CIVILISATION PHARAONIQUE : ARCHÉOLOGIE, PHILOGIE ET HISTOIRE COURS ET SÉMINAIRE Les Égyptiens et le monde : le deuxième millénaire av. J.-C. Le cours de cette année a été dispensé en partie à Paris et en partie en Alexandrie. À Paris, on a conclu sur les notions de terroir, plus particulièrement pour les régions situées à lest de lÉgypte. Replacées dans un contexte historique plus vaste, les installations dans le Sinaï, comme celles situées dans ce qui constitue aujourdhui la bande de Gaza et son hinterland, révèlent une relation mutuelle plus complexe que la simple antériorité de telle ou telle culture. Contemporanéité et alternance des mouvements de populations ont suivi un rythme dont déjà la présentation, il y a deux ans 1, du dossier du « protosinaïtique » avait permis de cerner quelques contours. La perméabilité réciproque de la culture égyptienne et de ses voisines orientales au troisième millénaire av. J.-C. se traduit par une mosaïque de cités-États, dont larchéologie permet de retrouver la trace dans ce qui sera plus tard le Sud palestinien. Il en va de même du côté égyptien, comme le montrent clairement aujourdhui les travaux conduits par Manfred Bietak à Tell ed-Daba et sur les sites voisins, quil est venu présenter cette année au Collège de France 2. Sur ces bases, on a brossé un tableau de la politique étrangère de lÉgypte, de la charnière entre le 3e et le 2e millénaire av. J.-C. au milieu de ce dernier, revoyant ainsi, à travers la documentation archéologique, le rôle des principaux partenaires de lÉgypte replacé chaque fois dans son contexte historique. On sest ainsi attaché, en particulier, à Gaza 3, Sharuhen, Lakhish, Beth Shemesh, Gezer, Tell Yarmouth, Ashdod, Bet Shean, Sichem, la zone de lactuelle Tel Aviv, Fassura, Tell Dan, Megiddo, Tell Mishrifeh, Jericho. Puis, sur la façade maritime, à Nahr Ibrahim, Byblos 4, Sidon, oò les fouilles conduites par Claude Doumet Serhal apportent déjà tant de neuf pour ces périodes, Beyrouth, Nahr el-Kelb. Cette rapide revue a mis en évidence la dualité du dispositif égyptien, centré sur la côte et les voies de communication, alors quil ny a guère de pénétration vers lest - peut-être par manque de partenaires locaux -, certainement parce que les centres attractifs sont au-delà de cette zone, et que les voies daccès les plus praticables restent la façade méditerranéenne. Cette observation vaut pour lensemble de la Méditerranée orientale. Les convergences, voire les inspirations artistiques égyptiennes observées à Bo...azköy, en particulier dans le temple 9 5, - sans parler dinfluences étonnantes comme celle relevée à Dorak sur les bords de la mer de Marmara 6 -, montrent que ces relations pouvaient sétendre fort loin. Dans le domaine proprement méditerranéen, on a repris deux gros dossiers : ceux de Chypre 7 et dOugarit 8. Pour conclure, enfin, on a rapidement passé en revue quelques influences culturelles étrangères en Égypte, en grande partie à partir des études de Stephan Hiller 9. Quatre leçons ont également été données dans le cadre de lUniversité Senghor et en coopération avec le Centre culturel français dAlexandrie, sous lintitulé général « La géopolitique du Proche-Orient _au deuxième millénaire avant J.-C. _daprès les sources égyptiennes ». Elles ont permis desquisser une synthèse de la géopolitique du Levant et du Proche-Orient au deuxième millénaire av. J.-C., comparée à lévolution historique de ces régions jusquà nos jours. Ce dernier volet des cours de ces cinq dernières années, consacrés à la cosmographie égyptienne, constituera le dernier chapitre dun ouvrage, en cours de rédaction, à paraître aux éditions Fayard et Soleb. Les Annales de Thoutmosis III On a poursuivi cette année létude des blocs inédits provenant du démontage de « larche fortuite » de Séthi II 10 dans le temple de Karnak, soit les blocs VII M à R. Fragment VII M Il sagit dun bloc denviron 1,10 m de long, dont la face décorée, en excellent état de conservation, porte le bas de 11 colonnes verticales, qui se trouvaient en position inférieure, à la limite occidentale du panneau 11. INSÉRER FAC-SIMILÉ VII M Transcription (x+1) ... st-wrt È"t m Ónt r p"(y)t Åpr (x+2) ... nµ r r-prf m µw"w wnÄw (x+3) ... m Ónt µw rÅt-µry Ìr Årp mnw (x+4) ... (c)pr §r µnw wr nbw (c)à" §krw (x+5) ... rÅt Ìm nÓr pn àps µwµ rÅkwµ (x+6) ... µmytw bÅnty µr.n µtµ nswt-bµty (c)"-Åpr-k"-R(c) (x+7) ... [Ìm n] nÓr pn àps Ìn(c) twt Ìmµ m nbw Ìmt kmt (x+8) [s"wy ( ?) ... m] µnr w(c) Ìr w"tf nb r mn m bnàw sb" (x+9) m m"(c)t µr.nµ m ȵ nb sÌ-nÓr pn (x+10) ... m Ä(c)m mÌ 130 nty µmsn b"k m nbw (x+11) ... Ìmµ stpw sÓ Äsf Ìr Äw Rmnn. Traduction « (x+1) [Jai fait ( ?)] le Grand Siège plus haut que ce qui avait été fait