ccivilisation pharaonique : archéologie, philologie et histoire
année
rapport d’activité
2004-2005Cours : les Égyptiens et la géographie du monde
Après avoir déterminé l’année dernière les limites de la notion de terroir égyptien et les voies d’extension naturelles des premiers peuplements vers la vallée du Nil, puis, à rebours, hors de celle-ci, on s’est attaché cette année à décrire les racines historiques de l’environnement à travers lequel les Égyptiens du second millénaire avant J.-C. percevront par la suite le monde.
De la première aube de la civilisation, est resté l’idée d’un territoire plus vaste que la vallée proprement dite, et dont les limites étaient les points ultimes jusqu’où il était possible d’aller. Cette notion doit plus, naturellement, au berceau premier des savanes présahariennes 1 qu’au cours même du fleuve. Encore que l’inaccessibilité des marches septentrionales du delta ait fondé une frontière naturelle. Lacs et lagunes semi-ouverts sur la mer ne dessinaient pas encore les contours actuels de la côte égyptienne. La mer elle-même ne semblait recéler aucune forme de vie humaine identifiable : certainement parce qu’il était pratiquement impossible d’aborder par ces côtes aux contours aussi imprécis que dangereux, où, de roselières en marécages, les eaux changeantes des branches du Nil envasaient les estuaires. Il faudra attendre le plein de la période historique pour que certaines branches du Nil puissent servir de voies de pénétration, — et encore, essentiellement dans la partie orientale du delta, une fois la branche pélusiaque stabilisée. Sans parler, naturellement, de l’ouverture sur la Méditerranée méridionale au IVe siècle avant J.-C. avec la création d’Alexandrie. Les paysages actuels de régions comme le lac Menzaleh donnent une idée — même édulcorée — de cette « fin du monde », où eau, ciel et terre se confondent en un composé indistinct, dont la cosmographie égyptienne a fait le modèle des limites de l’univers. C’est cette proximité du Noun primordial qui fait des marécages du Nord le refuge du jeune Horus : il y grandit sous la protection d’Hathor, qui le nourrit et prend soin de lui, comme elle veillera plus tard aux intérêts égyptiens sur les autres marches du monde : le désert arabique et le Sinaï, dont les richesses minières attirent très tôt les habitants de la vallée ; plus loin aussi, et par attraction, les autres pays miniers, jusqu’aux côtes anatoliennes et aux lointaines îles de l’Égée.
La limite avec l’Occident n’existe pas vraiment jusque relativement tard dans l’histoire de l’Égypte, en quelque sorte faute de partenaires, comme nous l’avons vu, au-delà du fonds culturel commun avec les populations oasiennes. Il n’en va pas de même à l’Orient, où les contrées arides mais riches en minerais suscitent aussi l’intérêt de voisins — qui, eux, sont bien présents dans les premiers temps —, ni non plus pour le Sud. L’ambiguïté d’un socle culturel commun, ajoutée au discours pharaonique postérieur donnent l’illusion d’un Dodékashoene peu différent du Sud égyptien. Mais, une fois la barrière de la deuxième cataracte franchie, l’archéologie a montré ces dernières décennies qu’il existait un pouvoir et une culture suffisamment constitués pour générer des relations plus complexes que les témoignages égyptiens ne le laissaient croire.
La fin du quatrième millénaire voit les premières tentatives d’appropriation, ou de réappropriation, des territoires limitrophes. Souvent, il n’est pas facile de savoir laquelle de ces deux démarches a été mise en œuvre. Les témoignages archéologiques ne permettent pas d’établir de différence claire entre une culture supposée dominante et sa « victime » locale. Ce que l’on a compris ces dernières années pour les oasis du désert occidental est peut-être aussi vrai de la péninsule du Sinaï et des côtes de la mer Rouge. Dans ces deux cas, en effet, on en est essentiellement réduit aux sources égyptiennes, c’est-à-dire, au moins pour les débuts de l’époque thinite, aux inscriptions royales commémoratives, que l’on interprète comme des marques de possession ou des prises de pouvoir, sans pouvoir évaluer la présence réelle du « vaincu ». Déjà figées dans l’archétype plastique du pharaon massacrant son
Jean-Loïc Le Quellec, Pauline de Flers et Philippe de Flers, Peintures et gravures d’avant les pharaons. Du Sahara au Nil, Études d’égyptologie 7, Paris, 2005.
ennemi, elles n’apportent d’autre élément que le nom du « vainqueur ». Définir une « politique extérieure » à partir de si maigres données relève de la gageure. On se bornera à constater que l’essentiel de cette documentation concerne les richesses minières orientales, les populations que les Égyptiens qualifient de « Libyens » n’apparaissant qu’une seule fois à la Ire dynastie, sous le règne de Djer, dont on sait qu’il atteignit également le Gebel Sheikh Soliman. Cette stratégie se poursuit tout au long des trois premières dynasties égyptiennes — même si l’on ne possède que peu de renseignements sur la deuxième —, ponctuée des mêmes monuments, auxquels s’ajoutent la pierre de Palerme et les Annales royales du Caire. Certains règnes sont mieux connus que d’autres, mais on a l’impression qu’il faut attendre les débuts de l’Ancien Empire pour voir une curiosité du monde extérieur, qui dépasse la domination ou l’exploitation des ressources des franges du royaume.
Les fouilles récentes d’Abou Ballas 2 ont mis en lumière cette curiosité des anciens Égyptiens pour le monde extérieur, qui se manifeste subitement de manière très tangible à la IVedynastie : non pas, pour une fois, à travers leurs récits, mais par l’évidence archéologique. Plus de deux cents kilomètres au Sud de l’oasis de Dakhla, par exemple, un vaste dépôt de jarres fabriquées dans la région d’Assouan a été constitué, dans un site bien daté par des inscriptions royales, en particulier de Chéops et de Rêdjedef 3. Ce dépôt avait pour but de permettre à des caravanes d’ânes, de refaire de l’eau, de façon à atteindre, deux cents kilomètres plus loin, le plateau du Gilf Kebir, puis, de là sans doute Koufra. Or, la mise en valeur des oasis par les Égyptiens ne commence qu’à la VIe dynastie — pour autant que presque trente ans de fouilles sur le site de Balat et dans toute l’oasis aient permis d’en juger. De plus, les relations avec Koufra ne sont guère attestées, dès l’Ancien Empire, par ce chemin-là, mais plus au Sud, à partir de Kharga, soit par Bir Sahara ou Bir Tarfawi, puis Bir Mesaha vers l’Ouest. Enfin, vers l’Ouest, à part le Gilf Kebir lui-même, les Égyptiens ne pouvaient guère espérer de débouchés commerciaux. Les nombreux autres dépôts de jarres à eau trouvés dans toute la zone, ainsi que les graffiti et représentations rupestres qui les accompagnent marquent une fréquentation importante de cette zone, que la seule quête des pigments naturels ne saurait expliquer 4.
Faut-il en déduire que les anciens Égyptiens avaient encore le souvenir de cette partie de leurs origines et conservaient donc des contacts que ne justifiait aucune raison purement économique ? La mainmise sur les oasis, qui intervient quelques générations plus tard, serait alors à interpréter dans le fil de cette première appartenance géographique. Contrairement à l’attente des premiers fouilleurs de Dakhla, en effet, aucune trace de commerce extérieur avec l’Afrique n’est apparue dans les installations égyptiennes comme celle de Balat, qui ont livré pourtant une documentation abondante. Les seules relations économiques extérieures à l’oasis se développent avec la vallée du Nil, dans un mouvement d’échange qui semble poursuivre le dialogue des premiers temps. Le même schéma se dessine d’ailleurs plus au Sud : les relations avec l’oasis de Kharga — pour laquelle les traces d’implantation égyptienne sont pour l’instant assez ténues pour l’Ancien Empire — se font avec la vallée : via Dakhla et le Darb et-tawil en direction de la Moyenne Égypte, la piste d’Edfou pour la Haute Égypte, ou la piste des Quarante jours pour la Nubie soudanaise. La circulation se fait, pour ainsi dire, de façon interne entre les zones de peuplements anciens du désert occidental, réduites aux seules oasis, et la vallée, dont les habitants continuent ainsi d’exploiter leur ancien terroir. Cette réappropriation du désert occidental et de la Basse Nubie tend à faire des régions ainsi mises sous contrôle égyptien les nouvelles marches du royaume. C’est ainsi que ces implantations sont placées sous la tutelle de divinités spécifiques, comme
2 Rudolph Kuper, « The Abu Ballas Trail : Pharaonic Advances into the Libyan Desert », dans Zahi Hawass et Lyla
Pinch Brock (éd.), Egyptology at the Dawn of the Twenty-first Century. Proceedings of the Eighth International Congress of Egyptologists (2000), 2 History, p. 372-376 ; Rudolph Kuper, « Les marches occidentales de l’Égypte : dernières nouvelles », BSFE 158 (2003), p. 12-34.
3 Voir les photographies et la présentation du site dans J.-L. Le Quellec, P. de Flers et P. de Flers, op.cit, p. 43. 4 Cet intérêt ne s’était toujours pas démenti à la VIedynastie : Rudolph Kuper, « The Abu Ballas Trail : Pharaonic Advances into the Libyan Desert », dans Zahi Hawass et Lyla Pinch Brock (éd.), Egyptology at the Dawn of the Twenty-first Century. Proceedings of the Eighth International Congress of Egyptologists (2000), 2 History, p. 373.
Igaï à Dakhla 5 ou Seth-Panthée à Kharga 6, et censées marquer une frontière : pacifique, comme semble l’indiquer une figurine d’envoûtement découverte sur le site urbain d’Ayn Asil à Dakhla 7, militaire en Nubie avec la chaîne de forts qui apparaîtra au début du deuxième millénaire avant J.-C.
Quoi qu’il en soit des raisons profondes qui la motivent, on constate, à travers cette exploration des pistes occidentales, une curiosité et un souci d’investigation des régions lointaines directement au niveau de l’État. Au-delà des objectifs institutionnels et économiques de ces recherches, on note tout au long de l’Ancien Empire, dans les monuments officiels comme dans la tradition littéraire, une curiosité affichée des souverains pour l’exotisme de la faune et de la flore des régions éloignées. Il semble que l’avènement de la Ve dynastie, dans le mouvement d’une théologie solaire plus développée, voire renouvelée, ait consacré cette nouvelle ouverture au monde. On pense aux reliefs funéraires royaux d’Abousir : ceux d’Ouserkaf, les scènes des expéditions au Levant de Sahourê, la « Weltkammer » de Niouserrê, lointain ancêtre et peut-être modèle du jardin Botanique de Thoutmosis III à Karnak ou de l’expédition vers Pount de la reine Hatshepsout à Deir el-Bahari,… Mais il faut y ajouter les autobiographies de particuliers, qui, comme la tradition romanesque alors naissante, font la part belle à l’exotisme et au picaresque.
Certains éléments laissent entrevoir l’aspect systématique de ces explorations. Le fait d’abord que, — sous réserve que les prospections archéologiques modernes aient couvert l’essentiel des zones minières du désert oriental et permettent donc de proposer une évaluation de celles-ci —, les anciens Égyptiens avaient localisé dès les époques les plus anciennes les ressources minières de la chaîne arabique. Localisé et exploité. D’autres indices laissent supposer, au-delà de la systématisation des explorations, une méthodologie très évoluée. On a découvert, en particulier, dans le désert oriental des gravures rupestres d’un type unique : des circuits d’une certaine ampleur, incisés sur la pierre, et qui ne ressemblent à rien de connu,… sauf à la cartographie des principaux ouadis de la zone 8 ! Si ces documents sont ce qu’ils ont l’air d’être, à savoir des cartes, ils sont à rapprocher des relevés topographiques qui nous sont parvenus sur d’autres documents, comme le plan des mines d’or de Turin ou celui de la tombe de Ramsès IV, mais aussi, et surtout, de la cartographie des listes de peuples étrangers, depuis les premières listes jusqu’à des documents comme la statue de Darius découverte à Suze 9.
Du côté oriental, le Sinaï paraît être une terre partagée depuis les premiers temps. Partagée ou exploitée alternativement, du moins pour ce qui est des régions minières 10. L’archéologie montre que, dès le Maadien ancien, c’est-à-dire dans la première moitié du quatrième millénaire avant J.-C., les Égyptiens avaient pris la mesure des territoires du Nord du Sinaï, pour s’y implanter dès Nagada IIa-b : avant même la constitution de l’État pharaonique 11. Ces installations sont durables et massives pendant toute la période thinite dans tout le Sud-Ouest de la Palestine. Les fouilles de Gaza ont ainsi montré que le site de Tell es-Sakan était, à l’origine — c’est-à-dire dans le dernier quart du quatrième millénaire avant J.-C. —, égyptien 12. Il en va de même du niveau III de En Besor, à 25 kilomètres au
5 Déjà présent sur l’inscription de Rêdjedef d’Abou Ballas : voir en dernier lieu J.-L. Le Quellec, P. de Flers et P. de Flers,
op.cit, p. 40 et 45.
6 Dont une représentation spectaculaire orne la façade du pronaos du temple d’Hibis.
5 Seule mention hostile connue à ce jour : Nicolas Grimal, « Les “noyés” de Balat », dans Mélanges offerts à Jean Vercoutter,
1985, p. 111-121.
8 David Rohl, The Followers of Horus. Eastern desert Survey Report, 1, Isis, Oxon, 2000.
9 Monique Kervran, David Stronach, François Vallat et Jean Yoyotte, « Une statue de Darius découverte à Suse », Journal
Asiatique (1972), p. 235-266.
10 Nicolas Grimal, « Civilisation pharaonique : archéologie, philologie, histoire », Annuaire du Collège de France 2003-2004
(2004), p. 801 sq.
11 Pierre de Miroschedji, « Les Égyptiens au Sinaï du nord et en Palestine au Bronze ancien », dans Dominique Valbelle et
Charles Bonnet (éd.), Le Sinaï durant l’Antiquité et le Moyen Âge. 4000 ans d’histoire pour un désert (1997), p. 20-32.
12 Pierre de Miroschedji, « Tell es-Sakan, un site du Bronze ancien découvert dans la région de Gaza », CRAIBL 2000
(2000), p. 125-152 ; Pierre de Miroschedji, « La Palestine, Gaza et l’Égypte au Bronze ancien », dans J.-B. Humbert (dir.),
Gaza méditerranéenne. Histoire et archéologie en Palestine, 2000, p.101-104.
