. at that time it was the only permanent exhibition of nubian art anywhere in the world. the same year the new national museum in khartoum opened, and the official opening of the faras gallery in warsaw was planned as an accompanying event to the iind nubiological conference which took place in june 1972. it was on this occasion that the society for nubian studies was established and members agreed to organise regular international conferences. these were to take place every three years at first, and later every four years. the following gatherings were held successively at chantilly in france in 1975, cambridge in 1978, heidelberg in 1982, uppsala in 1986, geneva in 1990, lille in 1994, boston in 1998 and rome in 2002. already in chantilly the programme of the conference was broadened to include all periods of nubian history from prehistoric times until the funj period - that is, from the sixth millennium bc up to the 18th century of our era. this c o f e r e c e s & c o l l o q u e s bia xxxiii - janvier/juin 2006 21became a standard for all successive symposia. on the initiative of f hintze of the humboldt university in berlin, meroitic conferences devoted to this particular period in nubian history (ninth century bc-fourth century ad) began to be held simultaneously. with intensified archaeological research in the sudan, it was only natural that subsequent conferences would gather more and more participants. new permanent exhibitions of nubian art were mounted in various renowned museums, and nubian studies became a regular part of the academic curriculum at many universities. new archaeological expeditions embarked on various projects in sudan. in egypt technical works continued, symbolised by the transfer of the abu simbil temples to a new location which created a tourist attraction that has not waned in appeal over the years and the moving of the temples of philae to a new island. the nubian museum opened in aswan and archaeological 'reserves' have been created along the road from aswan to abu simbil, where temples were transferred from their original locations to safe territory above lake nasir at its optimum level. the only nubian site still accessible to archaeologists in egypt is qasr ibrim. nonetheless, egyptologists attached increasingly more importance to the presence of nubians in egypt during various eras, not to mention the period of egypt's domination of nubia. each of these efforts has had a substantial impact on stimulating the development of nubian studies worldwide. (jill kamil, "all eyes on nubia", al-ahram weekly du 1er novembre 2006). - - xivth annual coptology week the coptic church of st mary at rud al-farag, shubra, held its xivth annual coptology week last month under the leadership of father tadrus nagib. sixteen topics were addressed this year, including coptic inscriptions, discussed by professor samiha 'abd al-shahid, coptic icons by father eliya anba pola, the fourth- and fifth-century antiquities at the coptic museum by archaeologist girgis dawud, and the fifth-century monastic community of anba shinuda the anchorite by dr sa'id hakim. other topics included egyptian churches and monasteries existing during the first journey of the dutch monk fenslip in 1633, discussed by father wadi' abu allif, a description of the inscriptions of the man of knowledge didimus the blind, discovered in tura in 1941 by dr michel badi' 'abd al-malik, as well as the egyptian revolutions which took place during the ptolemy era. dr magid subhi presented a paper on his discovery that a 16th-century coptic church had existed on the aegean island of rhodes. even though the coptic church had preached christianity in several places in the old world, dr subhi said, there was no mention that it had ever reached rhodes. the island was under byzantine rule up to the seventh century, when it was invaded by the arab umayyads. it was taken by the ottomans in 1522 and has been in greek hands since 1947. dr subhi said he had learnt of the existence of this church when he saw an article by father samuel tadrus al-suryani in the monthly madaris al-ahad (sunday school magazine) in 1965. the topic intrigued him and when, years later he visited rhodes in 2001, dr subhi approached the municipality to inquire about the exis