Le projet Orientalia version 1.0

Cette première version du projet Orientalia propose une indexation géographique de l’ensemble de la collection. Il s’agit d’un projet évolutif qui sera amendé et augmenté au cours des prochaines années.

 

1. La transcription des sites égyptiens

2. La transcription des sites soudanais

3. La toponymie

4. La géolocalisation

 

1. La transcription des sites égyptiens

Dès la publication de la Description de l’Égypte, le problème de la transcription des sites archéologiques s’est posé aux auteurs. Ils ont apporté des solutions et précisé les règles « de l’orthographe adoptée pour les mots arabes » dans les premières pages de la Description. Depuis trois siècles, ces règles changent régulièrement et l’orthographe des toponymes égyptiens est toujours aussi fluctuante. L’apparition de l’unicode pour la gestion des polices de caractères donne des facilités aux auteurs dans la translittération, mais n’apporte aucune solution aux problèmes de transcription des noms égyptiens.

Pourquoi la transcription des noms des sites archéologiques est-elle si difficile ?

Premièrement, les auteurs hésitent souvent entre translittération et transcription. La translittération est l’œuvre du linguiste qui essaie de convertir un mot étranger à l’aide d’un système alphabétique créé pour la circonstance. Deuxièmement, les auteurs hésitent entre l’emploi de la langue arabe écrite et celui de la langue dialectale. Et c’est finalement ce mélange des genres qui rend si difficile l’orthographe française des mots arabes égyptiens.

La transcription, c’est la rencontre du malentendu et du malentendant. Alors évidemment, on se trompe souvent et l’erreur est faite en toute bonne foi. Pour s’en convaincre, prenons les toponymes de « London », de « 北京 » et de « القاهرة » que la langue française a très librement francisé en « Londres », « Pékin » et « Le Caire ».

La transcription française pour s’approprier des vocables étrangers opère toute une série d’opérations phonétiques jusqu’au jour où le dictionnaire accepte et fixe une orthographe. Nous en sommes à ce stade pour toutes les capitales des pays étrangers, mais le problème reste entier pour l’orthographe des villes de province et des villages pittoresques du monde entier.

La romanisation des consonnes et des voyelles de l’arabe dialectal égyptien est un processus dont les règles sont difficiles à établir. Il faut arriver à faire passer l’alphabet arabe dans une moulinette qui ne prend en compte que 26 lettres. La normalisation des toponymes égyptiens entraîne inévitablement des fautes de transcription que le linguiste condamne mais que l’usage accepte.

Dans le cadre de ce projet, nous avons choisi de faire apparaître l’ensemble des orthographes, même étrangères, connues pour un même site. Nous avons retenu une graphie, qui la plupart du temps est l’aboutissement d’un compromis ou d’une récurrence, mais rien ne dit que l’usage s’arrêtera à notre choix. Nous pensons juste que la compilation aidera plus que la linguistique pour que ces mots trouvent leur place dans le dictionnaire français.

Bibliographie sommaire

Survey of Egypt, Index to Place Names appearing on the 1: 500,000 Scale Map of Egypt, Ministry of Finance, Egypt, Le Caire, 1945.

Stan Hendrickx, Analytical Bibliography of the Prehistory and the Early Dynastic Period of Egypt and Northern Sudan, Egyptian Prehistory Monographs 1, 1995.

Alain Arnaudiès, « Transcription ou translittération ? Propositions d’écriture des noms arabes égyptiens en archéologie », Le muséon 178, 2005, p. 241-268.

Lien     http://guideducatalogueur.bnf.fr

 

2. La transcription des sites soudanais

L’arabe est la langue officielle du Soudan, mais les influences des différents dialectes régionaux apparaissent très clairement dans la toponymie du pays. Nous avons recensé l’ensemble des sites présentés dans les Orientalia en notant que la transcription anglaise est la plus souvent utilisée. Nous remarquons que, dans de nombreux cas, la transcription française recopie une transcription anglaise.