Sud de Tell es-Sakan, tandis que plus d’une dizaine d’autres sites du Sud palestinien témoignent d’une présence égyptienne, moins massive, mais importante. Les Égyptiens laissent la place aux Cananéens, probablement au cours de la période thinite, sans qu’il soit encore aujourd’hui possible d’en déterminer avec précision la date. Ce retrait correspond manifestement au développement de la civilisation urbaine en Palestine, qui voit des cités comme Tell Yarmouth et Beth Shemesh jouer un rôle régional de premier plan 13. Encore qu’il soit probablement faux de parler de développement de la civilisation urbaine, dans la mesure où d’autres sites, comme Hartuv 14, de nature comparable, ont précédé Tell Yarmouth : il s’agit plus de déplacements de groupes humains vers de nouveaux sites que d’une apparition à proprement parler. Quoi qu’il en soit, ces mouvements témoignent d’un changement de société à la fin du Chalcolithique, à peu près contemporains de ceux de la vallée du Nil et d’Uruk en Mésopotamie : le début du Bronze ancien.
Ces cités-États de Canaan, en compétition les unes avec les autres durant le Bronze ancien II et III, entretiennent des relations avec l’Égypte sur un mode qui change, lui aussi, suivant l’évolu-tion du jeu politique régional. Les témoins archéologiques traduisent cette évolution tout au long de l’époque thinite et de l’Ancien Empire égyptien, bien souvent d’une manière plus fiable que la documentation d’Égypte proprement dite. Celle-ci, comme nous l’avons vu l’année dernière, restitue la réalité à travers un codage, qui — bien qu’il nous soit aujourd’hui relativement perceptible — ne donne qu’un éclairage partiel. Si les annales de la Pierre de Palerme, par exemple, fournissent des éléments quantitatifs et une attestation de relations, elle ne permettent guère d’aller au-delà de ce constat.
À côté d’objets attestant de la nature des relations commerciales avec les pays étrangers, comme la hache datant du règne de Chéops trouvée à Nahr Ibrahim 15, on voit apparaître des documents directement en relation avec la chancellerie royale égyptienne. Ce sont les émissions jubilaires commémoratives, essentiellement, à l’Ancien Empire, sous forme de vases, de disques ou de coupes, gravés au nom du pharaon. Les vases sont principalement de deux types.
Le premier, en pierre dure, thériomorphe, représente une guenon serrant contre son ventre son petit ou décorant, seule, l’extérieur d’un calice de calcite 16 ; le second, plus répandu, est un vase tronconique en calcite, sur lequel est gravée une inscription commémorant le jubilée royal. La nature des relations que traduit l’envoi par la Cour d’Égypte de ces objets aux dirigeants des cités-États du Levant n’est pas si facile à déterminer. Le fait que les gouverneurs des provinces de la vallée du Nil et des oasis aient bénéficié des mêmes présents laisserait supposer, en effet, que ceux-ci traduisent un lien de vassalité, ou, en tout cas, une quelconque allégeance. D’un autre côté, ces objets feront partie plus tard des envois diplomatiques aux rois et princes du Proche-Orient, dont on sait par ailleurs qu’ils n’étaient en rien vassaux de l’Égypte. Il paraît donc raisonnable de considérer que ces présents sont à interpréter comme des signes de relations pacifiques, sans qu’il soit possible d’approfondir la nature de celles-ci. On se bornera à constater leur fréquence plus ou moins grande selon les cités.
L’exemple le plus frappant en est Byblos, où pratiquement tous les rois de l’Ancien Empire sont représentés par de nombreux vases ou fragments de vases, de la IIe à la VIe dynastie : Khâsekhemoui, Neferirkarê-Kakaï, Niouserrê, Menkaouhor, Djedkarê-Izezi, Ounas, Teti, Pepy Ier, Merenrê, Pepy II 17,
13 Pierre de Miroschedji, « Yarmuth. The Dawn of City-states in Southern Canaan », Near Eastern Archaeology 62 : 1 (1999),
p. 1-19.
14 Pierre de Miroschedji, Amihai Mazar et Naomi Porat, « Hartuv, an Aspect of the Early Bronze I Culture in Southern
Israel », BASOR 302 (1996), p. 27-30.
15 Aujourd’hui conservée à l’Institut biblique pontifical de Jérusalem (PM VII 386), cette hache est au nom de l’équipage
du roi.
16 Cf. M. Valloggia, « Deux objets thériomorphes découverts dans le Mastaba V de Balat », dans Le Livre du Centenaire,
Mifao 104, Le Caire, 1980, p. 143-151 ; Id., « Une coupe à décor thériomorphe provenant de Balat », Bifao 93 (1993), p. 391402 et pl. I-IV. 17 PM VII 386 ; 388 ; 390-391.
etc. Cette abondance démontre l’étroitesse des liens qui unissent, dès les premiers temps 18, les princes de Byblos à l’Égypte, dont on sait qu’ils iront, à partir du deuxième millénaire avant J.-C., jusqu’à adopter de nombreux traits de la civilisation pharaonique. Elle permet aussi d’interpréter un autre type de document royal égyptien, relativement répandu hors d’Égypte dès l’époque thinite : les sceaux-cylindres, qui y sont également attestés, associés, par exemple à Khephren et Sahourê 20. La mobilité de ces petits objets, souvent découverts hors contexte archéologique, les rend, en effet, prfois suspects aux yeux des historiens. Car il est particulièrement difficile d’en établir l’usage réel, et il est évident que, bien souvent, ils ne proviennent pas d’une représentation officielle égyptienne en place sur les lieux de leur découverte. Leur présence à Byblos, où ils côtoient des monuments royaux indiscutables 20, va, naturellement dans le sens d’une représentation administrative et/ou politique réelle.
Si le cas de Byblos est indiscutable, la présence d’objets égyptiens, voire d’un contexte égyptien complet n’est pas une preuve absolue de relations diplomatiques ou commerciales étroites. Que penser, en effet, de la découverte à Dorak, sur la côte sud de la mer de Marmara, de restes d’un trône en bois recouvert de feuilles d’or portant le cartouche de Sahourê 21 ? Cet objet provient de la tombe d’un prince de la culture de Yortan (2700-2500 avant J.-C.), qui lui est contemporaine. Pour indiscutable que soit le contexte archéologique, cette découverte reste isolée, et ne saurait témoigner de l’importance de relations, que rien ne vient attester par ailleurs.
Un autre type de témoin archéologique relève d’une problématique comparable à celle des sceaux-cylindres. Ce sont les scarabées, égyptiens en général, royaux en particulier, qui, comme tout petit matériel, sont susceptibles de voyager sur de longues distances et de se retrouver hors contexte. Dans leur cas, la présence d’un témoin unique n’a guère de valeur, sauf si le contexte stratigraphique est chronologiquement cohérent, ou si une accumulation important, liée à une stratigraphie vérifiable, assure la datation. La question se pose, au moins pour ce qui est de l’Ancien Empire, tout particulièrement pour Chypre et Rhodes. De nombreux scarabées, datés de Khephren, Mykerinus et Ounas ont été trouvés sur plusieurs sites chypriotes : Hagia Irini, Dali, Enkomi, Marion, Amathonte, Hala Sultan, Limassol. Dans le cas de Chypre, même si le contexte archéologique est souvent imprécis, le nombre des trouvailles rend crédibles des relations, dont on sait par ailleurs qu’elles vont se développer dès le début du deuxième millénaire avant J.-C. En revanche, la tête d’Ancien Empire trouvée à Athènes ou le disque de pierre portant le nom du temple solaire d’Ouserkaf découvert à Cythère 22 ne sauraient être des témoins valables. Probablement dans le cas de la première, à peu près certainement pour le second, il s’agit de « curiosités » rapportées d’Égypte plus tardivement par des voyageurs.
L’ensemble de la documentation dont nous disposons, d’Égypte comme de l’extérieur, montre donc, pour l’Ancien Empire, une expansion logique vers le Sud-Ouest palestinien, qui fléchit dans le dernier quart du troisième millénaire avant J.-C., en même temps que s’effondre la première civilisation urbaine de Palestine. À partir des bases constituées dès les premières dynasties dans la zone de Gaza, les Égyptiens développent des relations à plus longue distance, grâce à l’accès à la façade maritime qu’ils se ménagent ainsi. C’est vraisemblablement l’une des raisons du grand déséquilibre documentaire que l’on constate en faveur de Byblos, au détriment des terres de l’intérieur de la Palestine. Byblos est clairement l’objet d’une politique d’État, dont témoigne l’abondante documentation « diplomatique » évoquée plus haut. Les Égyptiens eux-mêmes en donnent la raison la plus évidente : la quête de matières premières dont ils ne disposent pas chez eux. Principalement le bois des pins et des cèdres, qui sont aujourd’hui l’emblème du Liban. C’est cette exploitation de l’arrière-pays libanais qui est toujours mise en avant et abondamment illustrée dans la documentation égyptienne, autant qu’attestée par l’archéologie, comme en témoignent, entre autres, les barques funéraires royales de la IVe dynastie.
18 On pense, par exemple, à la palette Louvre AO 1591.
19 PM VII 390.
20 Par exemple le relief de la VIe dynastie, aujourd’hui conservé au Louvre (AO 4811), représentant un roi embrassé par
une déesse.
21 J. Leclant, Or 30, p. 397 ; 31, p. 337 ; 32, p. 211.
22 PM VII 401 et 403.
Au-delà de cet apport premier, Byblos servait déjà, à l’évidence, de relais vers le monde méditerranéen, surtout vers les régions minières, où les Égyptiens pouvaient se procurer les minerais qui s’épuisaient dans le désert oriental et le Sinaï. Les fouilles menées dans les exploitations minières de ces régions mettent, en effet, toutes en évidence une exploitation intense dès la période thinite et tout au long de l’Ancien Empire. Pour certains sites même, comme celui de Ayn Sokhna, les recherches conduites par Pierre Tallet avec l’Institut français d’Archéologie orientale permettent de suivre la transformation de l’installation minière originelle en base avancée pour des expéditions plus lointaines 23. L’implantation des techniques métalliques en Égypte remonte, en effet, aux premières dynasties, mais on voit clairement, à travers la documentation, un développement important, surtout à partir de la VIe dynastie. En témoignent des œuvres majeures, comme les statues royales de Pepy Ier et de Merenrê, ou la tête de faucon d’Hierakonpolis, mais aussi l’abondance d’objets en cuivre dans tout le pays. Il fallait donc aller plus loin, et Byblos ouvrait l’accès vers Chypre et l’Asie mineure.
Dans le même temps, le Levant est déjà un terrain de rencontre avec les grandes civilisations contemporaines, qui s’ouvrent, elles aussi, au monde. En Mésopotamie, le troisième millénaire voit la première période dynastique, qui, elle-même, fait suite à la période de Jemdet-Nasr qui l’a ouvert. Jemdet-Nasr était déjà l’héritière d’Uruk, qui a presque entièrement couvert la seconde moitié du quatrième millénaire. Autant de grands ensembles, qui commencent à communiquer réellement entre eux dans le troisième millénaire finissant. Les échanges deviendront plus consistants et continus au début du deuxième millénaire, en même temps que se développeront les cités marchandes de la Syrie du Nord, dont le rôle d’intermédiaires ne se démentira jamais par la suite.
Une zone reste toutefois en grande partie mystérieuse : la Méditerranée orientale. On constate que Chypre est déjà terra cognita, ce qui se comprend bien, étant donné sa proximité depuis Byblos et sa richesse minière. De même, grâce plus aux travaux de Manfred Bietak à Tell ed-Dabb‘a qu’à la dispersion des témoins égyptiens qui y ont été relevés, on sent que les contacts avec le monde égéen, surtout la Crète existent déjà 24. Il est toutefois difficile de cerner avec précision leur nature et ce que les Égyptiens en attendaient.
On ne peut plus aujourd’hui, en effet, considérer les relations que l’Égypte entretenait avec ses voisins et au-delà uniquement en termes de domination et de profit. Les documents de la Ve dynastie laissent apercevoir une volonté de découvrir et de décrire le monde. Là encore, les fouilles de Tell ed-Dabb‘a, mais aussi le matériel mis au jour dans le Levant et en Égypte pour le deuxième millénaire avant J.-C. montrent — en particulier à travers les copies locales d’objets usuels — que ces civilisations pouvaient se prendre réciproquement pour modèles. C’est le cas de l’Égypte au levant, mais aussi, par exemple, de la Crète en Égypte. En d’autres termes, les échanges n’ont pas été à sens unique, ni au troisième, ni au deuxième millénaire, comme un regard souvent trop rapide jeté sur les civilisations d’Ougarit ou de Byblos, pour ne prendre que les plus fameuses, l’ont parfois fait penser. Le premier tournant de la politique extérieure de l’Égypte avec les « Asiatiques » se situe dans les deux derniers siècles du troisième millénaire, dont on voit bien qu’ils ont été marqués, dans tout le Proche et le Moyen Orient par des changements quasi contemporains les uns des autres, et qui traduisent des bouleversements, climatiques ou humains, qui semblent avoir frappé très largement toute la région. Les sources égyptiennes gardent de nombreux témoignages de ces troubles qui ont marqué les deux siècles qui concluent le troisième millénaire : dans la littérature 25, l’art 26, mais aussi l’archéologie 27.
23 En dernier lieu : Or 73 (2004), p. 35 et 123-125.
24 Même si la documentation rassemblée depuis les travaux pionniers de Jean Vercoutter concernent essentiellement le
deuxième millénaire.
25 Lamentations d’Ipou-our, Enseignement pour Mérikarê.
26 Les « Bédouins » d’Ounas (Louvre E 17381), par exemple.
27 La destruction du palais de Medounefer et de ses dépendances à Balat, dans l’oasis de Dakhla, entre autres.
La fin de l’Ancien Empire se caractérise ainsi par un repli égyptien vers son territoire originel, qui voit le système théocratique vaciller sur les bords du Nil en même temps que s’éteignent les cités-États de Palestine : les échanges sont interrompus et le Nord du Sinaï n’accueille plus que des pasteurs saisonniers. Les franges orientales redeviennent ainsi floues, partagées entres des populations revenues au nomadisme et pratiquant l’extraction saisonnière des ressources naturelles, — les Aâmou des sources égyptiennes, terme que l’on rend habituellement par « Bédouins ».
En Égypte, le XXIe siècle av. J.-C. est consacré quasiment tout entier à la reconstitution de l’unité nationale sous l’autorité thébaine. Cette dernière s’assortit d’une reprise en main de la Basse Nubie, puis, sous le règne de Ouahkarê Khety III — soit environ 50 ans jusqu’en 2070 —, de la reconquête du Delta oriental sur ces Bédouins, accompagnée d’une reprise des colonies dans le Sud palestinien, dont témoigne à nouveau l’archéologie. C’est de son règne que date également la restauration des relations maritimes avec la Syrie, justement à partir des zones reconquises. Mais c’est sous le règne de Montouhotep II, le fondateur de la réunification (vers 2040), que la reprise en main du pays va de pair avec une politique extérieure vigoureuse. En fait, la politique extérieure de l’Égypte consistera essentiellement, jusqu’au milieu de la XIIe dynastie, à reprendre en main la Nubie — avec des fortunes diverses, et au prix d’un lourd investissement en implantations humaines et infrastructures.