auparavant (x+2) ... j[approvisionnai] son sanctuaire en bufs à cornes et sans cornes (x+3) ... en plus, (tandis que) lensemble de ce qui sy rapporte y a été consacré (x+4) ... pourvu à partir des tributs : beaucoup dor, beaucoup de parures (x+5) ... que connaît [la Majesté de] ce dieu auguste, (car) moi, je connais (x+6) ... entre les deux môles du pylône qua fait mon père le roi de Haute et Basse Égypte Âakheperkarê (x+7) ... [de] ce dieu auguste ainsi quune statue de Ma Majesté en or, cuivre brun (x+8) [et or-saouy ?] ... en pierre, dun seul tenant, de tous côtés jusquaux décorations de la porte (x+9) ... en vérité, que jai fait dans tout lensemble de ce sanctuaire (x+10) ... en électrum de 130 coudées qui sy trouve, plaqué dor (x+11) ... Ma Majesté les a Elle-même coupés sur la montagne du Liban. » Commentaire (x+1) st-wrt È"t m Ónt r p"(y)t Åpr. Si st wrt désigne le sanctuaire tout court à Basse Époque, comme, par exemple à Edfou, ou simplement le lieu - reposoir ou non - oò repose le dieu, à la XVIIIe dynastie, il est plutôt spécialisé dans la désignation du reposoir de la barque Sacrée, comme le note P. Spencer 12. En particulier, sur la chapelle Rouge, il désigne celle-ci dans sa fonction de reposoir. À Karnak, st-wrt désigne le sanctuaire de la barque, et tout spécialement dans létat construit par Thoutmosis III, comme en témoigne linscription de Philippe Arrhidée dans ce même sanctuaire 13. Thoutmosis III décrit lui-même, dans le Texte de la Jeunesse, le sanctuaire de barque quil a érigé : « (26) ... Or, Ma Majesté a érigé pour lui la magnifique chapelle st-µb Ómn, [son] sanctuaire pareil à lhorizon céleste, en quartzite, à lintérieur plaqué délectrum. (27)... Ma Majesté [réalisa] une première porte Mn-Åpr-R(c) Äsr-f"w Ómn, une seconde porte Mn-Åpr-R m Ìsw År Ómn [une troisième porte Mn-Åpr-R(c)] wr b"w Ómn, plaquées de véritable électrum, par lesquelles pénètre pour lui Maât » 14 . À propos du placage des portes, P. Lacau note : « le texte de Thoutmès III spécifie que les trois portes sont plaquées dor fin (Ä(c)m). cette affirmation est-elle justifiée ? En fait, il ny a que sur la porte la plus importante que lon décèle les traces de linsertion dune feuille dor par placage. Mais il est possible que les deux autres portes aient été garnies dune feuille dor simplement collée, dont il ne reste évidemment rien »15. Ces placages sont abondamment évoqués dans les nouveaux fragments des Annales, quil sagisse des vantaux et de leur décoration ou des portes elles-mêmes 16. Le tour employé ici, È"t m Ónt r p"(y)t Åpr ne soulève pas de difficulté. Un rapprochement avec le texte de lobélisque de Saint-Jean de Latran éclaire le contexte des agrandissements faits par Thoutmosis III dans le temple : le roi, mnwy m pr-Ómn s(c)" mnnwf r µrt.n Ärtyw µmyw-Ì"t m Ónt r p"(y)t Åpr, « aux nombreux monuments dans la maison dAmon, a agrandi Son monument plus que ne lavaient fait les ancêtres auparavant par rapport à ce qui existait déjà 17». Cette dédicace présente le double intérêt de dater de Thoutmosis III, naturellement, et déclairer lemploi de È"t par lusage parallèle de s(c)". Dans le cas de linscription de lobélisque du Latran, le sens ne fait pas de doute : il sagit de travaux qui agrandissent (s(c)") le temple. Le recours à È"t doit donc être pris également au pied de la lettre sur notre bloc et compris au sens de « rendre plus haut » - non pas « surélever », qui aurait pu évoquer la construction du podium sur les ruines du Moyen Empire, que signalent par ailleurs les autres nouveaux fragments des Annales. Il pourrait sagir des modifications de la couverture du sanctuaire de la barque, confirmées par les observations architecturales faites par François Larché à loccasion du remontage de la chapelle Rouge dHatshepsout 18. Cette hypothèse trouve un argument supplémentaire dans le fait que la barque est évoquée plus loin sur le fragment, col. (x+10- x+11). (x+2) ...nµ r r-prf m µw"w wnÄw. Le faucon sur le pavoi ne renvoie très probablement pas à Horus, auquel aucun texte de construction ou de dédicace nattribue de sanctuaire dans lenceinte dAmon-Rê. Evidemment, il serait tentant de chercher Amon, voire le sanctuaire de Rê dans cette colonne, mais rien ne permet de le faire. Car le nom dAmon ne sécrit jamais dans nos textes avec le déterminatif du faucon sur le pavoi, qui, à lépoque, est plutôt réservé à son écriture cursive. Lhypothèse dune graphie fautive dérivée dun original hiératique est, naturellement, toujours possible. Mais elle paraît peu vraisemblable. Il reste la lecture µ, pronom suffixe désignant le roi, graphie qui est attestée ailleurs à Karnak, dans dautres inscriptions de Thoutmosis III, comme, par exemple, le Texte de la Jeunesse 19. Je propose donc de comprendre : nµ r-prf m µw"w wnÄw, « j[approvisionnai] son sanctuaire en bufs à cornes et sans cornes ». (x+3) ... m Ónt µw rÅt-µry Ìr Årp mnw. Description dune partie de la fondation, comme on sy attend ici : elle devait donner le nom du monument, la fin de la colonne indiquant simplement laffectation à son bénéfice de la « liste » associée. (x+4) ...