Si nous prenons le cas de شراب القاش le plus souvent transcrit « Shurab el-Gash » que l’on retrouve également en français sous la même forme ou légèrement francisé en « Shourab el-Gash », alors que « Chourab el-Qach » devrait être normalement la transcription la plus aboutie. Il en est de même pour شندي qui apparaît le plus souvent sous la forme « Shendi » au lieu de « Chendi ». En revanche, le site de أبو حمد, transcrit en anglais « Abu Hamed », est nécessairement transformé en « Abou Hamed ». La transcription anglaise semble néanmoins s’imposer. Par exemple, دنقلا العجوز « Old Dongola » ne fait l’objet d’aucune transcription française. Devons-nous suivre cette tendance ? Dans le doute, nous noterons les deux transcriptions quand il nous sera possible de les proposer.

Bibliographie sommaire

Intelligence Department A.-E. Sudan Government, « Glossary of Arabic Geographical Terms: Used in Maps and Route Reports in the A. E. Sudan », Journal of the Royal African Society, 11/ 42, 1912, p. 201-205.

Reginald Engelbach, Index of Egyptian and Sudanese Sites from which the Cairo Museum contains Antiquities, Service des Antiquités de l’Égypte, Le Caire, 1931.

James Dickins, Sudanese Arabic. Phonematics and Syllable Structure, Harrassowitz, Wiesbaden, 2007.

Liens     http://www.sfdas.com     http://www.sag-online.de

 

3. La toponymie

Les noms de certains sites archéologiques font apparaître des éléments qui reviennent fréquemment dans la toponymie des pays arabes. Nous avons choisi d’en dresser l’inventaire que nous présentons dans ces lignes. La graphie des toponymes égyptiens et soudanais reste à établir, nous souhaitons ainsi, à partir de ces éléments, proposer une aide à la normalisation de ces termes.

a. Filiation

Abou ابو — ce terme qui se traduit par « père » est présent dans de nombreux toponymes.

Awlad أولاد — ce terme qui se traduit par « enfants » est souvent suivi d’un nom propre.

Beni بني — ce terme qui se traduit par « fils » est le plus souvent suivi du nom d’une tribu. On le retrouve ainsi transcrit pour la ville de « Beni-Souef » dans le dictionnaire français.

Bent / Banat بنت / بنات — traduit par « fille », ce mot est le plus souvent trouvé sous la forme du pluriel « banat ».

Omm أمّ — Le mot « mère » est repris dans de nombreux toponymes.

b. Statut social

Abd عبد — on retrouve ce mot signifiant « serviteur » de quelques toponymes ou dans la construction de certains noms propres.

Cheikh شيخ — le dictionnaire français accepte trois orthographes de ce mot : « cheik », « cheikh » ou « scheikh ». Il désigne la tombe d’un « saint » et, par extension, la zone qui l’entoure, une nécropole.

Sidi سيدي — titre utilisé pour témoigner du respect envers un homme dont la sagesse a été reconnue.

c. Points d’eau

Ayn / Ouyoun عين / عيون — le dictionnaire français accepte l’orthographe Aïn, une « source ». On le trouve également au pluriel « ouyoun ».

Bahr بحر — on trouve ce toponyme signifiant « rivière » dans les localités situés près d’un cours d’eau.

Bir بئر — on traduit ce mot par « puits ». On retrouve ce toponyme dans les régions désertiques.

Birka / Birket بركة — on traduit ce mot par « lac, étang ». On l’entend sous la forme « birket ».

d. Constructions

Deir دير — ce mot qui désigne « un monastère » est accepté sous cette forme dans de nombreuses transcriptions recensées dans le dictionnaire français.

Qasr قصر — de nombreux toponymes commencent par ce mot qui peut être traduit par « château », « castel » ou « palais ».

Saft صفط — ce mot serait à l’origine une construction défensive : un « fort » ou un « fortin ».

Zawiya / Zawiyet زاويه — ce terme désigne un lieu de prière. Il est le plus souvent entendu sous la forme « Zawiyet ».

e. Particularités géographiques et topographiques

Gebel جبل — le dictionnaire français recense le mot « djebel », mot d’origine algérienne dont la lettre ج a été transcrite par « dj », transcription qui n’a pas été retenue pour le dialecte égyptien. Il est traduit par « montagne »

Khor خور — ce mot désigne le lit des cours d’eau asséché. Il est particulièrement employé dans la région nubienne et au Soudan.