Du côté occidental, il semble que les « Libyens » aient profité du flottement politique en Égypte pour gagner les marches du Delta. C’est Sésostris Ier, dauphin désigné par son père Amenemhat, qui entreprend une campagne de pacification vers 1962 avant J.-C. L’épisode est particulièrement connu, puisque c’est au retour de cette expédition qu’il apprend l’assassinat de son père 28. Du côté oriental, les sources égyptiennes mentionnent, dans la première moitié du règne de Montouhotep II, des victoires remportées sur les « Asiatiques », les Mentjyou du Sinaï, les Retenou de Syrie. Son successeur, Montouhotep III, reprend et poursuit la politique de fortifications dans le Delta oriental contes les incursions de Bédouins, initiée par les rois héracléopolitaines des IXe et Xe dynasties (Khétyà). Tout au long de son règne, il fait également porter ses efforts sur la récupération et la reprise d’exploitation des ressources minières du désert oriental, jusqu’à la mer Rouge. Son successeur, Montouhotep VI, fonde un nouveau port sur la mer Rouge, à Mersa Gawasis, ou plus exactement envoie son vizir Amenemhat, le futur Amenemhat Ier, chercher de nouveaux points d’eau dans la région et c’est à l’occasion de cette campagne que se fait la fondation : renouveau donc des relations avec la mer Rouge et avec le pays de Pount 29.
Une fois monté sur le trône, Amenemhat Ier entreprend, avec Khnoumhotep Ier, le nomarque de Beni Hassan, de poursuivre la pacification de la Nubie. Il se tourne également vers le Delta oriental, où il fonde, dans le Ouadi Toumilat, les « murs du Prince » qu’évoque le conte de Sinouhé. En l’an 24 d’Amenemhat Ier, le général Nysoumontou 30 remporte une victoire sur les Bédouins, qui semble décisive. Dans le même temps, contact est repris avec la Syrie et Byblos et des relations se développent avec Ougarit. C’est sous le règne d’Amenemhat II que l’on possède, les témoignages les plus éclatants de la politique égyptienne au Proche-Orient 31. On pense naturellement au trésor de Tôd, que se partagent aujourd’hui le Musée du Caire et le Louvre, mais aussi aux statues du nomarque du Lièvre, Djehouty, de Tell el-Mutesellim (Megiddo), aux monuments royaux de première importance découverts en Syrie : le sphinx de sa fille Ita, à Qatna (Mishrifé), la statue acéphale de son autre fille, Khenemet-nefer-hedjet à Ougarit, aux centaines de scarabées et sceaux d’Acre (‘Akko). Nous y reviendrons plus loin.
28 Enseignement d’Amenemhat Ier, Sinouhé.
29 Stèle d’Ameny du Ouadi Gawasis : Claude Obsomer, Sésostris Ier. Étude chronologique et historique du règne,
Connaissance de l’Égypte ancienne 5, Bruxelles, 1995p. 711-712.
30 Stèle Louvre C1.
31 Pour une opinion diamétralement opposée : Claude Vandersleyen, L’Égypte et la vallée du Nil, tome 2, De la fin de
l’Ancien Empire à la fin du Nouvel Empire, Nouvelle Clio, L’histoire et ses problèmes Puf, Paris, 1995, p. 77.
Les pharaons du Moyen Empire reprennent, à l’évidence, la politique de leurs prédécesseurs de l’Ancien Empire en Palestine, en la développant, autant avec les États déjà en place alors qu’avec les nouveaux venus. Gaza (Tell el-‘Ajjul) sert toujours d’ouverture sur la Méditerranée tout au long du Moyen Empire : Sésostris I et II, Amenemhat II et III, Neferhotep Ier et de nombreux particuliers y sont attestés. Ashdod 32, Beth-Shean, Beth-Shemesh, Fassuta en Galilée septentrionale 33, Give‘at Noha, à 7 kilomètres au Nord-Ouest de Megiddo 34, dont il a été question plus haut, Sichem 35, Tell Dan, Tell es-Sultan (Jéricho), Tell Jazzari (Gezer) 36, Gerar (Tell Jemma, Tell Haror), Tell Lachisch naturellement, Tell Michal dans la plaine de Sharon 37… : autant de témoignages de l’intensification des relations avec l’intérieur du pays. Le cas de Tell Dan soulève un point intéressant : on y a trouvé, en effet une statue du Moyen Empire égyptien regravée à Basse Époque 38 et un fragment de statue en basalte noir de même époque dans un niveau phénicien du VIIe s. avant J.-C. 39. On a déjà relevé par ailleurs la vogue des « Antiquités » égyptiennes au premier millénaire avant J.-C. dans le Levant, et la présence de ces objets particulièrement luxueux relève peut-être de cet engouement ; mais ils peuvent aussi témoigner d’une permanence de l’influence égyptienne remontant au début du deuxième millénaire 40. Toutefois, les points forts restent les cités-États de la façade syrienne méditerranéenne, qui sont à la fois des carrefours commerciaux et le point de départ de relations à plus longue distance : Byblos et Ougarit, qui devient rapidement l’un des principaux partenaires de l’Égypte.
Les princes de Byblos vivent à l’égyptienne et ont laissé de nombreux témoignages de cette acculturation dans leurs tombeaux. Suffisamment d’étude leur ont été consacrées pour qu’il ne soit pas nécessaire d’en rappeler ici le détail, sauf à souligner que le floruit semble se situer sous les règnes d’Amenhemhat III et IV, même si la présence est continue pendant toute la XIIe dynastie et après 41. Pour mémoire, et pour ne citer que les documents majeurs, on rappellera, dans le tombeau du roi Ypshemouabi, fils d’Iby, maire syrien de Byblos : un coffret et un vase en brèche grise au nom du roi Amenemhat IV 42, un pendentif et un couteau en bronze, un pectoral en or au faucon ailé et au roi assis. Également, du même, un obélisque aujourd’hui à Beyrouth, des fragments de feuille d’or figurant Amenemhat IV devant Atoum. Dans celui de son prédécesseur, Ypshem : un vase en obsidienne plaqué d’or au nom d’Amenemhat III. Du tombeau du prédécesseur de ce dernier : un pectoral en or au nom du même Amenemhat III, représentant un enfant sous la protection de la vache Hathor 43, etc.
32 Encore que le scarabée au nom d’Amenemhat II trouvé à Tell Mor soit une copie hyksôs ; mais d’autres éléments,
comme une empreinte de sceau au sema-taouy attestent au moins des contacts avec l’Égypte : Or 45, p. 3.
33 Un scarabée au nom de Neferhotep dans une tombe du Bronze Moyen II : Or 61, p. 312.
34 Une statuette en pierre noire datant de Sesostris III : Or 35, p. 166.
35 À noter, outre des scarabées, le sceau d’un fonctionnaire nommé Amenemhat, scarabées : Or 32, p. 208-209.
36 Là encore, une présence affirmée, avec une statue de Heqaib trouvée dans la ville, un oushebti de Dedouimen
découvert dans la vallée, ainsi qu’un scarabée de Seshi.
37 Une impression de scarabée au nom d’Amenemhat III : Or 49, p. 415.
38 Or 53, p. 409.
39 Or 60, p. 267-268 ; 61, p. 312.
40 Le même raisonnement peut s’appliquer au sphinx en diorite Br. Mus.58892, découvert à Beyrouth : à l’origine
d’Amenemhat IV, il a été réutilisé à époque ptolémaïque (PM VII 384-385).
41 Entre autres, dans un tombeau anonyme : un pectoral en or au faucon ailé ; un cylindre en os d’un Amenemhat.
Ailleurs, la partie supérieure d’un groupe statuaire représentant un homme entre deux femmes ; une statue fragmentaire
en basalte d’un scribe ; des figurines en ivoire (hommes et femmes) ; un sceau-cylindre mentionnant Byblos et sa
déesse… Mais aussi, à la XIIIe dynastie, sous le règne de Néferhotep Ier.
42 Obsidienne et feuille d’or, aujourd’hui dans le Musée de la Direction générale des Antiquités de Beyrouth.
43 PM VII 386-387 ; Ingo Matzger, Die letzten Könige der 12. Dynastie, Europäische Hochschulschriften III 297, Frankfurt-
am-Main, 1986.
Ougarit (Ras Shamra) est l’objet de la part des pharaons du Moyen Empire d’une attention toute particulière, dès les premiers temps 44. On peut évoquer la perle en cornaline au cartouche de « Kheperkarê (Sésostris Ier) aimé d’Hathor de Dendara » 45, découvert en 1934 dans un collier, à proximité de l’em-placement où fut mis au jour en 1931 la statue de Khenemet-nefer-hedjet 46. Cette présence égyptienne est encore plus forte sous les règnes d’Amenemhat II et III. En témoignent la statue acéphale de Khenemet-nefer-hedjet évoquée plus haut, aujourd’hui au Musée d’Alep, mais également les sphinx du Musée d’Alep (n° 471) et du Louvre découverts dans la cour sud du grand temple de Baal 47, près de l’autel jouxtant l’escalier d’entrée, les statues d’un prêtre héliopolitain 48, d’un homme agenouillé 49, le groupe acéphale de Senousretânkh, intendant de la ville, vizir et juge, en compagnie de sa femme Henoutsen et de sa sœur Satamon 50. On a évoqué plus haut le sphinx d’Ita provenant du temple de Nin-Egal à Qatna (Mishrifé) ; il faut encore y ajouter un torse en serpentine du Moyen Empire et les fragments d’une statue en albâtre représentant un homme agenouillé 51.
Les États de l’intérieur syrien, comme Mari, étaient déjà présents sur la scène à l’Ancien Empire, eux aussi en tant qu’intermédiaires vers les régions éloignées du continent asiatique, dont les Égyptiens appréciaient les produits, à commencer par le lapis-lazuli d’Afghanistan 52. Ils le sont toujours dans ce début du deuxième millénaire avant J.-C., même si leur place est manifestement moindre dans la diplomatie égyptienne. Sans être pour autant négligeable : on peut penser à massue hedj au nom du roi Hetepibrê de la XIIIe dynastie, découverte dans une couche du Bronze Moyen dans la nécropole princière de l’Ouest 53, ainsi qu’aux ensemble de bijoux égyptiens et syriens contemporains 54, ou encore à une tête hathorique et à une empreinte de sceau 55, voire à la statue en diorite portant le nom de Sésostris IV et au socle associé découverts à Tell Hizzin 56, ou au petit sphinx en diorite au nom d’Amenemhat III découvert à Neirab 57. Cette même diplomatie égyptienne traite alors déjà avec des partenaires beaucoup plus lointains : Bogâzköy et les cités voisines 58, Yakhshi Han à proximité d’Ankara 59…
44 On pense à la perle en cornaline au cartouche de « Kheperkarê aimé d’Hathor de Dendara », découvert en 1934 dans
un collier, à proximité de l’emplacement où fut mis au jour le statue de Khnoumet.
45 Cl. Schaeffer, Ugaritica IV, fig. 20 et p. 215.
46 Pour cette statue : Id., ibid., fig. 19 et p. 213-215.
47 Id., ibid. p. 223.
48 Or 22, p. 104-105.
49 Alep. Mus (PM VII 393). Il convient encore d’ajouter les fragments de statues du même Musée d’Alep et Louvre AO 11233,
le torse d’un prêtre et torse féminin, etc.
50 Louvre AO 17223 : Cl. Schaeffer, Ugaritica I, p. 22 et pl. V ; P. Montet, dans Syria XV, p. 131-133.
51 Les dossiers d’Ougarit et d’Ebla au milieu du deuxième millénaire seront développés plus en détails dans le cours de
l’année prochaine. On peut se reporter, en particulier aux travaux de M. Yon, A. Caubet, P. Matthiae et G. Scandone-
Matthiae, dont les références sont données en lignhe sur le site de la chaire : www.egyptologues.net.
52 Pour mémoire, dans le palais royal de Tell Mardikh-Ebla : une lampe à quatre becs au nom de Khephren et un
couvercke de vase au nom de Pepy Ier (Or 54, p. 408), trois fragments d’albâtre au nom de Pepy Ier (Or 47, p. 312 ; 48,
p. 403 ; 54, p. 408-409, renvoyant aux études de P. Matthiae et G. Scandone-Matthiae ; 52, p. 536-537).
53 Or 49, p. 417-418 ; 54, p. 409.
54 Or 51, p. 118.
55 Or 54, p. 409.
56 Or 24, p. 315-316 ; 24, p. 265 ; 57, p. 397.
57 Aujourd’hui au Musée d’Alep : PM VII 395.
58 À Boghasköy même, plusieurs statuettes du Moyen Empire ont été mises au jour ; une plaque en os avec une représentation
de Bès a été découverte à Alaca Höyük ; à Adana, on a trouvé une statue en granit de la nourrice Sat-snefrou, contemporaine de
Sesostris II (MMA 18.2.2) : PM VII 398.
59 Une statue en granit noir d’un certain Keri = Ankara Citadel Mus. 3477.La valeur de relais de ces cités-États ressort de leur situation géographique : celles « de l’intérieur » jouent un rôle moins importants que celles qui sont situées sur la façade maritime. Tout particulièrement Ougarit, qui offre l’avantage d’être à la croisée de « l’Asie » continentale et du monde méditerranéen. Ce dernier constitue une source d’approvisionnement en métaux, tout particulièrement en cuivre, dont Chypre est riche, tout comme la côte sud de l’Anatolie, en même temps qu’il ouvre sur un monde nouveau, dominé bientôt par la Crète.
De nombreux documents attestent du développement des relations égyptiennes avec le monde pré-égéen, tout particulièrement avec Chypre : Sésostris Ier est attesté à Alaas, dans la partie nord de la baie de Salamine 60 ; de nombreux scarabées du Moyen Empire ont été trouvés également, ainsi qu’un pendentif en faïence à tête de Nègre dans une tombe du Bronze Moyen I à Lapithos 61. Plus encore, les Annales d’Amenemhat II 62 relatent une expédition dont l’objectif essentiel était l’ap-provisionnement en métaux : « [Retour de l’armée et des] troupes qui avaient été envoyées pour raser les places de Ioua et Iasy. Compte des prisonniers ramenés de ces deux pays étrangers : 1554. (Détail des produits rapportés) — bronze et bois : 10 haches, 33 faucilles, 12 épées, 4 scies X, 79 couteaux, 1 ciseau, 4 rasoirs… ». Ces « deux pays étrangers », sont probablement deux cités de Chypre 63. La suite de ce texte donne des indications précieuses, justement sur l’exploitation des ressources naturelles de la région au cours de cette campagne. D’Asie Mineure environ 46 kg d’argent et une quantité d’or dont le chiffre est perdu ; de Syrie, environ 453 kg d’émeri et 1, 079 tonne de silice ; de Chypre, enfin, environ 134 kg de bronze, 436 de cuivre, et 39 de plomb. Il est évident que l’on ne saurait tirer de ce document unique des règles générales, mais la proportion des matières premières et, surtout, leur provenance est remarquable.