(c)pr §r µnw wr nbw (c)à" §krw. Le deuxième signe de la colonne est, assez clairement, le rouleau de papyrus (Gardiner Y 1), le signe oblong qui est à sa gauche est tronconique. Lemploi de la préposition §r laisse supposer un verbe à la forme participiale ou pseudo-participiale. On pense à (c)pr §r, « équipé, pourvu de », emploi prépositionnel rare de (c)pr, mais attesté à notre époque 20 ; (c)pr est employé une seule fois dans les Annales : dans la grande scène doffrandes 21. Il y est écrit également avec le signe (Gardiner Aa 20). (x+5) ...rÅt Ìm nÓr pn àps µwµ rÅkwµ. Le sens du passage ne pose pas de problème. Nous sommes dans une séquence narrative du texte : la connaissance par le roi dune situation / dune relation divine / dun précédent, qui constitue une articulation classique de la « Königsnovelle ». (x+6) ... µmytw bÅnty µr.n µtµ nswt-bµty (c)"-Åpr-k"-R(c). La préposition µmy-wty/µmytw ne laisse pas de doute : il sagit de ce qui est entre les deux môles du pylône de Thoutmosis Ier. Faut-il y voir une réfection de la porte (reprise du parement intérieur en calcaire) ? ou une construction dans laxe? Linterprétation du texte dépend beaucoup de la longueur perdue des colonnes. Si le contexte est le même que la col. (x+8), on est certainement dans le secteur de la porte. Ce même pylône apparaît sur le fragment VII G 22, peut-être dans un même dispositif. Sur le fragment VII G, en effet, il sagit de quelque chose qui est destiné (r) au pylône. Étant donné la mention du Liban, on sattend à ce quil sagisse déléments en bois destinés au pylône, donc, soit de vantaux de porte, soit de mâts. Mais, dans le fragment qui nous occupe, mention du bois du Liban nest faite quà la col. (x+11), et il sagit de ce qui est « entre » les deux môles, probablement dans la iounyt 23. La dédicace de lobélisque nord dHatshepsout éclaire le contexte. La reine explique quel fut son projet : « Car je savais bien quIpet-sout, cest lhorizon sur terre, le magnifique tertre primordial, loudjat du Maître universel, Son lieu de prédilection, qui accueille Sa perfection et ceux de Sa suite. Le roi en personne 24 dit : "Je madresse aux générations qui viendront dans le futur et sattacheront à comprendre ce monument que jai fait pour mon père, qui discuteront en envisageant lavenir. Eh bien, moi, jétais assis sur mon trône, dans mon palais, et je pensais à mon Créateur" 25. » La suite du texte apporte une indication précieuse, dont notre fragment paraît bien se faire lécho: (15) µbµ Ìr Årp (w)µ r µrt nf tÅn.wy m Ä(c)m bnbntsn "bÅw m Ìrt m µwnyt àpst r µmytw (16) bÅnty wrty nswt k" nÅt nswt bµty (c)"-Åpr-k"-R(c) m"(c)-Årw, « Je pris la décision de faire pour lui une paire dobélisques délectrum, dont les pyramidions se fondraient dans la couverture de la magnifique cour entre les deux grands môles du roi Taureau puissant, le roi de Haute et Basse-Égypte, le défunt Âakheperkârê (Thoutmosis Ier ) 26. » Les fouilles récentes, conduites par Rosemary Le Bohec dans les fondations de lobélisque nord dHatshepsout 27 confirment le fait que Thoutmosis III a terminé son uvre dans cette zone: les dépôts de fondations joints, aux noms des deux souverains, quelle a mis au jour indiquent clairement que les travaux de Thoutmosis III sur les coffrages des deux obélisques, ainsi que la séparation des espaces adjacents par des portes, ont été réalisés dans la continuité du projet de la reine, qui commença en lan 16 de celle-ci 28. Ces bÅnty sont-ils les mêmes que les bÅnty wrty mentionnés sur le fragment VII R 29, et doit-on les rapprocher de ceux que mentionne Ineny ? Celui-ci évoque, en effet, ainsi son uvre aux côtés de Thoutmosis Ier : « Jai donc supervisé les grands monuments quil a fait [....] (8) deux grands môles à côté delle 30, en belle pierre blanche de calcaire, ainsi que lérection de magnifiques mâts, à lentrée du temple 31, en pin neuf, du meilleur des Échelles, et dont les pointes étaient recouvertes délectrum. Jai supervisé [...] (9) plaqué délectrum. Jai supervisé la construction de la porte Ómn-sÅm-f"w, dont le grand vantail en cuivre dAsie porte limage du dieu ciselée en or. Jai supervisé lérection de deux obélisques [...] 32.» 