Kom كوم — ce mot peut se traduire par « mont, monticule » et désigne un amoncellement formé par les vestiges d’un habitat plus ancien.

Mersa مرسى — le dictionnaire français accepte « Mers el-Kébir ». Nous avons retenu la forme « Mersa » signifiant « port ».

Ouadi وادي — ce mot connaît déjà la transcription « oued » et reconnaît également celle de « ouadi » qui sert à nommer le lit des cours d’eau dans les régions désertiques.

Ras رأس — ce mot est utilisé pour nommer des points particuliers du littoral de la mer Rouge ou de la Méditerranée comme un « cap » ou une « pointe ».

Tell تلّ — ce mot est utilisé dans tout le Proche-Orient et désigne une « hauteur », une « colline » formée par l’accumulation des dépôts d’habitats plus anciens.

f. Habitats

Kafr / Koufour كفر / كفور — ce terme désigne un « hameau ». Il existe également au pluriel sous la forme « koufour ».

Medina / Medinet مدينة — on retrouve ce mot dans plusieurs transcriptions d’origine maghrébine (« Mmdina ») pour nommer la partie la plus ancienne d’une ville protégée par un rempart.

Nag’ نجع — ce mot est surtout rencontré en Haute-Égypte et désigne un « hameau », une « bourgade ». Il est souvent transcrit par « Naga » ou « Nag ».

Nazla / Nazlet نزلة — ce terme désigne à l’origine un campement de nomades. Il est le plus souvent associé à un nom qui entraîne sa forme « Nazlet ».

Bibliographie sommaire

F. Amici, Dictionnaire des villes, villages, hameaux de l’Égypte, Imprimerie nationale, Le Caire, 1881.

Amédée Boinet, Dictionnaire géographique de l’Égypte, Imprimerie Nationale, Le Caire, 1899, p. XIX-XX.

Nigel Groom, A Dictionary of Arabic Topography and Placenames. A Transliterated Arabic-English Dictionary with an Arabic Glossary of Topographical Words and Placenames, Librairie du Liban, Longman, Beyrouth, Londres, 1983.

Jean-Luc Arnaud, Cartographie de l’Égypte, CEDEJ, Le Caire, 1989.

Fawaz Baker, « Questions de toponymie », Des espaces qualifiés 1, Égypte — Monde arabe 5, 1991, p. 41–50.

Sophia Björnesjö, « Quelques réflexions sur l’apport de l’arabe dans la toponymie égyptienne », AnIsl 30, 1996, p. 21-40.

Lien     http://cartomed.mmsh.univ-aix.fr

 

4. La géolocalisation

Peu de ressources permettent actuellement la localisation des sites archéologiques égyptiens et soudanais. Nous avons collecté de nombreuses coordonnées géographiques (latitude et longitude) à travers le Web, mais très peu sont suffisamment précises pour localiser les sites avec exactitude. Le géoréférencement n’est encore qu’approximatif mais sera régulièrement corrigé en fonction des données qui nous seront communiquées.

Bibliographie sommaire

Friedrich W. Hinkel, The Archaeological Map of the Sudan. A Guide to its Use and Explanation of its Principles. With the Co-operation of Anthony J. Mills. Forewords by Joachim Herrmann and Nigm ed Din Mohammed Sherif and with a Contribution by William Y. Adams, Akademie Verlag, Berlin, 1977.

Georges Daressy, Atlas archéologique de l’Égypte, sous la direction de Nicolas Grimal avec la collaboration d’Amal Helal, Olivier Perdu et Olivier Cabon, Collège de France, Garnier Multimédia, Paris, 2002.

The Historical Sites of Egypt. A Comprehensive Atlas-ebook by the Egyptian Antiquities Information System of the Supreme Council of Antiquities. Volume 1, Ash-Sharqiyyah Governorate, Cahiers of Historical Sites edited by Naguib Amin, Supreme Council of Antiquities, Le Caire, 2005.

Liens     http://www.trismegistos.org     http://www.cultnat.org

Alain Arnaudiès