Les relations avec la Crète sont importantes : Katsaba 64, Lébèna 65, Palaikastro 66, Fortetsa 67, surtout, naturellement, Cnossos. Une statuette en diorite de Ouser fils Sat-Hathor, a été trouvée dans la cour est du palais de Minos 68, un scarabée fin de la XIIe-début de la XIIIe dynastie au Sud de la route royale 69. Malgré divers objets découverts, le plus souvent hors contexte, à Athènes 70 ou à Sparte 71, la réalité des relations égyptiennes avec la Grèce continentale paraît difficile à établir. En revanche, Malte a livré des objets, sur les sites de Bighi 72 et Rabat 73, qui semblent être les témoins non seulement d’une présence égyptienne, mais des causes de celle-ci : l’approvisionnement en métal.
Ainsi se tisse et se conforte un vaste réseau couvrant l’essentiel des régions connues des anciens Égyptiens, qui va constituer la base des relations internationales du Nouvel Empire. Car c’est une nouvelle grande rupture régionale qui va modifier la géopolitique orientale de l’Égypte. Cette
60 Une figurine de Sekhmet en pâte émaillée dans une nécropole proto-géométrique : Or 45, p. 312-313.
61 Or 56, p. 383.
62 Texte, fac-similé et traduction : Hartwig Altenmüller et Ahmed M. Moussa, « Die Inschrift Amenehmhets II. aus dem
Ptah-Tempel von Memphis. Vorbericht », SAK 18 (1991), p. 1-48.
63 Cf. N. Grimal, « Peuples, États et cités. Enquête sur la cartographie géopolitique égyptienne », dans Egypt and Cyprus
in Antiquity, Nicosie 2003, Oxbow Press, sous presse.
64 Un vase en diorite : Or 35, p. 169.
65 Un scarabée d’ivoire égyptien/égyptisant : Or 30, p. 399 ; 34, p. 224-225.
66 Deux statuette en ivoire représentant des enfants nus (debout et assis) = Candia Mus. 142-3.
67 Un sceau, trois scarabées, diverses figurines : Or 30, p. 400.
68 Candia Mus. 95.
69 Or 30, p. 399.
70 Une statue acéphale d’un Snb, prêtre de Khentekaï, probablement une « Antiquité » rapportée d’Égypte beaucoup
plus tard.
71 Trois scarabées (Sésostris, Menkheperrê et autre) provenant du sanctuaire d’Artémis Orthea.
72 La stèle d’un Antef, bronzier = Brit. Mus. 233 ; celle de Tjouy, dédiée par sa sœur Ibnes = Brit. Mus 299.
73 Un scarabée au nom de Sebekhotep provenant d’une tombe.fois-ci, ce ne sont probablement plus des raisons climatiques qui génèrent le changement, mais plutôt les mouvements de populations, liés peu ou prou aux évolutions technologiques, tout particulièrement à celle du métal. L’Égypte va rester une civilisation relativement archaïque, face à de nouveaux partenaires, à la mobilité plus agressive. Mais elle continuera de dominer ce « grand jeu », tant que son potentiel humain et économique ne trouvera pas de rival à son niveau. C’est ainsi que tout le deuxième millénaire avant J.-C. est dominé par la civilisation pharaonique, qui atteint alors son apogée.Séminaire : les Annales de Thoutmosis III, étude et commentaire
La première moitié du séminaire a été consacrée cette année aux nouveaux blocs des Annales de Thoutmosis III dégagés en 2004-2005 par le Centre franco-égyptien d’étude des temples de Karnak lors du démontage de « l’arche fortuite » de Séthi II. Les dix nouveaux fragments ainsi apparus appartiennent à la section décrivant les fondations pieuses de Thoutmosis III dans le temple : la section VII de la publication de K. Sethe dans les Urk. IV. Deux d’entre eux (VII G et I) étaient visibles dans l’épaisseur du mur, ce qui avait permis à G. Legrain d’en faire un relevé par estampage, qu’il publia en 1902, et sur la base duquel K. Sethe intégra ces deux fragments à sa publication. Les autres blocs, totalement inédits, viennent enrichir considérablement le dossier des constructions de Thoutmosis III à Karnak, dont il fut l’un des grands bâtisseurs.
Ces nouveaux textes sont du même module que le reste des Annales. Mais, si la gravure et la mise en forme de ces fragments est semblable au reste, une nouveauté mérite d’être notée : l’un de ces blocs (VII J) a conservé intégralement les couleurs dont étaient décorés les hiéroglyphes, confirmant ainsi ce que laissaient penser les quelques traces de polychromie retrouvées lors du nettoyage de certains passages des autres parois. L’ensemble des textes des Annales était donc peints, tout comme la grande scène d’offrandes qui les accompagne. Cette peinture, d’une grande finesse, complète les détails de chaque signe, que la seule gravure dans le grès ne permettait pas d’indiquer
Ces nouveaux textes constituent l’épisode final du long récit royal : la récapitulation de la dévolution au temple des biens rassemblés par le roi dans ses campagnes militaires et des fondations qu’il y a faites, que ce soit sous forme de constructions ou de contributions au culte quotidien en assurant l’approvisionnement des fêtes dont il a fixé les calendriers liturgiques.
Bien que très fragmentaires, ces textes ont pu être mis en parallèle avec les autres descriptions des constructions de Thoutmosis III dans le temple de Karnak : que ce soit celles que le roi lui-même développe dans plusieurs grands textes, comme le texte de la Jeunesse, la stèle CGC 34012 ou ses diverses dédicaces dans le temple lui-même, mais aussi à travers les témoignages de grands dignitaires du règne, comme Menkheperrêseneb. Cette comparaison a permis d’éclairer certains passages, mais aussi de confirmer les grandes lignes du plan de restauration d’Ipet-sout mené à bien par Thoutmosis III pendant plus de quarante ans de règne. En particulier dans la zone centrale du temple. C’est ainsi que ces textes confirment les modifications apportées aux édifices des premiers thoutmosides, mais aussi, et surtout, la réfection du temple du Moyen Empire, que Thoutmosis III a parachevée. La comparaison de ces textes aux résultats des fouilles conduites par le Centre franco-égyptien d’étude des temples de Karnak dans cette zone depuis plus de deux ans a permis de confirmer certaines hypothèses historiques, que l’archéologie vient désormais étayer.
Un autre élément nouveau est venu également confirmer la première interprétation donnée en 2003 du statut de l’ensemble des Annales et du secteur central. C’est la description de cette fondation royale comme une hout-ka, dont tout indique qu’elle avait pour bénéficiaire Amon-Rê, probablement sur le modèle de ce qu’a dû également être la hout-ka de Ptah à Memphis. Le roi revient à deux reprises (fragments VII D et I) sur ce statut, insistant sur le fait que c’est lui qui a constitué le domaine divin restauré en hout-ka, et non quelqu’un d’autre. Ces mentions ne suffisent, naturellement, pas à généraliser ce statut à l’ensemble du temple, voire à toutes ses époques. Mais il apparaît désormais clairement que l’ensemble des interventions de Thoutmosis III est présenté comme un tout cohérent, et que le cœur de cet ensemble est le dispositif au centre duquel se trouvent les Annales : la zone du sanctuaire de la barque Sacrée. Cet ensemble commandait vraisemblablement le service des offrandes, dont il devait constituer le Trésor. Le long texte royal assoit les bases de cette fondation, sous la forme d’un décret (oudj-nesout) décrivant la hout-ka. Après Héqaib à Éléphantine et Medounefer dans l’oasis de Dakhla, il semblerait bien que l’on ait, avec le temple de Karnak, le troisième exemple
« archéologique » d’une institution économique, dont on a, jusqu’à ces derniers temps, pu seulement étudier les fondements funéraires.
La publication et le commentaire de ces nouveaux fragments sont sous presse dans la Gedenschrift Sayed Tawfik, dont la parution est prévue pour décembre 2005.
Parmi les textes de Thoutmosis III masqués par les réfections de Séthi II se trouvait également, sur la face méridionale du premier pilier occidental de l’édifice périptère que Thoutmosis III avait construit en avant de son sanctuaire de barque, le dernier tiers d’un récit royal, écrit en trois colonnes verticales. On y évoque un déplacement du roi à Nefrousy, au cours duquel il semble que celui-ci ait chevauché. Toujours à Nefrousy, peut-être — mais les manques sont trop importants pour qu’on puisse être affirmatif —, il aurait fait également un grand sacrifice à Amon-Rê. La fin du texte évoque une navigation vers le Nord, « avec la flotte », dont rien ne permet d’affirmer qu’elle ait été autre chose que pacifique. Le ton, le style, le vocabulaire, les situations, tout apparente cet extrait au récit royal traditionnel. Nefrousy fait naturellement penser à Kamosé et, par résonance littéraire à la stèle triomphale de Pi (ânkh) y. Mais ce voyage, apparemment pacifique, n’est pas peut-être sans rappeler non plus des inscriptions comme celle du Spéos Artémidos. Ce texte est relativement court, puisqu’il ne couvre qu’une seule face du pilier : il n’a donc pas l’ampleur du texte par lequel Hatshepsout évoque son œuvre pacifique en Moyenne Égypte, ni des stèles militaires de Kamosé ou de Pi (ânkh) y, auxquelles son emplacement dans le temple l’apparente pourtant un peu. Même si le support sort de l’ordinaire, il est probable qu’il venait en complément des Annales dont la présence domine tout l’ensemble.
La seconde moitié du séminaire a été consacrée à la poursuite de l’établissement, de la traduction et du commentaire de la section I des Annales du même Thoutmosis III. On s’est concentré sur le déploiement militaire des troupes égyptiennes face à Megiddo (col. I 85-88) : la description du système de l’armée, le roi au centre, les deux ailes verrouillant les passes. On a ensuite expliqué le refus du combat des coalisés et leur retraite dans la cité désormais assiégée.Cabinet d’égyptologie 74
Lecteurs. Le nombre de lecteurs de la bibliothèque du cabinet d’Égyptologie est stabilisé autour de 700 inscrits, les renouvellements d’inscriptions compensant sensiblement les décès et les départs à la retraite de chercheurs.
Si les lecteurs permanents sont quasi stables, les lecteurs occasionnels sont de plus en plus nombreux. Ce lectorat sans solide expérience mobilise le personnel en salle et contribue à alourdir le fonctionnement déjà chargé de la bibliothèque. Les conditions d’accès restent inchangées. La bibliothèque est d’accès réservé aux chercheurs professionnels, aux enseignants de l’enseignement supérieur (égyptologie et archéologie) ainsi qu’aux doctorants avancés. Des amateurs éclairés sont acceptés exceptionnellement si leur travaux nécessitent impérativement l’utilisation d’ouvrages rares de la bibliothèque. Les étudiants occasionnels en Master 1 et 2 d’égyptologie sont exceptionnellement acceptés sur demande de leur directeur de recherche si l’ouvrage dont ils ont besoin ne se trouve qu’au Collège de France, ce qui est assez souvent le cas. Faute de place et de personnel, ces chercheurs en formation ne bénéficient que d’un ou deux jours d’autorisation. Les étudiants des régions peuvent être acceptés une semaine le cas échéant en fonction de la durée de leur séjour parisien. Les étrangers relevant de ces catégories bénéficient d’un régime de faveur qui se calque généralement sur la durée de leur mission. Ainsi les 16 places de lecture ont encore été cette année prises d’assaut par un public toujours aussi nombreux.
Les horaires d’ouverture au public demeurent du lundi au vendredi, 35 heures par semaine. Un recrutement de personnel et un accroissement des vacations permettrait un élargissement des horaires d’ouverture dont le public est demandeur. 2411 entrées ont été totalisées en 2004 (contre 2904 en 2003, et 2443 en 2002) pour une ouverture de 212 jours. Après la pointe de 2003 à laquelle il a fallu remédier en restreignant fortement l’accueil des étudiants de Maîtrise et DEA, nous retrouvons des chiffres proches de 2002. Le nombre journalier des entrées reste souvent trop important pour les 16 places offertes, aussi sommes-nous contraints de les limiter certaines journées, tributaires que nous sommes du peu de places assises. Une baisse de fréquentation qui était souhaitée a été délibérément provoquée et réalisée cette année.
Taux de fréquentation. Nous signalions dans le rapport de l’année précédente une augmentation de l’ordre de 55 % de la fréquentation depuis le déménagement et la réinstallation sur le site Cardinal-Lemoine de 1998. Le nombre de fréquentation cette année (autour de 2400 entrées) donc en baisse par rapport à l’année dernière est significatif d’un rythme stabilisé et d’une pratique de recherche en égyptologie, coptologie et nubiologie cadrée à ses professionnels. Le niveau de fréquentation doit toutefois être nuancé car le nombre de chercheurs étrangers est en nette hausse cette année. Constatation déjà faite l’année dernière, ce qui confirme si besoin la mission européenne et internationale à moindre échelle de la bibliothèque Champollion. Les taux de fréquentation ne retiennent que les enregistrements de visites des personnes, ils ne tiennent pas compte des échanges par courriers électroniques et par téléphone qui sont nombreux. Des écarts significatifs entre nationalités appellent les commentaires suivants.
Le rapport lecteurs étrangers/lecteurs français a connu une inflexion de la courbe cette année : 75 % de lecteurs français en 2004 (79 % en 2003, 84 % en 2002) pour 25 % de lecteurs venant de l’étranger (21 % en 2003, 16 % en 2002) ce qui accentue le différentiel de presque 10 en deux ans. Nous pouvons en conclure que les chercheurs français utilisent mieux les bibliothèques de leur institution de rattachement, le CWG de l’EPHE, le CRES de la Sorbonne, la bibliothèque des Musées nationaux
74 À la demande de l’administration du Collège de France, ne figurent dans ce rapport que les activités du titulaire de la chaire. Le rapport complet, incluant les travaux de l’équipe et du cabinet d’égyptologie peut être consulté en ligne à l’adresse suivante : www.egyptologues.net.
du Louvre, la bibliothèque Vandier de Lille, Victor Loret de la MOM à Lyon, celle de Montpellier… Les 53 entrées de la colonne Hongrie correspondent à la présence assidue de Monsieur Andràs Gulyàs en nos murs. À noter encore cette année la grande stabilité de fréquentation des chercheurs russes 31 entrées (33 en 2003, 35 en 2002) liée aux missions couplées avec l’EHESS. Mais seulement 88 entrées de lecteurs venant d’Afrique (83 en 2003, contre 197 en 2002). Le nombre de chercheurs égyptiens (19 entrées) peu important cette année est très probablement liée à une plus grande utilisation des bibliothèques du Caire et d’Alexandrie, de celle de l’Ifao naturellement, ainsi qu’à une réorientation des missions vers les autres pays européens.
Il a été fait 49 861 photocopies payantes en interne et 66 par commandes extérieures, soit un total de 49 927 copies ce qui représente 4005,88 euros. La forte augmentation de l’utilisation privée d’appareil photo numérique (non comptabilisée à l’unité) s’est encore accentuée et explique la baisse du nombre de photocopies. Nous encourageons ce procédé, dans le strict cadre du Code de la Propriété intellectuelle, plutôt que la photocopie, car il est d’un maniement commode pour la recherche et préférable pour la conservation des ouvrages.