33 Le pylône mentionné est, à nen pas douter, le IVe, selon notre nomenclature. On remarquera que ce pylône est dit être « en belle pierre blanche de calcaire » (m µnr ÌÄ nfr (c)n), alors quil est, comme les autres, en grès. Le contexte toutefois ne permet pas de douter quil sagisse bien du IVe. On écartera les Ve et VIe pylônes, dont les parements de calcaire ont disparu, pour retenir le IVe, dans la mesure oò les fouilles récentes qui y ont été conduites ont confirmé lexistence dun parement en calcaire, encore partiellement conservé sur deux assises à louest 34, sans compter, naturellement la présence du cartouche de Thoutmosis Ier dans les niches du même IVe pylône, associé à la restauration (ou à lachèvement du projet?) menée à bien par Hatshepsout 35. La porte mentionnée par Ineny nest pas connue autrement. Ce nest pas ici le lieu dentrer dans le détail des hypothèses qui ont été proposées à partir de ce texte, mais il paraît raisonnable de supposer, sous bénéfice dun inventaire plus approfondi, quil sagit là de la porte mise en place par Thoutmosis Ier, à laquelle le parement que nous venons dévoquer devait être associé. Le contexte des mâts et des obélisques concorde avec celui de notre fragment. Pour rester encore sur le terme bÅnty, et par anticipation du commentaire du fragment VII R, col. (x+2), il convient de mentionner encore deux témoignages, datant, eux, de Thoutmosis III. Le premier est le Texte de la Jeunesse 36 : [...] Ìmµ bÅnt àpst nt §nw pr m Åft-Ìr (29) [...] nbw ( ?) s(c)Ì(c).nµ nf (c)" (c)" ms m (c)à m"(c) b"k m nbw dnbw m Ìmt km m"(c) [...] m Ìsmn rn wr Ìrf m Ä(c)m nbw s"wy Ìmt km , « Ma Majesté [fit construire] un magnifique pylône intérieur en face de 37 (29) [...] or 38. Jérigeai pour lui un grand vantail en pin frais, plaqué dor incrusté de véritable cuivre brun [...] en bronze, sur lequel figure le Grand Nom, en électrum, or-saouy et cuivre brun. 39 » Là, nous avons affaire, sans conteste,, au VIe pylône, auquel fait probablement allusion notre fragment VII R, col. (x+2). Dernier témoignage, enfin : lautobiographie de Iamounedjeh, chef de la Garde sous Thoutmosis III. Il expose ainsi son action aux côtés du roi : « Jai supervisé lérection (13) des grands [obél]isques quà fait Sa Majesté [pour] INSÉRER FAC-SILMILÉ VII Transcription (x+1) ... mÌ? ... (x+2) ... mÌ.n nf Ìmµ pr-ÌÄf m ÌÄ nbw Åsbd ... (x+3) ... µtµ Ómn Åft (c)È r Ìwt- (c)"tsn ... (x+4) ... grgw m nn Äd.t.nµ |
civilisation pharaonique: archeologie, philogie et histoire cours et seminaire les egyptiens et le monde: le deuxieme millenaire av. j.-c. le cours de cette annee a ete dispense en partie a paris et en partie en alexandrie. a paris, on a conclu sur les notions de terroir, plus particulierement pour les regions situees a l'est de l'egypte. replacees dans un contexte historique plus vaste, les installations dans le sinai, comme celles situees dans ce qui constitue aujourd'hui la bande de gaza et son hinterland, revelent une relation mutuelle plus complexe que la simple anteriorite de telle ou telle culture. contemporaneite et alternance des mouvements de populations ont suivi un rythme dont deja la presentation, il y a deux ans 1, du dossier du "protosinaitique" avait permis de cerner quelques contours. la permeabilite reciproque de la culture egyptienne et de ses voisines orientales au troisieme millenaire av. j.-c. se traduit par une mosaique de cites-etats, dont l'archeologie permet de retrouver la trace dans ce qui sera plus tard le sud palestinien. il en va de meme du cote egyptien, comme le montrent clairement aujourd'hui les travaux conduits par manfred bietak a tell ed-dab'a et sur les sites voisins, qu'il est venu presenter cette annee au college de france 2. sur ces bases, on a brosse un tableau de la politique etrangere de l'egypte, de la charniere entre le 3e et le 2e millenaire av. j.-c. au milieu de ce dernier, revoyant ainsi, a travers la documentation archeologique, le role des principaux partenaires de l'egypte replace chaque fois dans son contexte historique. on s'est ainsi attache, en particulier, a gaza 3, sharuhen, lakhish, beth shemesh, gezer, tell yarmouth, ashdod, bet shean, sichem, la zone de l'actuelle tel aviv, fassura, tell dan, megiddo, tell mishrifeh, jericho. puis, sur la facade maritime, a nahr ibrahim, byblos 4, sidon, ou les fouilles conduites par claude doumet serhal apportent deja tant de neuf pour ces periodes, beyrouth, nahr el-kelb. cette rapide revue a mis en evidence la dualite du dispositif egyptien, centre sur la cote et les voies de communication, alors qu'il n'y a guere de penetration vers l'est - peut-etre par manque de partenaires locaux -, certainement parce que les centres attractifs sont au-dela de cette zone, et que les voies d'acces les plus praticables restent la facade mediterraneenne. cette observation vaut pour l'ensemble de la mediterranee orientale. les convergences, voire les inspirations artistiques egyptiennes observees a bo...azkoy, en particulier dans le temple 9 5, - sans parler d'influences etonnantes comme celle relevee a dorak sur les bords de la mer de marmara 6 -, montrent que ces relations pouvaient s'etendre fort loin. dans le domaine proprement mediterraneen, on a repris deux gros dossiers: ceux de chypre 7 et d'ougarit 8. pour conclure, enfin, on a rapidement passe en revue quelques influences culturelles etrangeres en egypte, en grande partie a partir des etudes de stephan hiller 9. quatre lecons ont egalement ete donnees dans le cadre de l'universite senghor et en cooperation avec le centre culturel francais d'alexandrie, sous l'intitule general "la geopolitique du proche-orient _au deuxieme millenaire avant j.-c. _d'apres les sources egyptiennes". elles ont permis d'esquisser une synthese de la geopolitique du levant et du proche-orient au deuxieme millenaire av. j.-c., comparee a l'evolution historique de ces regions jusqu'a nos jours. ce dernier volet des cours de ces cinq dernieres annees, consacres a la cosmographie egyptienne, constituera le dernier chapitre d'un ouvrage, en cours de redaction, a paraitre aux editions fayard et soleb. les annales de thoutmosis iii on a poursuivi cette annee l'etude des blocs inedits provenant du demontage de "l'arche fortuite" de sethi ii 10 dans le temple de karnak, soit les blocs vii m a r. fragment vii m il s'agit d'un bloc d'environ 1,10 m de long, dont la face decoree, en excellent etat de conservation, porte le bas de 11 colonnes verticales, qui se trouvaient en position inferieure, a la limite occidentale du panneau 11. inserer fac-simile vii m transcription (x+1) ... st-wrt e"t m unt r p"(y)t Åpr (x+2) ... nµ r r-prf m µw"w wnÄw (x+3) ... m unt µw rÅt-µry ir Årp mnw (x+4) ... (c)pr §r µnw wr nbw (c)à" §krw (x+5) ... rÅt im nur pn àps µwµ rÅkwµ (x+6) ... µmytw bÅnty µr.n µtµ nswt-bµty (c)"-Åpr-k"-r(c) (x+7) ... [im n] nur pn àps in(c) twt imµ m nbw imt kmt (x+8) [s"wy (?) ... m] µnr w(c) ir w"tf nb r mn m bnàw sb" (x+9) m m"(c)t µr.nµ m eµ nb si-nur pn (x+10) ... m Ä(c)m mi 130 nty µmsn b"k m nbw (x+11) ... imµ stpw su Äsf ir Äw rmnn. traduction "(x+1) [j'ai fait (?)] le grand siege plus haut que ce qui avait ete fait auparavant (x+2) ... j'[approvisionnai] son sanctuaire en boeufs a cornes et sans cornes (x+3) ... en plus, (tandis que) l'ensemble de ce qui s'y rapporte y a ete consacre (x+4) ... pourvu a partir des tributs: beaucoup d'or, beaucoup de parures (x+5) ... que connait [la majeste de] ce dieu auguste, (car) moi, je connais (x+6) ... entre les deux moles du pylone qu'a fait mon pere le roi de haute et basse egypte aakheperkare (x+7) ... [de] ce dieu auguste ainsi qu'une statue de ma majeste en or, cuivre brun (x+8) [et or-saouy?] ... en pierre, d'un seul tenant, de tous cotes jusqu'aux decorations de la porte (x+9) ... en verite, que j'ai fait dans tout l'ensemble de ce sanctuaire (x+10) ... en electrum de 130 coudees qui s'y trouve, plaque d'or (x+11) ... ma majeste les a elle-meme coupes sur la montagne du liban." commentaire (x+1) st-wrt e"t m unt r p"(y)t Åpr. si st wrt designe le sanctuaire tout court a basse epoque, comme, par exemple a edfou, ou simplement le lieu - reposoir ou non - ou repose le dieu, a la xviiie dynastie, il est plutot specialise dans la designation du reposoir de la barque sacree, comme le note p. spencer 12. en particulier, sur la chapelle rouge, il designe celle-ci dans sa fonction de reposoir. a karnak, st-wrt designe le sanctuaire de la barque, et tout specialement dans l'etat construit par thoutmosis iii, comme en temoigne l'inscription de philippe arrhidee dans ce meme sanctuaire 13. thoutmosis iii decrit lui-meme, dans le texte de la jeunesse, le sanctuaire de barque qu'il a erige: "(26) ... or, ma majeste a erige pour lui la magnifique chapelle st-µb omn, [son] sanctuaire pareil a l'horizon celeste, en quartzite, a l'interieur plaque d'electrum. (27)... ma majeste [realisa] une premiere porte mn-Åpr-r(c) Äsr-f"w omn, une seconde porte mn-Åpr-r' m isw År omn [une troisieme porte mn-Åpr-r(c)] wr b"w omn, plaquees de veritable electrum, par lesquelles penetre pour lui maat" 14 . a propos du placage des portes, p. lacau note: "le texte de thoutmes iii specifie que les trois portes sont plaquees d'or fin (Ä(c)m). cette affirmation est-elle justifiee? en fait, il n'y a que sur la porte la plus importante que l'on decele les traces de l'insertion d'une feuille d'or par placage. mais il est possible que les deux autres portes aient ete garnies d'une feuille d'or simplement collee, dont il ne reste evidemment rien"15. ces placages