Reliure et restauration. Deux trains de reliure ont été faits cette année. L’un de périodiques pour des reliures courantes : 19 titres, 69 volumes. L’autre pour de la restauration d’ouvrages : 6 monographies, 7 titres de périodiques, au total 23 volumes. Une des particularités du fonds de la bibliothèque est d’être riche d’ouvrages anciens toujours très utilisés. Or, un nombre important de ces ouvrages de la Réserve précieuse mais aussi des « Nécropoles », des Grands 4° et des collections anglaises a beaucoup souffert, aussi convient-il de les faire restaurer ce qui engage de lourds crédits. Une restauration minimum coûte de l’ordre de 150 euros par ouvrage. La bibliothèque prévoit sur plusieurs années une politique de restauration importante pour assurer une conservation optimale de ses collections (si les crédits suivent).
Personnel. La bibliothèque dispose d’un poste de Bibliothécaire à temps plein et d’un Agent technique (6 heures par semaine), ce qui, de toute évidence, est très peu par rapport aux besoins. De ce fait, elle a dû continuer à faire appel à des emplois précaires (CES et vacations) pour pouvoir fonctionner. Sans ces personnels temporaires, la bibliothèque est condamnée à limiter ses heures d’ouverture. Un recrutement ou une pérennisation de ces emplois est indispensable. La législation des emplois précaires ayant changer en cours d’année, la bibliothèque a perdu un poste de CES ce qui a fortement handicapé son fonctionnement particulièrement celui de la salle.
Durant l’année 2004, l’équipe de la bibliothèque d’égyptologie, conduite par Jacques Berchon (bibliothécaire, Collège de France), assisté principalement par Stéphane Faucon (CEC, Collège de France), a été composée de : Séverine Arsac, Nathalie Besse, Stéphane Faucon, Lætitia Gallet, Abdella Ali Khaldi, Rafaële Meffre, Jacques Berchon (bibliothécaire), Nicolas Grimal (professeur).
Les personnels non fixes se sont succédés les uns aux autres, selon la réglementation, très restrictive, des emplois temporaires du Collège de France.
Jacques Berchon, bibliothécaire, nommé expert au sein des jurys de recrutement des personnels ingénieurs et techniques de recherche et de formation pour la BAP F de l’éducation Nationale, de la Recherche et du CNRS (arrêté du 30.06.2002 publié au BOEN n° 24 du 13 juin 2002), Jacques Berchon, parallèlement à ses activités au sein de la bibliothèque, a poursuivi ses participations à l’évaluation des personnels, notamment d’IGE, à la maison des sciences de l’Homme de Paris et au ministère de l’éducation Nationale, ainsi que de techniciens à Paris IV.
Politique d’acquisition. La politique d’acquisitions de 2004, principalement définie par l’acquisition de tous les ouvrages scientifiques intéressant l’égyptologie, la coptologie et la nubiologie, a été poursuivie sur le modèle des autres années. Ses grandes lignes se définissent ainsi : acquérir les ouvrages scientifiques en égyptologie, coptologie et nubiologie, effectuer le suivi des périodiques et des collections de monographies, poursuivre la collection systématique des catalogues de ventes d’antiquités, collecter les tirés à part d’articles de revues non suivies par la bibliothèques, remplacer les ouvrages disparus, poursuivre l’acquisition sélective d’ouvrages de vulgarisation.
À signaler cinq nouveaux titres de périodiques suivis : AHL : Archaeology and History of Lebanon (Londres) ; EQAE : Einführungen und Quellentexte zur Ägyptologie (Münster) ; Estudios de Egiptologia (Séville) ; OVEEF : Occasional Volume of the Egyptologist’Electronic Forum (Boca Raton, FL) ; SEP : Studi di Egittologia e di Papirologia (Pise, Rome).
Les nombreux chercheurs, particulièrement étrangers, qui fréquentent régulièrement la bibliothèque au gré de leurs missions et de leurs travaux scientifiques, n’ont pas manqué de perpétuer l’ancienne tradition de dons d’ouvrages et de tirés à part qui a fait l’excellence du fonds de la bibliothèque Champollion et contribue toujours à l’entretenir. Experts et antiquaires-experts, français et étrangers, en nous donnant les catalogues de ventes qu’ils supervisent, ont également largement contribué à notre souci d’exhaustivité. Que tous soient chaleureusement remerciés !
Catalogue et informatisation. L’historique de l’informatisation du catalogue EGY est décrit de façon
détaillée dans le rapport d’activité publié dans l’Annuaire du Collège de France 2000-2001, p. 654-655.
L’effort engagé depuis 1996 dans la rétro-conversion en interne du catalogue a été poursuivi, malgré
les lourdes contraintes de formation au catalogage de personnels temporaires et la disparition d’un
poste de CES. Ainsi, la base EGY comptait fin 2004, 17 641 notices dans son catalogue informatique.
Ce sont environ 1 610 titres qui ont été rétro-converties cette année.
L’ensemble de l’institut d’Égyptologie (chaire et bibliothèque) a été connecté au réseau informatique du Collège de France au mois de janvier 2000 avec ouverture de boîtes aux lettres et accès Internet. Le catalogue est consultable en ligne sur le site : http://quinet.college-de-france.fr. Les publications en série sont répertoriés dans le SUDOC (système universitaire de Documentation) à l’adresse http://www.sudoc.abes.fr. La liste de ces publications en série (périodiques, collections et suites) reçues par la bibliothèque ainsi que les listes d’acquisitions depuis 1999 sont également en ligne sur la page de la bibliothèque : http://www.college-de-france.fr/site/ins_bib/p999281027073.htm.
En 1999, certains membres du conseil scientifique avait demandé que l’alimentation du fichier papier soit poursuivie jusqu’à ce que l’informatisation soit plus avancée. Le coût en vacations et en travail avait été souligné en son temps. Cette double démarche de « catalogage », lourde et pénalisante, a été maintenue. La perte non compensée d’un poste de CES en cours d’année nous a obligé à alléger encore notre pratique.
Demandes médiatiques et bibliographiques. Différentes demandes bibliographiques ponctuelles ont eu lieu durant l’année 2004, principalement pour l’édition.Activités de l’équipe
Projets collectifs
Chronique archéologique. La chronique archéologique pour les Orientalia, comme le Bulletin d’information archéologique, ont été poursuivis ; une livraison de la première, deux du second sont parus au cours de l’année.
Site Internet. Le développement et l’entretien du site www.egyptologues.net ont été poursuivis par Olivier Cabon, Thierry Sarfis et Aminata Sackho-Autissier.
Archives scientifiques. Leur exploitation a été poursuivie par Amal Helal-Giret et Olivier Perdu.
Activités des membres de l’équipe
Emad Adly, arabisant, chercheur associé à l’institut français d’Archéologie orientale-
Collège de France
travaux
Travaux collectifs. En collaboration avec Nicolas Grimal, professeur au Collège de France et chercheur associé à l’Ifao, Emad Adly s’occupe de la revue semestrielle, le Bulletin d’information archéologique (dépouillement au jour le jour de la presse archéologique égyptienne, traduction des articles, organisation de l’information et rédaction) : en ligne sur www.egyptologues.net.
En collaboration avec Nicolas Grimal, Emad Adly effectue la collecte des données archéologiques destinées à la rédaction de la chronique annuelle des « Fouilles et travaux » pour la revue Orientalia (contacts avec les fouilleurs, visites des sites et chantiers de fouilles, récolte des rapports, dépouillement des périodiques).
Il participe parallèlement au chantier de l’institut français d’Archéologie orientale à Bahariya où il effectue le recensement et la cartographie des mausolées et lieux de culte, ainsi que l’étude du culte des saints musulmans implantés dans l’oasis. Recherches personnelles. Emad Adly a poursuivi son travail de thèse sur le mausolée et le culte attaché à l’imâm al-Shâfi‘î au Caire, ainsi que sur les religiosités populaires contemporaines.
publications
Emad Adly et Nicolas Grimal, Bulletin d’information archéologique 30 (juillet-décembre 2004), 31 (janvier-juin 2005), réalisés en coopération avec l’Institut français d’Archéologie orientale, accessibles sur www.egyptologues.net ; Emad Adly et Nicolas Grimal, « Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan : 2003-2004 », Orientalia 74 (2005), en coopération avec l’Institut français d’Archéologie orientale, sous presse ;
Emmanuelle Arnaudiès, égyptologue, chercheur associé
travaux
Travaux collectifs. Membre associé du Centre franco-égyptien d’Étude des temples de Karnak depuis 1992, Emmanuelle Arnaudiès-Montélimard a effectué une recherche exhaustive des blocs épars des monuments en calcite et en granit rose de Thoutmosis III sur le site de Karnak. Ainsi, plusieurs centaines de fragments en calcite et en granit rose ont été retrouvés et documentés (fac-similés, relevés d’architecture et d’épigraphie), travail préliminaire à toute étude. Elle a ensuite pu faire l’anastylose et l’étude du reposoir en calcite de Thoutmosis III, jumelé à celui de Thoutmosis IV, qui se trouvait en avant du IVe pylône. Ces deux reposoirs ont été remontés en 1997 par Franck Burgos et François Larché dans le Musée en plein air de Karnak. La restitution du reposoir en calcite de Thoutmosis III et de son périptère en grès situés à l’ouest du Lac sacré est achevée, l’étude iconographique et épigraphique est en cours.
Elle a effectué plusieurs travaux dans le cadre du programme de recherche sur « la zone centrale » du temple d’Amon, entrepris par le CFEETK : fac-similés des « piliers héraldiques » en avant du sanctuaire en granit et restitution des cinquante-six fragments d’une architrave en granit rose qui leur est vraisemblablement liée ; restitution de fragments appartenant à la porte en granit du VIe pylône et à son avant-porte ; étude architecturale et épigraphique de l’avant-porte du VIe pylône ; fac-similé, restitution et étude architecturale et épigraphique du sanctuaire-reposoir de barque en granit de Thoutmosis III. En cours d’étude.
L’étude de la porte en granit du VIIe pylône de Thoutmosis III lui a été confiée en 2002. La restitution de l’édifice (fac-similé rassemblant ceux des parois et des 347 blocs épars effectués par l’équipe du CFEETK en 1999-2000) et l’étude de ce monument sont en cours. Recherches personelles. Étude des reposoirs de barque de Thoutmosis III dans le temple d’Amon de Karnak. Étude architecturale et iconographique, traduction et commentaire des textes de trois reposoirs de Thoutmosis III dont le plus important est le sanctuaire-reposoir central en granit, ayant succédé à la « chapelle Rouge » d’Hatchepsout et ayant été remplacé par le sanctuaire en granit de Philippe Arrhidée.
Recherches sur la nature, la représentation et la fonction de ces trois sanctuaires-reposoirs centraux dans une perspective historique. Intégration de la problématique du cheminement de la statue portative dans le temple d’Amon à la XVIIIe dynastie. Représentation du monde et intégration du sanctuaire-reposoir principal dans le dispositif central des « Annales de Thoutmosis III ». Recherches sur la chronologie des programmes de construction de Thoutmosis III dans le temple d’Amon.
publications
« Un reposoir de barque en calcite édifié par Thoutmosis III dans le temple d’Amon-Rê à Karnak »,
Karnak 11, 2003, p. 159-234 ;
« L’arche en granit de Thoutmosis III et l’avant-porte du VIe pylône dans le temple d’Amon-Rê de
Karnak », Karnak 12, à paraître, 58 pages et 38 planches.
Michel Baud, égyptologue, chercheur associé
travaux
Direction du chantier de la nécropole F d’Abou Rawach.
Travail éditorial, dans le cadre d’une collaboration entre la chaire et les éditions Fayard, sur Le Sahara au Nil. Peintures et gravures d’avant les pharaons de Jean-Loïc Le Quellec, Pauline et Philippe de Flers.
Nathalie Beaux-Grimal, égyptologue, chercheur associé à l’institut français d’Archéo-
logie orientale-Collège de France
travaux
Travaux de terrain. De mars à avril 2005 : relevés paléographiques dans la pyramide d’Ounas à Saqqara. Achèvement de l’étude de l’antichambre et des couloirs.
Publications
« Le message muet de l’image dans l’écriture hiéroglyphique égyptienne » (actes de la Conférence
Internationale sur la calligraphie, l’écriture, et les inscriptions dans le monde à travers les âges, publiés
à la Bibliothèque d’Alexandrie, 2005, sous presse) ;
« Le lion et le bélier — Nebmâatrê roi et dieu à Soleb », Soleb VI, institut français d’Archéologie orien
tale, Le Caire, 2005 (sous presse).
En préparation. Le tombeau de Ti à Saqqara : la paléographie et le commentaire sont en cours de
rédaction ; la Cchapelle d’Hathor d’Hatchepsout à Deir-el-Bahari (en collaboration avec J. Karkowski ;
encrage des planches réalisé par Élizabeth Majerus) : mise au point d’une paléographie et achèvement
des planches du volume I concernant le sanctuaire et le sanctuaire de barque ; la chapelle d’Hathor
de Thoutmosis III à Deir-el-Bahari : la partie architecturale, écrite en collaboration avec R. Boutros,
est achevée. Le commentaire égyptologique en cours d’élaboration ; les ermitages chrétiens dans le
Gebel El-Deir, près du monastère de Sainte-Catherine au Sinai (en collaboration avec R. Boutros) :
travail en cours de rédaction.Enseignement
Coordinateur et enseignant pour la filière francophone d’Égyptologie à la faculté d’Archéologie de l’université du Caire, pour l’année universitaire 2004-2005 (huitième année).
Nicolas Grimal, égyptologue
travaux
Jusqu’en février 2005 : direction scientifique du Centre franco-égyptien d’étude des temples de Karnak, co-direction l’UPR 1002 du centre national de la Recherche scientifique. En collaboration avec Emad Adly, chroniques archéologiques : Bulletin d’information archéo
logique et « Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan », pour la revue Orientalia. Présidence de la chaire d’Égypte du centre universitaire Méditerranéen de Nice. Campagne d’étude à Karnak en décembre 2004–janvier 2005. Expertise auprès de l’Académie des Sciences de Vienne pour le programme SCIEM 2000.
publications
Emad Adly et Nicolas Grimal, Bulletin d’information archéologique 30 (juillet-décembre 2004), 31 (janvier-juin 2005), réalisés en coopération avec l’Institut français d’Archéologie orientale, accessibles sur www.egyptologues.net ; Emad Adly et Nicolas Grimal, « Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan : 2003-2004 », Orientalia 74 (2005), en coopération avec l’Institut français d’Archéologie orientale, sous presse ; Préface de Jean Loïc Le Quellec, Pauline et Philippe de Flers, Du Sahara au Nil. Peintures et gravures d’avant les pharaons, Fayard-Soleb, Paris, 2005, p. 7-12 ; « Civilisation pharaonique : archéologie, philologie, histoire », Annuaire du Collège de France 2003-2004,
p. 785-815 ;
Nicolas Grimal, « Espace divin et espace humain : la théocratie pharaonique », dans A. Berthoz et R.
Recht, Les espaces de l’Homme, éd. O. Jacob, Paris, 2005, p. 253-264 ;
Nicolas Grimal, « Une publication documentaire de la salle hypostyle du temple de Karnak », Compte
rendus de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres 2003, p. 1005-1011.conférences
Synthèse du colloque L’organisation du travail dans l’Antiquité égyptienne et mésopotamienne, Centre universitaire méditerranéen, Nice, 5 octobre 2004 ; « Géographie politique du Proche-Orient au deuxième millénaire avant J.-C. : le point de vue des Égyptiens », Centre français de Culture et de Coopération, Le Caire, 8 décembre 2004 ; « Ougarit et l’Égypte », Auditorium du Louvre, 27 novembre 2004 ; « Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan : tendances actuelles », Sénat, Paris, 12 février 2005 ; « Le discours politique dans l’État pharaonique », université de Paris-X, Maison René Ginouvès, 16 mars 2005.
Amal Helal-Giret, égyptologue, détachée du Conseil suprême des Antiquités
Amal Helal-Giret a travaillé sur la documentation de Tell Basta du début de l’exploitation du site en 1887 jusqu’à nos jours. Cette recherche documentaire s’inscrit dans le projet de publication du site. Un guide de Tell Basta est également en préparation.
Françoise Lacombe-Unal, égyptologue, chercheur associé
recherches
Recherches en cours sur la transmission du savoir et sur les concepts égyptiens exprimant la notion de personne.
cours et conférences
« Provence-égyptologie » au musée de la Vieille Charité : cours de langue égyptienne (2e, 3e et 4e années),
é tude de textes ;
« À la rencontre de Pharaon… », conférence donnée le 23 février 2005 au musée de la Vieille
Charité ;
« Khonsouhotep : grandir dans l’Égypte des pharaons », conférence donnée le 1er mars 2005 au centre
universtaire Méditerraéen.
Frédéric Payraudeau, égyptologue, chercheur associé
travaux
Soutenance de la thèse intitulée L’administration thébaine : la société et le pouvoir, du début de la XXIIe dynastie à la conquête éthiopienne (université Paris-Sorbonne [Paris IV]). Membres du jury : N. Grimal,
D. Valbelle, E. Graefe, M. Chauveau, A. Forgeau, O. Perdu.
Recherches complémentaires de prosopographie, d’histoire politique et institutionnelle en vue de la publication de cette thèse, dont : étude de cercueils et cartonnages des XXIIe-XXVe dynasties au musée égyptien du Caire, Caire TN 21/11/16/3 de Nespaoutytaouy, Caire TN 5/11/16/9 de Irethorrou et Caire TN 4/10/16/1 de Padikhonsou.
É tude de statues des époques kouchites et saïtes au musée du Caire, grâce à une bourse de l’Ifao, dont JE 37849 de Nesshoutefnout, TN 20/2/25/2 de Nesamon, JE 37862 Padiimennebnésouttaouy, JE 37182 de Ankhkhonsou, JE 37851 de Nespaqashouty et JE 37364 de Ioufâa. Préparation de la publication de plusieurs d’entre elles.
Participation à la campagne de fouilles de la mission archéologique française de Saqqâra (MAFS) au complexe pyramidal de Pépy Ier, sous la direction d’Audran Labrousse et de Catherine Berger-el Naggar. Relevé épigraphique de stèles et fragments de blocs trouvés lors de la campagne précédente sur les pyramides des reines Ânkhnespépy II, Ânkhnespépy III et Mérytites II et une pyramide encore non attribuée.
publications
« Nespanétjerendjerâ, trésorier des rois libyens (statue Caire JE 37323) », RdE 55 (2004), p. 81-93 ;
Compte-rendu de H. Jacquet-Gordon, The Graffiti on the Khonsu Temple Roof at Karnak, Chicago,
2003, dans BiOr, à paraître ;
« Ioufaâ, un gouverneur de Thèbes sous la XXIIe dynastie », Bifao 105 (2005), à paraître ;
« La statue Caire CG 717 et la famille de Ânkhpakhéred fils de Pashedmout », RdE 56 (2005), à paraître.Olivier Perdu, égyptologue, ingénieur attaché à la chaire
travaux
Recueil des inscriptions royales de la XXVIe dynastie. Le travail s’est étendu à l’ensemble des témoignages concernant les personnes apparentées aux souverains saïtes, et notamment les enfants royaux. Cette recherche a abouti à la découverte de monuments nouveaux, dont une amulette destinée à la protection du futur Néchao II et de sa sœur Nitocris qui est en cours de publication, son intérêt justifiant une étude à part. Parallèlement, la documentation sur les rois eux-mêmes a été complétée. Une visite en Haute Égypte a notamment permis de photographier diverses inscriptions qui n’étaient connues que par des copies. Contributions à l’histoire de l’Égypte tardive. Le travail amorcé l’an passé sur les prétendus « blocs de Piânkhi » a permis d’en approfondir l’analyse et de produire des preuves conduisant à abandonner l’idée d’un lien avec le voyage de Nitocris à Thèbes en l’an IX de Psammétique Ier. Ces témoignages commémorent bien un événement survenu au début du règne de ce souverain, mais ils se rapportent plutôt, comme on l’a d’abord envisagé, à une mission diplomatique envoyée en Nubie, comme le révèlent certains détails de la représentation et le contenu des inscriptions. Les résultats de cette enquête ont été présentés le 26 novembre 2004 à l’institut de Papyrologie et d’Égyptologie de Lille, à l’occasion d’un colloque intitulé « La XXVIe dynastie : continuités et ruptures ».
À la demande de l’Encyclopaedia universalis France, a été rédigée une contribution sur « la conquête de Piânkhi » destinée à figurer dans le volume de sa collection « Inventaires » consacré à l’Égypte. Conformément aux souhaits de l’éditeur, ce travail a été l’occasion de replacer l’événement dans le contexte de la Troisième Période intermédiaire.
En prévision d’une intervention lors d’une table ronde organisée sur le thème du culte d’Osiris aux époques tardives (université de Lyon 2, 8-9 juillet 2005), un réexamen de la chapelle J de Karnak, contemporaine du règne d’Osorkon II, a été entrepris. Traditionnellement considérée comme un édifice osirien, elle apparaît en fait comme un monument plus complexe qui comprend une partie vouée à Isis où le dieu-enfant occupe une grande place. On y décèle notamment des conceptions sur la royauté directement influencées par l’évolution du pays sous les souverains libyens.
Dans le prolongement des enquêtes menées sur la période libyenne se situe la participation au jury de thèse de Fr. Payraudeau, lequel soumettait, le 15 décembre 2004 à l’université de Paris IV-Sorbonne, une recherche menée sur L’administration thébaine : la société et le pouvoir, du début de la XXIIe dynastie à la conquête éthiopienne. Catalogue des statues tardives du département des Antiquités égyptiennes du Louvre. Le classement des statues privées du Louvre et, plus généralement, de celles consacrées par les particuliers dans les temples a conduit à préciser la typologie de ces monuments et, au-delà, à mettre en évidence une nouvelle catégorie réunissant des monuments où une ou plusieurs personnes sont associées à un bassin circulaire. Un inventaire des témoignages a été effectué qui réunit nombre d’inédits dispersés dans des collections publiques et privées. Non seulement la spécificité de cet ensemble a pu être démontrée et ses caractéristiques définies, mais, grâce à une enquête sur le récipient lui-même, notamment dans les représentations des temples, il a été possible de le mettre en relation avec les rites d’apaisement dont la plupart des déesses font l’objet. Les statues de ce type se révèlent ainsi, comme les sistrophores, propres aux sanctuaires voués à des divinités féminines. Archives du cabinet d’Égyptologie du Collège de France. Le regroupement des archives photographiques achevé, il a été possible de passer à l’identification de nombre de clichés parvenus dans nos collections sans aucune indication sur leur sujet. Ce travail a non seulement permis de progresser dans le classement, mais aussi d’isoler quelques reproductions de monuments aujourd’hui inaccessibles, tels les tombes du Moyen Empire de la nécropole d’Assiout.
Dans le cadre du programme de préservation des documents les plus fragiles, on s’est préoccupé des nombreux estampages appartenant à la documentation jadis réunie par Michel Malinine en vue de la publication des tables d’offrandes de Deir el-Médineh. Leur rangement dans des conditions de conservation satisfaisantes s’est accompagné d’un reclassement de l’ensemble du dossier, les notes manuscrites, dessins et autres calques qui le complétaient ayant été retrouvés dans un désordre peu propice à leur exploitation. Comme l’année passée, on a pu constater que le rangement des archives a encouragé les chercheurs, notamment étrangers, à venir les consulter. Revue d’Égyptologie. En tant que membre du comité de lecture de la Revue d’Égyptologie, Olivier Perdu a participé à l’analyse des contributions proposées pour le volume 56 de ce périodique.enseignement
Dans le cadre du Cours annexe d’archéologie égyptienne à l’École du Louvre, six cours ont été dispensés sur les édifices religieux postérieurs au Nouvel Empire. À l’institut Khéops égyptologie, deux séries de cours ont été proposées, l’une sur les prémices de la domination éthiopienne, l’autre sur la typologie des statues privées de temple.
publications
« La chefferie de Sébennytos de Piânkhi à Psammétique Ier », RdE 55, p. 95-111 ; « Des pendentifs en guise d’ex-voto », Revue d’Égyptologie 54 (2003), p. 155-166 ; Contributions dans Pharaon (catalogue d’exposition : Paris, institut du Monde arabe, 15 octobre 200410 avril 2005) ; « De Stéphinatès à Néchao ou les débuts de la XXVIe dynastie », Compte rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres 2002, fasc. 4, p. 1215-1244 ; « L’avantage d’accomplir des choses utiles d’après la statue de Nakhtefmout (Caire CG 42208) », Mélanges offerts à François Neveu, toujours sous presse ; « La conquête de Piânkhi », dans le volume consacré à l’Égypte dans la collection « Inventaires » de l’Encyclopaedia universalis, sous presse ; « Les blocs de Piânkhi après un siècle de polémiques », à paraître dans les actes du colloque organisé à l’institut de Papyrologie et d’Égyptologie de Lille du 26 au 27 novembre 2004.
communications et conférences
« De la religion égyptienne à la religion de l’Égyptien », Carqueiranne Événements, Carqueiranne, 15 octobre 2004 ; « Pharaon : le conquérant et le guide », association « Les amis de Champollion », Troyes, 2 décembre 2004 ; « Une catégorie particulière de statue privée hathorique », dans Les rendez-vous de la recherche de l’ins-titut Khéops égyptologie, Paris, 12 mai 2005 ; « Quelques aspects de la piété d’après la collection égyptienne du musée d’Archéologie méditerranéenne », association « Provence égyptologie », Marseille, 8 juin 2005 ; « À propos de la chapelle J de Karnak », table ronde internationale sur Le culte d’Osiris au Ier millénaire avant J.-C. Découvertes et travaux récents, université de Lyon 2, Lyon, 8 juillet 2005.
Elsa Rickal, égyptologue, chercheur associé
recherches et projet
Préparation d’un projet de base de données sur les autobiographies et la transmission des textes dans l’Égypte pharaonique : une des caractéristiques des autobiographies égyptiennes qui ont fait l’objet des recherches doctorales d’Elsa Rickal est de présenter des séries de courtes formules visant à dresser le portrait d’un individu ; certaines de ces expressions peuvent certes sembler individualisées, mais la plupart se retrouvent à plusieurs reprises sur des monuments de dates et de lieux très variés, dont certains offrent même des preuves évidentes de copie, voire d’emprunt à d’autres genres littéraires. Il s’agit donc d’établir un corpus le plus exhaustif possible de ces formules à travers le temps et d’intégrer dans une base de données les informations essentielles de chaque document afin de pouvoir ensuite croiser ces données et ainsi non seulement révéler des évolutions lexicographiques et des idéaux sociaux variables selon les époques, mais aussi définir les modalités mêmes de la création et de la transmission littéraire en Égypte.
Enseignement
Ater en Égyptologie à l’université de Lyon 2-Louis Lumière : enseignement de l’Égyptien classique 2e année, séminaires de langue et littérature de 3e et 4e années, cours et TD d’archéologie égyptienne de licence 2e et 3e années ; Enseignement de l’Égyptien classique 2e année à la formation Continue de l’université de Lyon 2Louis Lumière ; Enseignement de l’Égyptien classique 2e et 3e années à l’institut Khéops égyptologie.
Aminata Sackho-Autissier, égyptologue, chercheur associé
travaux
Travaux effectués dans le cadre de la chaire. Mise en forme des bibliographies du cours et du séminaire, et du rapport d’activités 2003-2004, disponibles sous le format « Acrobat » sur le site Internet de la chaire www.egyptologues.net. Travaux et recherches personnelles. Elles sont essentiellement consacrées aux assimilations culturelles dans la vallée du Nil moyen aux époques napatéenne et méroïtique (Ier millénaire avant J.-C.-IVe/Ve siècle de notre ère). Une intervention sur le portrait royal nubien aux époques napatéenne et méroïtique a été faite dans le séminaire de master 1 d’histoire de l’art, sous la direction du professeur Pascale Ballet, UFR de Sciences humaines et d’arts, université de Poitiers, 7 avril 2005.
Participation à la Xe conférence internationale des Études méroïtiques, Paris, du 1er au 4 septembre 2004. Collaboration à la création de deux nouvelles polices (GlyphExtLibAD et GlyphExtLibAE) MacScribe pour Macintosh sous la direction d’Éric Aubourg.
publications
publications scientifiques
Avec Jean Leclant, Michael Mallinson, Salah el-Din Mohamed Ahmed, Henryk Paner et Derek Welsby,
La Nubie révélée. Soudan, terre sacrée du Nil, Paris, 2004 ;
« Sur quelques amulettes napatéennes de la nécropole d’el-Kurru » dans Timothy Kendall (éd.), Nubian
Studies 1998. Proceedings of the ninth Conference of the international Nubian Society for Nubian Studies
(Boston, 21-26 august 1998), Boston, p. 389-396.diffusion scientifique
« Compte rendu de l’exposition “Pharaon” » disponible en ligne sur http://www.egypt.edu/formulai-res/telechargements/pharaon/pharaon.htm.
cours et conférences
conférences
Association Patrimoines du globe, « Soudan, 5000 ans d’histoire », Paris, 26 août 2004 ;
Khéops égyptologie, « La Nubie antique et le Soudan central : aperçu historique », Paris, 6 octobre 2004 ;
Voyageurs du monde, « La civilisation méroïtique : le puzzle historique », Lyon, 21 octobre 2004 ;
Forum universitaire, dans le cadre du cycle Femmes et pouvoir, « Ahmès Néfertari » et « Les Divines
adoratrices d’Amon », Boulogne-Billancourt, 9 et 16 novembre 2004 ;
Siège social de Total, dans le cadre de l’exposition Pharaon à l’institut du Monde arabe, « Pharaon :
prêtre et souverain » et « Le “trésor” de Tanis », Paris, 29 novembre 2004 et 5 mars 2005 ;
Mairie de Colombes, « La langue et les écritures égyptiennes » et « Aux franges de l’Égypte : Nubie,
oasis occidentales et Sinaï », Colombes 2 et 23 mai 2005 ;
Visites-conférences à l’institut du Monde arabe dans le cadre de l’exposition Pharaon, sous le commissariat scientifique de Christiane Ziegler, conservateur général du département des Antiquités
égyptiennes du musée du Louvre, Paris, du 14 octobre 2004 au 12 juin 2005.cours
« La Nubie antique et le Soudan central : aperçu historique », association Papyrus, Lille, du 2 au 16 octobre 2004. Ce cours fut suivi par une visite-conférence de l’exposition Sudan. Ancient Treasures, British Museum, Londres, 5 d écembre 2004.