sont abondamment evoques dans les nouveaux fragments des annales, qu'il s'agisse des vantaux et de leur decoration ou des portes elles-memes 16. le tour employe ici, e"t m unt r p"(y)t Åpr ne souleve pas de difficulte. un rapprochement avec le texte de l'obelisque de saint-jean de latran eclaire le contexte des agrandissements faits par thoutmosis iii dans le temple: le roi, mnwy m pr-omn s(c)" mnnwf r µrt.n Ärtyw µmyw-i"t m unt r p"(y)t Åpr, "aux nombreux monuments dans la maison d'amon, a agrandi son monument plus que ne l'avaient fait les ancetres auparavant par rapport a ce qui existait deja 17". cette dedicace presente le double interet de dater de thoutmosis iii, naturellement, et d'eclairer l'emploi de e"t par l'usage parallele de s(c)". dans le cas de l'inscription de l'obelisque du latran, le sens ne fait pas de doute: il s'agit de travaux qui agrandissent (s(c)") le temple. le recours a e"t doit donc etre pris egalement au pied de la lettre sur notre bloc et compris au sens de "rendre plus haut" - non pas "surelever", qui aurait pu evoquer la construction du podium sur les ruines du moyen empire, que signalent par ailleurs les autres nouveaux fragments des annales. il pourrait s'agir des modifications de la couverture du sanctuaire de la barque, confirmees par les observations architecturales faites par francois larche a l'occasion du remontage de la chapelle rouge d'hatshepsout 18. cette hypothese trouve un argument supplementaire dans le fait que la barque est evoquee plus loin sur le fragment, col. (x+10- x+11). (x+2) ...nµ r r-prf m µw"w wnÄw. le faucon sur le pavoi ne renvoie tres probablement pas a horus, auquel aucun texte de construction ou de dedicace n'attribue de sanctuaire dans l'enceinte d'amon-re. evidemment, il serait tentant de chercher amon, voire le sanctuaire de re dans cette colonne, mais rien ne permet de le faire. car le nom d'amon ne s'ecrit jamais dans nos textes avec le determinatif du faucon sur le pavoi, qui, a l'epoque, est plutot reserve a son ecriture cursive. l'hypothese d'une graphie fautive derivee d'un original hieratique est, naturellement, toujours possible. mais elle parait peu vraisemblable. il reste la lecture µ, pronom suffixe designant le roi, graphie qui est attestee ailleurs a karnak, dans d'autres inscriptions de thoutmosis iii, comme, par exemple, le texte de la jeunesse 19. je propose donc de comprendre: nµ r-prf m µw"w wnÄw, "j'[approvisionnai] son sanctuaire en boeufs a cornes et sans cornes". (x+3) ... m unt µw rÅt-µry ir Årp mnw. description d'une partie de la fondation, comme on s'y attend ici: elle devait donner le nom du monument, la fin de la colonne indiquant simplement l'affectation a son benefice de la "liste" associee. (x+4) ...(c)pr §r µnw wr nbw (c)à" §krw. le deuxieme signe de la colonne est, assez clairement, le rouleau de papyrus (gardiner y 1), le signe oblong qui est a sa gauche est tronconique. l'emploi de la preposition §r laisse supposer un verbe a la forme participiale ou pseudo-participiale. on pense a (c)pr §r, "equipe, pourvu de", emploi prepositionnel rare de (c)pr, mais atteste a notre epoque 20; (c)pr est employe une seule fois dans les annales: dans la grande scene d'offrandes 21. il y est ecrit egalement avec le signe (gardiner aa 20). (x+5) ...rÅt im nur pn àps µwµ rÅkwµ. le sens du passage ne pose pas de probleme. nous sommes dans une sequence narrative du texte: la connaissance par le roi d'une situation / d'une relation divine / d'un precedent, qui constitue une articulation classique de la "konigsnovelle". (x+6) ... µmytw bÅnty µr.n µtµ nswt-bµty (c)"-Åpr-k"-r(c). la preposition µmy-wty/µmytw ne laisse pas de doute: il s'agit de ce qui est entre les deux moles du pylone de thoutmosis ier. faut-il y voir une refection de la porte (reprise du parement interieur en calcaire)? ou une construction dans l'axe? l'interpretation du texte depend beaucoup de la longueur perdue des colonnes. si le contexte est le meme que la col. (x+8), on est certainement dans le secteur de la porte. ce meme pylone apparait sur le fragment vii g 22, peut-etre dans un meme dispositif. sur le fragment vii g, en effet, il s'agit de quelque chose qui est destine (r) au pylone. etant donne la mention du liban, on s'attend a ce qu'il s'agisse d'elements en bois destines au pylone, donc, soit de vantaux de porte, soit de mats. mais, dans le fragment qui nous occupe, mention du bois du liban n'est faite qu'a la col. (x+11), et il s'agit de ce qui est "entre" les deux moles, probablement dans la iounyt 23. la dedicace de l'obelisque nord d'hatshepsout eclaire le contexte. la reine explique quel fut son projet: "car je savais bien qu'ipet-sout, c'est l'horizon sur terre, le magnifique tertre primordial, l'oudjat du maitre universel, son lieu de predilection, qui accueille sa perfection et ceux de sa suite. le roi en personne 24 dit: "je m'adresse aux generations qui viendront dans le futur et s'attacheront a comprendre ce monument que j'ai fait pour mon pere, qui discuteront en envisageant l'avenir. eh bien, moi, j'etais assis sur mon trone, dans mon palais, et je pensais a mon createur" 25." la suite du texte apporte une indication precieuse, dont notre fragment parait bien se faire l'echo: (15) µbµ ir Årp (w)µ r µrt nf tÅn.wy m Ä(c)m bnbntsn "bÅw m irt m µwnyt àpst r µmytw (16) bÅnty wrty nswt k" nÅt nswt bµty (c)"-Åpr-k"-r(c) m"(c)-Årw, "je pris la decision de faire pour lui une paire d'obelisques d'electrum, dont les pyramidions se fondraient dans la couverture de la magnifique cour entre les deux grands moles du roi taureau puissant, le roi de haute et basse-egypte, le defunt aakheperkare (thoutmosis ier ) 26." les fouilles recentes, conduites par rosemary le bohec dans les fondations de l'obelisque nord d'hatshepsout 27 confirment le fait que thoutmosis iii a termine son oeuvre dans cette zone: les depots de fondations joints, aux noms des deux souverains, qu'elle a mis au jour indiquent clairement que les travaux de thoutmosis iii sur les coffrages des deux obelisques, ainsi que la separation des espaces adjacents par des portes, ont ete realises dans la continuite du projet de la reine, qui commenca en l'an 16 de celle-ci 28. ces bÅnty sont-ils les memes que les bÅnty wrty mentionnes sur le fragment vii r 29, et doit-on les rapprocher de ceux que mentionne ineny? celui-ci evoque, en effet, ainsi son oeuvre aux cotes de thoutmosis ier: "j'ai donc supervise les grands monuments qu'il a fait [....] (8) deux grands moles a cote d'elle 30, en belle pierre blanche de calcaire, ainsi que l'erection de magnifiques mats, a l'entree du temple 31, en pin neuf, du meilleur des echelles, et dont les pointes etaient recouvertes d'electrum. j'ai supervise [...] (9) plaque d'electrum. j'ai supervise la construction de la porte omn-sÅm-f"w, dont le grand vantail en cuivre d'asie porte l'image du dieu ciselee en or. j'ai supervise l'erection de deux obelisques [...] 32." 33 le pylone mentionne est, a n'en pas douter, le ive, selon notre nomenclature. on remarquera que ce pylone est dit etre "en belle pierre blanche de calcaire" (m µnr iÄ nfr (c)n), alors qu'il est, comme les autres, en gres. le contexte toutefois ne permet pas de douter qu'il s'agisse bien du ive. on ecartera les ve et vie pylones, dont les parements de calcaire ont disparu, pour retenir le ive, dans la mesure ou les fouilles recentes qui y ont ete conduites ont confirme l'existence d'un parement en calcaire, encore partiellement conserve sur deux assises a l'ouest 34, sans compter, naturellement la presence du cartouche de thoutmosis ier dans les niches du meme ive pylone, associe a la restauration (ou a l'achevement du projet?) menee a bien par hatshepsout 35. la porte mentionnee par ineny n'est pas connue autrement. ce n'est pas ici le lieu d'entrer dans le detail des hypotheses qui ont ete proposees a partir de ce texte, mais il parait raisonnable de supposer, sous benefice d'un inventaire plus approfondi, qu'il s'agit la de la porte mise en place par thoutmosis ier, a laquelle le parement que nous venons d'evoquer devait etre associe. le contexte des mats et des obelisques concorde avec celui de notre fragment. pour rester encore sur le terme bÅnty, et par anticipation du commentaire du fragment vii r, col. (x+2), il convient de mentionner encore deux temoignages, datant, eux, de thoutmosis iii. le premier est le texte de la jeunesse 36: [...] imµ bÅnt àpst nt §nw pr m Åft-ir (29) [...] nbw (?) s(c)i(c).nµ nf (c)" (c)" ms m (c)à m"(c) b"k m nbw dnbw m imt km m"(c) [...] m ismn rn wr irf m Ä(c)m nbw s"wy imt km , "ma majeste [fit construire] un magnifique pylone interieur en face de 37 (29) [...] or 38. j'erigeai pour lui un grand vantail en pin frais, plaque d'or incruste de veritable cuivre brun [...] en bronze, sur lequel figure le grand nom, en electrum, or-saouy et cuivre brun. 39" la, nous avons affaire, sans conteste,, au vie pylone, auquel fait probablement allusion notre fragment vii r, col. (x+2). dernier temoignage, enfin: l'autobiographie de iamounedjeh, chef de la garde sous thoutmosis iii. il expose ainsi son action aux cotes du roi: "j'ai supervise l'erection (13) des grands [obel]isques qu'a fait sa majeste [pour] inserer fac-silmile vii transcription (x+1) ... mi? ... (x+2) ... mi.n nf imµ pr-iÄf m iÄ nbw Åsbd ... (x+3) ... µtµ omn Åft (c)e r iwt- (c)"tsn ... (x+4) ... grgw m nn Äd.t.nµ nb µw wnwtyw ... (x+5) ... m nbw m b"k(w)t nt kày §st nt mi 31 ... (x+6) ... tÅn.wy wr.wy m m"ut rwÄt nt "bw r-rwty iwt-nur (x+7) dmÄ µnr ... (x+8) tÅn.wy wr[.wy] ... (x+9) µtµ [omn] ... traduction (x+1) "... coudee(s)? ... (x+2) ... ma majeste a rempli pour lui son tresor d'argent, or, lapis-lazuli... (x+3) ... mon pere amon, apres etre entre dans leur temple (?)