 
civilisation pharaonique: archeologie, philologie et histoire annee rapport d'activite 2004-2005 cours: les egyptiens et la geographie du monde apres avoir determine l'annee derniere les limites de la notion de terroir egyptien et les voies d'exten-sion naturelles des premiers peuplements vers la vallee du nil, puis, a rebours, hors de celle-ci, on s'est attache cette annee a decrire les racines historiques de l'environnement a travers lequel les egyptiens du second millenaire avant j.-c. percevront par la suite le monde. de la premiere aube de la civilisation, est reste l'idee d'un territoire plus vaste que la vallee proprement dite, et dont les limites etaient les points ultimes jusqu'ou il etait possible d'aller. cette notion doit plus, naturellement, au berceau premier des savanes presahariennes 1 qu'au cours meme du fleuve. encore que l'inaccessibilite des marches septentrionales du delta ait fonde une frontiere naturelle. lacs et lagunes semi-ouverts sur la mer ne dessinaient pas encore les contours actuels de la cote egyptienne. la mer elle-meme ne semblait receler aucune forme de vie humaine identifiable: certainement parce qu'il etait pratiquement impossible d'aborder par ces cotes aux contours aussi imprecis que dangereux, ou, de roselieres en marecages, les eaux changeantes des branches du nil envasaient les estuaires. il faudra attendre le plein de la periode historique pour que certaines branches du nil puissent servir de voies de penetration, - et encore, essentiellement dans la partie orientale du delta, une fois la branche pelusiaque stabilisee. sans parler, naturellement, de l'ouverture sur la mediterranee meridionale au ive siecle avant j.-c. avec la creation d'alexandrie. les paysages actuels de regions comme le lac menzaleh donnent une idee - meme edulcoree - de cette "fin du monde", ou eau, ciel et terre se confondent en un compose indistinct, dont la cosmographie egyptienne a fait le modele des limites de l'univers. c'est cette proximite du noun primordial qui fait des marecages du nord le refuge du jeune horus: il y grandit sous la protection d'hathor, qui le nourrit et prend soin de lui, comme elle veillera plus tard aux interets egyptiens sur les autres marches du monde: le desert arabique et le sinai, dont les richesses minieres attirent tres tot les habitants de la vallee; plus loin aussi, et par attraction, les autres pays miniers, jusqu'aux cotes anatoliennes et aux lointaines iles de l'egee. la limite avec l'occident n'existe pas vraiment jusque relativement tard dans l'histoire de l'egypte, en quelque sorte faute de partenaires, comme nous l'avons vu, au-dela du fonds culturel commun avec les populations oasiennes. il n'en va pas de meme a l'orient, ou les contrees arides mais riches en minerais suscitent aussi l'interet de voisins - qui, eux, sont bien presents dans les premiers temps -, ni non plus pour le sud. l'ambiguite d'un socle culturel commun, ajoutee au discours pharaonique posterieur donnent l'illusion d'un dodekashoene peu different du sud egyptien. mais, une fois la barriere de la deuxieme cataracte franchie, l'archeologie a montre ces dernieres decennies qu'il existait un pouvoir et une culture suffisamment constitues pour generer des relations plus complexes que les temoignages egyptiens ne le laissaient croire. la fin du quatrieme millenaire voit les premieres tentatives d'appropriation, ou de reappropriation, des territoires limitrophes. souvent, il n'est pas facile de savoir laquelle de ces deux demarches a ete mise en oeuvre. les temoignages archeologiques ne permettent pas d'etablir de difference claire entre une culture supposee dominante et sa "victime" locale. ce que l'on a compris ces dernieres annees pour les oasis du desert occidental est peut-etre aussi vrai de la peninsule du sinai et des cotes de la mer rouge. dans ces deux cas, en effet, on en est essentiellement reduit aux sources egyptiennes, c'est-a-dire, au moins pour les debuts de l'epoque thinite, aux inscriptions royales commemoratives, que l'on interprete comme des marques de possession ou des prises de pouvoir, sans pouvoir evaluer la presence reelle du "vaincu". deja figees dans l'archetype plastique du pharaon massacrant son jean-loic le quellec, pauline de flers et philippe de flers, peintures et gravures d'avant les pharaons. du sahara au nil, etudes d'egyptologie 7, paris, 2005. ennemi, elles n'apportent d'autre element que le nom du "vainqueur". definir une "politique exterieure" a partir de si maigres donnees releve de la gageure. on se bornera a constater que l'essentiel de cette documentation concerne les richesses minieres orientales, les populations que les egyptiens qualifient de "libyens" n'apparaissant qu'une seule fois a la ire dynastie, sous le regne de djer, dont on sait qu'il atteignit egalement le gebel sheikh soliman. cette strategie se poursuit tout au long des trois premieres dynasties egyptiennes - meme si l'on ne possede que peu de renseignements sur la deuxieme -, ponctuee des memes monuments, auxquels s'ajoutent la pierre de palerme et les annales royales du caire. certains regnes sont mieux connus que d'autres, mais on a l'impression qu'il faut attendre les debuts de l'ancien empire pour voir une curiosite du monde exterieur, qui depasse la domination ou l'exploitation des ressources des franges du royaume. les fouilles recentes d'abou ballas 2 ont mis en lumiere cette curiosite des anciens egyptiens pour le monde exterieur, qui se manifeste subitement de maniere tres tangible a la ivedynastie: non pas, pour une fois, a travers leurs recits, mais par l'evidence archeologique. plus de deux cents kilometres au sud de l'oasis de dakhla, par exemple, un vaste depot de jarres fabriquees dans la region d'assouan a ete constitue, dans un site bien date par des inscriptions royales, en particulier de cheops et de redjedef 3. ce depot avait pour but de permettre a des caravanes d'anes, de refaire de l'eau, de facon a atteindre, deux cents kilometres plus loin, le plateau du gilf kebir, puis, de la sans doute koufra. or, la mise en valeur des oasis par les egyptiens ne commence qu'a la vie dynastie - pour autant que presque trente ans de fouilles sur le site de balat et dans toute l'oasis aient permis d'en juger. de plus, les relations avec koufra ne sont guere attestees, des l'ancien empire, par ce chemin-la, mais plus au sud, a partir de kharga, soit par bir sahara ou bir tarfawi, puis bir mesaha vers l'ouest. enfin, vers l'ouest, a part le gilf kebir lui-meme, les egyptiens ne pouvaient guere esperer de debouches commerciaux. les nombreux autres depots de jarres a eau trouves dans toute la zone, ainsi que les graffiti et representations rupestres qui les accompagnent marquent une frequentation importante de cette zone, que la seule quete des pigments naturels ne saurait expliquer 4 . faut-il en deduire que les anciens egyptiens avaient encore le souvenir de cette partie de leurs origines et conservaient donc des contacts que ne justifiait aucune raison purement economique? la mainmise sur les oasis, qui intervient quelques generations plus tard, serait alors a interpreter dans le fil de cette premiere appartenance geographique. contrairement a l'attente des premiers fouilleurs de dakhla, en effet, aucune trace de commerce exterieur avec l'afrique n'est apparue dans les installations egyptiennes comme celle de balat, qui ont livre pourtant une documentation abondante. les seules relations economiques exterieures a l'oasis se developpent avec la vallee du nil, dans un mouvement d'echange qui semble poursuivre le dialogue des premiers temps. le meme schema se dessine d'ailleurs plus au sud: les relations avec l'oasis de kharga - pour laquelle les traces d'implantation egyptienne sont pour l'instant assez tenues pour l'ancien empire - se font avec la vallee: via dakhla et le darb et-tawil en direction de la moyenne egypte, la piste d'edfou pour la haute egypte, ou la piste des quarante jours pour la nubie soudanaise. la circulation se fait, pour ainsi dire, de facon interne entre les zones de peuplements anciens du desert occidental, reduites aux seules oasis, et la vallee, dont les habitants continuent ainsi d'exploiter leur ancien terroir. cette reappropriation du desert occidental et de la basse nubie tend a faire des regions ainsi mises sous controle egyptien les nouvelles marches du royaume. c'est ainsi que ces implantations sont placees sous la tutelle de divinites specifiques, comme 2 rudolph kuper, "the abu ballas trail: pharaonic advances into the libyan desert", dans zahi hawass et lyla pinch brock (ed.), egyptology at the dawn of the twenty-first century. proceedings of the eighth international congress of egyptologists (2000), 2 history, p. 372-376; rudolph kuper, "les marches occidentales de l'egypte: dernieres nouvelles", bsfe 158 (2003), p. 12-34. 3 voir les photographies et la presentation du site dans j.-l. le quellec, p. de flers et p. de flers, op.cit, p. 43. 4 cet interet ne s'etait toujours pas dementi a la viedynastie: rudolph kuper, "the abu ballas trail: pharaonic advances into the libyan desert", dans zahi hawass et lyla pinch brock (ed.), egyptology at the dawn of the twenty-first century. proceedings of the eighth international congress of egyptologists (2000), 2 history, p. 373. igai a dakhla 5 ou seth-panthee a kharga 6, et censees marquer une frontiere: pacifique, comme semble l'indiquer une figurine d'envoutement decouverte sur le site urbain d'ayn asil a dakhla 7, militaire en nubie avec la chaine de forts qui apparaitra au debut du deuxieme millenaire avant j.-c. quoi qu'il en soit des raisons profondes qui la motivent, on constate, a travers cette exploration des pistes occidentales, une curiosite et un souci d'investigation des regions lointaines directement au niveau de l'etat. au-dela des objectifs institutionnels et economiques de ces recherches, on note tout au long de l'ancien empire, dans les monuments officiels comme dans la tradition litteraire, une curiosite affichee des souverains pour l'exotisme de la faune et de la flore des regions eloignees. il semble que l'avenement de la ve dynastie, dans le mouvement d'une theologie solaire plus developpee, voire renouvelee, ait consacre cette nouvelle ouverture au monde. on pense aux reliefs funeraires royaux d'abousir: ceux d'ouserkaf, les scenes des expeditions au levant de sahoure, la "weltkammer" de niouserre, lointain ancetre et peut-etre modele du jardin botanique de thoutmosis iii a karnak ou de l'expedition vers pount de la reine hatshepsout a deir el-bahari, É mais il faut y ajouter les autobiographies de particuliers, qui, comme la tradition romanesque alors naissante, font la part belle a l'exotisme et au picaresque. certains elements laissent entrevoir l'aspect systematique de ces explorations. le fait d'abord que, - sous reserve que les prospections archeologiques modernes aient couvert l'essentiel des zones minieres du desert oriental et permettent donc de proposer une evaluation de celles-ci -, les anciens egyptiens avaient localise des les epoques les plus anciennes les ressources minieres de la chaine arabique. localise et exploite. d'autres indices laissent supposer, au-dela de la systematisation des explorations, une methodologie tres evoluee. on a decouvert, en particulier, dans le desert oriental des gravures rupestres d'un type unique: des circuits d'une certaine ampleur, incises sur la pierre, et qui ne ressemblent a rien de connu, É sauf a la cartographie des principaux ouadis de la zone 8! si ces documents sont ce qu'ils ont l'air d'etre, a savoir des cartes, ils sont a rapprocher des releves topographiques qui nous sont parvenus sur d'autres documents, comme le plan des mines d'or de turin ou celui de la tombe de ramses iv, mais aussi, et surtout, de la cartographie des listes de peuples etrangers, depuis les premieres listes jusqu'a des documents comme la statue de darius decouverte a suze 9 . du cote oriental, le sinai parait etre une terre partagee depuis les premiers temps. partagee ou exploitee alternativement, du moins pour ce qui est des regions minieres 10 . l'archeologie montre que, des le maadien ancien, c'est-a-dire dans la premiere moitie du quatrieme millenaire avant j.-c., les egyptiens avaient pris la mesure des territoires du nord du sinai, pour s'y implanter des nagada iia-b: avant meme la constitution de l'etat pharaonique 11 . ces installations sont durables et massives pendant toute la periode thinite dans tout le sud-ouest de la palestine. les fouilles de gaza ont ainsi montre que le site de tell es-sakan etait, a l'origine - c'est-a-dire dans le dernier quart du quatrieme millenaire avant j.-c. -, egyptien 12 . il en va de meme du niveau iii de en besor, a 25 kilometres au 5 deja present sur l'inscription de redjedef d'abou ballas: voir en dernier lieu j.-l. le quellec, p. de flers et p. de flers,op.cit, p. 40 et 45.6 dont une representation spectaculaire orne la facade du pronaos du temple d'hibis.5 seule mention hostile connue a ce jour: nicolas grimal, "les “noyes” de balat", dans melanges offerts a jean vercoutter,1985, p. 111-121.8 david rohl, the followers of horus. eastern desert survey report, 1, isis, oxon, 2000.9 monique kervran, david stronach, francois vallat et jean yoyotte, "une statue de darius decouverte a suse", journalasiatique (1972), p. 235-266.10 nicolas grimal, "civilisation pharaonique: archeologie, philologie, histoire", annuaire du college de france 2003-2004(2004), p. 801 sq.11 pierre de miroschedji, "les egyptiens au sinai du nord et en palestine au bronze ancien", dans dominique valbelle etcharles bonnet (ed.), le sinai durant l'antiquite et le moyen age. 4000 ans d'histoire pour un desert (1997), p. 20-32.12 pierre de miroschedji, "tell es-sakan, un site du bronze ancien decouvert dans la region de gaza", craibl 2000(2000), p. 125-152; pierre de miroschedji, "la palestine, gaza et l'egypte au bronze ancien", dans j.-b. humbert (dir.),gaza mediterraneenne. histoire et archeologie en palestine, 2000, p.101-104. sud de tell es-sakan, tandis que plus d'une dizaine d'autres sites du sud palestinien temoignent d'une presence egyptienne, moins massive, mais importante. les egyptiens laissent la place aux cananeens, probablement au cours de la periode thinite, sans qu'il soit encore aujourd'hui possible d'en determiner avec precision la date. ce retrait correspond manifestement au developpement de la civilisation urbaine en palestine, qui voit des cites comme tell yarmouth et beth shemesh jouer un role regional de premier plan 13 . encore qu'il soit probablement faux de parler de developpement de la civilisation urbaine, dans la mesure ou d'autres sites, comme hartuv 14 , de nature comparable, ont precede tell yarmouth: il s'agit plus de deplacements de groupes humains vers de nouveaux sites que d'une apparition a proprement parler. quoi qu'il en soit, ces mouvements temoignent d'un changement de societe a la fin du chalcolithique, a peu pres contemporains de ceux de la vallee du nil et d'uruk en mesopotamie: le debut du bronze ancien. ces cites-etats de canaan, en competition les unes avec les autres durant le bronze ancien ii et iii, entretiennent des relations avec l'egypte sur un mode qui change, lui aussi, suivant l'evolu-tion du jeu politique regional. les temoins archeologiques traduisent cette evolution tout au long de l'epoque thinite et de l'ancien empire egyptien, bien souvent d'une maniere plus fiable que la documentation d'egypte proprement dite. celle-ci, comme nous l'avons vu l'annee derniere, restitue la realite a travers un codage, qui - bien qu'il nous soit aujourd'hui relativement perceptible - ne donne qu'un eclairage partiel. si les annales de la pierre de palerme, par exemple, fournissent des elements quantitatifs et une attestation de relations, elle ne permettent guere d'aller au-dela de ce constat. a cote d'objets attestant de la nature des relations commerciales avec les pays etrangers, comme la hache datant du regne de cheops trouvee a nahr ibrahim 15 , on voit apparaitre des documents directement en relation avec la chancellerie royale egyptienne. ce sont les emissions jubilaires commemoratives, essentiellement, a l'ancien empire, sous forme de vases, de disques ou de coupes, graves au nom du pharaon. les vases sont principalement de deux types. le premier, en pierre dure, theriomorphe, represente une guenon serrant contre son ventre son petit ou decorant, seule, l'exterieur d'un calice de calcite 16; le second, plus repandu, est un vase tronconique en calcite, sur lequel est gravee une inscription commemorant le jubilee royal. la nature des relations que traduit l'envoi par la cour d'egypte de ces objets aux dirigeants des cites-etats du levant n'est pas si facile a determiner. le fait que les gouverneurs des provinces de la vallee du nil et des oasis aient beneficie des memes presents laisserait supposer, en effet, que ceux-ci traduisent un lien de vassalite, ou, en tout cas, une quelconque allegeance. d'un autre cote, ces objets feront partie plus tard des envois diplomatiques aux rois et princes du proche-orient, dont on sait par ailleurs qu'ils n'etaient en rien vassaux de l'egypte. il parait donc raisonnable de considerer que ces presents sont a interpreter comme des signes de relations pacifiques, sans qu'il soit possible d'approfondir la nature de celles-ci. on se bornera a constater leur frequence plus ou moins grande selon les cites. l'exemple le plus frappant en est byblos, ou pratiquement tous les rois de l'ancien empire sont representes par de nombreux vases ou fragments de vases, de la iie a la vie dynastie: khasekhemoui, neferirkare-kakai, niouserre, menkaouhor, djedkare-izezi, ounas, teti, pepy ier, merenre, pepy ii 17 , 13 pierre de miroschedji, "yarmuth. the dawn of city-states in southern canaan", near eastern archaeology 62:1 (1999), p. 1-19.14 pierre de miroschedji, amihai mazar et naomi porat, "hartuv, an aspect of the early bronze i culture in southernisrael", basor 302 (1996), p. 27-30.15 aujourd'hui conservee a l'institut biblique pontifical de jerusalem (pm vii 386), cette hache est au nom de l'equipagedu roi.16 cf. m. valloggia, "deux objets theriomorphes decouverts dans le mastaba v de balat", dans le livre du centenaire, mifao 104, le caire, 1980, p. 143-151; id., "une coupe a decor theriomorphe provenant de balat", bifao 93 (1993), p. 391402 et pl. i-iv. 17 pm vii 386; 388; 390-391. etc. cette abondance demontre l'etroitesse des liens qui unissent, des les premiers temps 18 , les princes de byblos a l'egypte, dont on sait qu'ils iront, a partir du deuxieme millenaire avant j.-c., jusqu'a adopter de nombreux traits de la civilisation pharaonique. elle permet aussi d'interpreter un autre type de document royal egyptien, relativement repandu hors d'egypte des l'epoque thinite: les sceaux-cylindres, qui y sont egalement attestes, associes, par exemple a khephren et sahoure 20 . la mobilite de ces petits objets, souvent decouverts hors contexte archeologique, les rend, en effet, prfois suspects aux yeux des historiens. car il est particulierement difficile d'en etablir l'usage reel, et il est evident que, bien souvent, ils ne proviennent pas d'une representation officielle egyptienne en place sur les lieux de leur decouverte. leur presence a byblos, ou ils cotoient des monuments royaux indiscutables 20 , va, naturellement dans le sens d'une representation administrative et/ou politique reelle. si le cas de byblos est indiscutable, la presence d'objets egyptiens, voire d'un contexte egyptien complet n'est pas une preuve absolue de relations diplomatiques ou commerciales etroites. que penser, en effet, de la decouverte a dorak, sur la cote sud de la mer de marmara, de restes d'un trone en bois recouvert de feuilles d'or portant le cartouche de sahoure 21? cet objet provient de la tombe d'un prince de la culture de yortan (2700-2500 avant j.-c.), qui lui est contemporaine. pour indiscutable que soit le contexte archeologique, cette decouverte reste isolee, et ne saurait temoigner de l'importance de relations, que rien ne vient attester par ailleurs. un autre type de temoin archeologique releve d'une problematique comparable a celle des sceaux-cylindres. ce sont les scarabees, egyptiens en general, royaux en particulier, qui, comme tout petit materiel, sont susceptibles de voyager sur de longues distances et de se retrouver hors contexte. dans leur cas, la presence d'un temoin unique n'a guere de valeur, sauf si le contexte stratigraphique est chronologiquement coherent, ou si une accumulation important, liee a une stratigraphie verifiable, assure la datation. la question se pose, au moins pour ce qui est de l'ancien empire, tout particulierement pour chypre et rhodes. de nombreux scarabees, dates de khephren, mykerinus et ounas ont ete trouves sur plusieurs sites chypriotes: hagia irini, dali, enkomi, marion, amathonte, hala sultan, limassol. dans le cas de chypre, meme si le contexte archeologique est souvent imprecis, le nombre des trouvailles rend credibles des relations, dont on sait par ailleurs qu'elles vont se developper des le debut du deuxieme millenaire avant j.-c. en revanche, la tete d'ancien empire trouvee a athenes ou le disque de pierre portant le nom du temple solaire d'ouserkaf decouvert a cythere 22 ne sauraient etre des temoins valables. probablement dans le cas de la premiere, a peu pres certainement pour le second, il s'agit de "curiosites" rapportees d'egypte plus tardivement par des voyageurs. l'ensemble de la documentation dont nous disposons, d'egypte comme de l'exterieur, montre donc, pour l'ancien empire, une expansion logique vers le sud-ouest palestinien, qui flechit dans le dernier quart du troisieme millenaire avant j.-c., en meme temps que s'effondre la premiere civilisation urbaine de palestine. a partir des bases constituees des les premieres dynasties dans la zone de gaza, les egyptiens developpent des relations a plus longue distance, grace a l'acces a la facade maritime qu'ils se menagent ainsi. c'est vraisemblablement l'une des raisons du grand desequilibre documentaire que l'on constate en faveur de byblos, au detriment des terres de l'interieur de la palestine. byblos est clairement l'objet d'une politique d'etat, dont temoigne l'abondante documentation "diplomatique" evoquee plus haut. les egyptiens eux-memes en donnent la raison la plus evidente: la quete de matieres premieres dont ils ne disposent pas chez eux. principalement le bois des pins et des cedres, qui sont aujourd'hui l'embleme du liban. c'est cette exploitation de l'arriere-pays libanais qui est toujours mise en avant et abondamment illustree dans la documentation egyptienne, autant qu'attestee par l'archeologie, comme en temoignent, entre autres, les barques funeraires royales de la ive dynastie. 18 on pense, par exemple, a la palette louvre ao 1591. 19 pm vii 390. 20 par exemple le relief de la vie dynastie, aujourd'hui conserve au louvre (ao 4811), representant un roi embrasse parune deesse.21 j. leclant, or 30, p. 397; 31, p. 337; 32, p. 211.22 pm vii 401 et 403. au-dela de cet apport premier, byblos servait deja, a l'evidence, de relais vers le monde mediterraneen, surtout vers les regions minieres, ou les egyptiens pouvaient se procurer les minerais qui s'epuisaient dans le desert oriental et le sinai. les fouilles menees dans les exploitations minieres de ces regions mettent, en effet, toutes en evidence une exploitation intense des la periode thinite et tout au long de l'ancien empire. pour certains sites meme, comme celui de ayn sokhna, les recherches conduites par pierre tallet avec l'institut francais d'archeologie orientale permettent de suivre la transformation de l'installation miniere originelle en base avancee pour des expeditions plus lointaines 23 . l'implantation des techniques metalliques en egypte remonte, en effet, aux premieres dynasties, mais on voit clairement, a travers la documentation, un developpement important, surtout a partir de la vie dynastie. en temoignent des oeuvres majeures, comme les statues royales de pepy ier et de merenre, ou la tete de faucon d'hierakonpolis, mais aussi l'abondance d'objets en cuivre dans tout le pays. il fallait donc aller plus loin, et byblos ouvrait l'acces vers chypre et l'asie mineure. dans le meme temps, le levant est deja un terrain de rencontre avec les grandes civilisations contemporaines, qui s'ouvrent, elles aussi, au monde. en mesopotamie, le troisieme millenaire voit la premiere periode dynastique, qui, elle-meme, fait suite a la periode de jemdet-nasr qui l'a ouvert. jemdet-nasr etait deja l'heritiere d'uruk, qui a presque entierement couvert la seconde moitie du quatrieme millenaire. autant de grands ensembles, qui commencent a communiquer reellement entre eux dans le troisieme millenaire finissant. les echanges deviendront plus consistants et continus au debut du deuxieme millenaire, en meme temps que se developperont les cites marchandes de la syrie du nord, dont le role d'intermediaires ne se dementira jamais par la suite. une zone reste toutefois en grande partie mysterieuse: la mediterranee orientale. on constate que chypre est deja terra cognita, ce qui se comprend bien, etant donne sa proximite depuis byblos et sa richesse miniere. de meme, grace plus aux travaux de manfred bietak a tell ed-dabb'a qu'a la dispersion des temoins egyptiens qui y ont ete releves, on sent que les contacts avec le monde egeen, surtout la crete existent deja 24 . il est toutefois difficile de cerner avec precision leur nature et ce que les egyptiens en attendaient. on ne peut plus aujourd'hui, en effet, considerer les relations que l'egypte entretenait avec ses voisins et au-dela uniquement en termes de domination et de profit. les documents de la ve dynastie laissent apercevoir une volonte de decouvrir et de decrire le monde. la encore, les fouilles de tell ed-dabb'a, mais aussi le materiel mis au jour dans le levant et en egypte pour le deuxieme millenaire avant j.-c. montrent - en particulier a travers les copies locales d'objets usuels - que ces civilisations pouvaient se prendre reciproquement pour modeles. c'est le cas de l'egypte au levant, mais aussi, par exemple, de la crete en egypte. en d'autres termes, les echanges n'ont pas ete a sens unique, ni au troisieme, ni au deuxieme millenaire, comme un regard souvent trop rapide jete sur les civilisations d'ougarit ou de byblos, pour ne prendre que les plus fameuses, l'ont parfois fait penser. le premier tournant de la politique exterieure de l'egypte avec les "asiatiques" se situe dans les deux derniers siecles du troisieme millenaire, dont on voit bien qu'ils ont ete marques, dans tout le proche et le moyen orient par des changements quasi contemporains les uns des autres, et qui traduisent des bouleversements, climatiques ou humains, qui semblent avoir frappe tres largement toute la region. les sources egyptiennes gardent de nombreux temoignages de ces troubles qui ont marque les deux siecles qui concluent le troisieme millenaire: dans la litterature 25 , l'art 26 , mais aussi l'archeologie 27 . 23 en dernier lieu: or 73 (2004), p. 35 et 123-125.24 meme si la documentation rassemblee depuis les travaux pionniers de jean vercoutter concernent essentiellement ledeuxieme millenaire.25 lamentations d'ipou-our, enseignement pour merikare.26 les "bedouins" d'ounas (louvre e 17381), par exemple.27 la destruction du palais de medounefer et de ses dependances a balat, dans l'oasis de dakhla, entre autres. la fin de l'ancien empire se caracterise ainsi par un repli egyptien vers son territoire originel, qui voit le systeme theocratique vaciller sur les bords du nil en meme temps que s'eteignent les cites-etats de palestine: les echanges sont interrompus et le nord du sinai n'accueille plus que des pasteurs saisonniers. les franges orientales redeviennent ainsi floues, partagees entres des populations revenues au nomadisme et pratiquant l'extraction saisonniere des ressources naturelles, - les aamou des sources egyptiennes, terme que l'on rend habituellement par "bedouins". en egypte, le xxie siecle av. j.-c. est consacre quasiment tout entier a la reconstitution de l'unite nationale sous l'autorite thebaine. cette derniere s'assortit d'une reprise en main de la basse nubie, puis, sous le regne de ouahkare khety iii - soit environ 50 ans jusqu'en 2070 -, de la reconquete du delta oriental sur ces bedouins, accompagnee d'une reprise des colonies dans le sud palestinien, dont temoigne a nouveau l'archeologie. c'est de son regne que date egalement la restauration des relations maritimes avec la syrie, justement a partir des zones reconquises. mais c'est sous le regne de montouhotep ii, le fondateur de la reunification (vers 2040), que la reprise en main du pays va de pair avec une politique exterieure vigoureuse. en fait, la politique exterieure de l'egypte consistera essentiellement, jusqu'au milieu de la xiie dynastie, a reprendre en main la nubie - avec des fortunes diverses, et au prix d'un lourd investissement en implantations humaines et infrastructures. du cote occidental, il semble que les "libyens" aient profite du flottement politique en egypte pour gagner les marches du delta. c'est sesostris ier, dauphin designe par son pere amenemhat, qui entreprend une campagne de pacification vers 1962 avant j.-c. l'episode est particulierement connu, puisque c'est au retour de cette expedition qu'il apprend l'assassinat de son pere 28 . du cote oriental, les sources egyptiennes mentionnent, dans la premiere moitie du regne de montouhotep ii, des victoires remportees sur les "asiatiques", les mentjyou du sinai, les retenou de syrie. son successeur, montouhotep iii, reprend et poursuit la politique de for