... (x+4) ... [il n'y a aucun] mensonge en tout ce que j'ai dit. les pretres horaires... (x+5) ... en or provenant du tribut du vil koush, de 31 coudees... (x+6) ... deux grands obelisques en granit dur d'elephantine pour les deux grandes portes du temple ... (x+7) total: ... pierres... (x+8) les deux grands obelisques... (x+9) mon pere [amon]..." commentaire (x+2) ... mi.n nf imµ pr-iÄf m iÄ nbw Åsbd ... il n'est pas possible de determiner, en l'absence de contexte, la portee reelle de ce membre de phrase. s'agit-il de l'evocation de l'ensemble du processus resume par les annales, qui recapitulent justement la constitution du tresor du temple? on remarquera l'ecriture fautive de mi.n nf: l'abstrait est place apres le n. le sens ne fait pas de doute. a comparer avec le signe de la main inverse a la col. (x+4). (x+3) ... µtµ omn Åft (c)e r iwt- (c)"tsn ... on remarquera que seul le nom d'amon est martele, pas le determinatif . (x+4) ... grgw m nn Äd.t.nµ nb µw wnwtyw ... grg renvoie a la formule classique de protestation de veracite: on peut donc restituer nn ou nn wn dans la lacune. wntyw peut designer des pretres horaires 61; cette lecture parait plus probable que le rare dw"tyw 62. (x+5) ... m nbw m b"k(w)t nt kày §st nt mi 31 ... etant donne la taille - environ 16 m -, il ne s'agit probablement pas d'un objet en or, mais plus probablement d'un element plaque or. un mat conviendrait assez bien. on remarquera que, a nouveau, le texte evoque la provenance des materiaux, les rattachant aux listes de tributs provenant des campagnes des annales. apres le chiffre 31 apparait ce qui peut etre le haut d'une chapelle surmontee d'une gorge egyptienne. (x+6) ... tÅn.wy wr.wy m m"ut rwÄt nt "bw r-rwty iwt-nur ... il s'agit clairement des deux obelisques que thoutmosis iii fit eriger en avant du temple: voir col. (x+8). (x+7) ... dmÄ µnr ... peut-etre les trois dernieres colonnes de cette partie de la paroi portaient-elles un recapitulatif des constructions - en pierre tout au moins. (x+8) ... tÅn.wy wr[.wy] ... il est tentant de voir dans ces deux obelisques, ainsi presentes dans ce recapitulatif, ceux qui sont evoques a la col. (x+6), plus haut. mais il peut aussi bien s'agir de l'axe sud: cette section des annales ne se cantonne, en effet, pas a ipet-sout. fragment vii o les restes de seulement deux colonnes sont preserves sur ce fragment, etroit donc, mais d'une hauteur sensiblement egale a celle des autres blocs. inserer fac-simile vii o transcription (x+1) ... µtµ omn µwµ µr.nµ sy im nur pn àpsy ... (x+2) .. µ µmf su gm.n imµ m Äbt w"µ r w"s ... traduction (x+1) "... mon pere amon. je l'ai fait pour la majeste de ce dieu auguste... (x+2) ... j' (ai?) ... en lui, (que) ma majeste degage de la brique tombee en ruine..." commentaire (x+1) la restitution de [µt] va de soi, du fait du pronom suffixe renvoyant au roi et du martelage du nom d'amon qui suit. la suite du texte ne permet guere d'interpretation, du fait meme de sa generalite: µwµ µr.nµ sy im nur pn àpsy, "j'ai fait cela pour la majeste de ce dieu auguste". le t est indiscutable, place juste avant le determinatif de l'abstrait. cette "faute" est-elle a verser au meme dossier que les deux erreurs relevees sur le fragment vii - interversion de l'abstrait et du n, col. (x+2), la main inversee, col. (x+4) -? ce serait une indication de ce que les deux fragments appartiennent a un meme passage, en tout cas a une section travaillee au meme moment, et probablement par la meme equipe. (x+2) le dernier signe qui clot la lacune peut aussi bien etre un determinatif divin qu'un pronom suffixe designant le roi. ce qui laisse supposer quelque chose comme "la statue/la chapelle/ etc.. du dieu/amon en lui/ s'y trouvant" ou "que j'ai fait" - µmf. su, qui suit, peut etre interprete de deux manieres differentes: soit, ce qui parait peu probable, comme un pronom dependant renvoyant a l'antecedent qui est µmf, soit, plus vraisemblablement, comme la particule proclitique µsu 63. et ce d'autant plus volontiers que la phrase su gm.n imµ m Äbt w"µ r w"s est une nouvelle mention de ces constructions, deja rencontrees dans nos fragments, et qui nous renvoient au texte de la jeunesse: µsu gm.n imµ nw m Äbt w"sy wrt m µrt.n µmyw-i"t, "or, ma majeste avait trouve ces constructions, qui etaient en brique, tres ruinees, ces constructions qu'avaient faites |